Finalement, on se connaît sans bien se connaître. Tu es à peine plus jeune que moi, bayonnais, affable, engagé et tu t’intéresses au sort de tes contemporains. Bon, tu es au PS –élu qui plus est– et je suis abertzale. Ca n’empêche pas que l’on se rencontre de temps en temps. Si nous avons des valeurs en commun, il y a nombre de thématiques qui alimentent épisodiquement nos échanges. Et pas uniquement les voies nouvelles LGV. «Le pouvoir corrompt. Le pouvoir absolu corrompt absolument», disaient d’une même voix Lord Acton et Montesquieu. Ils auraient pu rajouter: il désagrège, trompe, affaiblit, blanchit, aplatit, ramollit, détourne…
Regarde la promesse emblématique des présidentielles: l’imposition à 75% des revenus annuels dépassant le million d’euros. Dans son application la mesure ne prendra pas en compte les revenus du capital! Et le cumul des mandats? Ben, on va le limiter mais pas l’interdire, les parlementaires vont être contents. Ils pourront quand même avoir une autre fonction locale et se faire réélire ad vitae aeternam. Et le vote des étrangers dans les élections? Peut-être, mais sous conditions et juste pour les municipales, faut pas exagérer. Et la proportionnelle? On va pas commencer par mettre en place un système électoral qui reflète peu ou prou la diversité du vote de la population! Et l’euthana-sie? Choisir d’en finir quand on est au bout. Que va dire le Pape? Et les licenciements boursiers? Il leur faut leur augmentation annuelle à deux chiffres aux actionnaires! Et le mariage et l’homopa-rentalité pour tous? Alors là, on sait pas. Qu’est ce qu’ils vont nous concocter ces socialistes pour ne pas aller au bout de la mesure?
Les copines d’abord
Et cette fameuse délibération osée du Conseil des élus sur «l’autorisation demandée au Sénat de pouvoir réfléchir à la mise en place d’une collectivité territoriale à statut particulier» pour le Pays basque? Et le pataquès qui s’en est suivi au sein du PS local? De l’extérieur, on devine trois camps bien distincts. Les «croisés», minoritaires, menés par les angloys Jean et Guy. Là, c’est simple, la patrie est en danger. Les Basques, ça n’existe pas. Ni peuple, ni nation, ni langue, ni territoire. Que dalle. Phase terminale de l’ethnocentrisme franchouillard, y a plus rien à faire. De l’autre côté, les «hitza hitz» dont les fers de lance sont Sylvianne, Frédérique et même François qui s’est enfin décidé. On a envie de leur payer à boire. Et de les congratuler. Au milieu, il y avait «le ventre mou», une sorte d’heptaèdre dont se sont extraites naturellement Marie-Christine, Colette et même Christophe qui s’est enfin décidé. Et parmi les derniers quatre élus conservateurs du PS restants au bord de la route, il y a qui? Toi. Et Henri. Deux des prétendants bayonnais au trône atteints par l’espi-londonite-mondorgiforme aigue? Si c’est le cas, c’est grave mais c’est pas foutu, y a un vaccin.
Fluctuat nec mergitur
A AB, nous avons initié et formalisé, il y a plus de deux ans, des rencontres avec les instances socialistes du département, après 30 ans de quasi incommunicabilité entre PS et abertzale. Malgré les incompréhensions, les revirements et les ressentiments, on s’est dit qu’il pourrait y avoir un minimum de confiance. C’est ce qu’il faudrait pour virer la droite d’Urrugne, d’Ustaritz ou de… Bayonne. Et là, c’est pas gagné. Alors, ce samedi à 14h30 à la CCI, il y aura une piqûre de rappel: les «Etats Généraux du Pays Basque» organisés par Batera. Entrée libre et gratuite. Je te garde une place à mes côtés. Larunbat arte.