L’Union Européenne, après des jours de tergiversations, a décidé d’envoyer, lundi 10 décembre, à Oslo Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, qui rassemble les dirigeants des 27 pays mem-bres, José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, l’organe exécutif de l’Union et Martin Schulz, président du Parlement européen.
Une vingtaine de chefs d’Etats et de gouvernement, dont le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil italien Mario Monti, ont également fait le déplacement dans la capitale norvégienne, ainsi que quatre jeu-nes Européens sélectionnés par concours. Le Premier ministre britannique David Cameron s’est en revanche abstenu.
Dans son discours à l’Hôtel de ville d’Oslo, où se déroulait la cérémonie, Herman Van Rompuy a invoqué sa propre histoire familiale pour souligner l’apport de la construction europé-enne.
“En tant qu’enfant né en Belgique juste après la guerre, j’ai entendu des récits directs. En 1940, mon père, alors âgé de 17 ans, a été contraint de creuser sa propre tombe. Il s’en est sorti (…) Mais quel pari audacieux c’était, de la part des pères fondateurs de l’Europe, d’affirmer que nous pouvions briser ce cycle infini de violences, que nous pouvions stopper la logique de la vengeance, que nous pouvions construire un avenir radieux”, a dit le responsable belge de 65 ans.
Attribuant le prix à l’Union européenne, le 12 octobre, le comité Nobel norvégien expliquait que “l’Union et ses pionniers ont contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l’homme en Europe”.
L’Union Européenne a annoncé que la somme de 930.000 euros qui accompagne le prix Nobel serait intégralement utilisée pour financer des projets destinés à lutter contre l’emploi d’enfants comme soldats, à travers le monde.
Le comité Nobel a insisté sur le rôle joué par la construction européenne dans la réconciliation de nations longtemps ennemies, à commencer par l’Allemagne et la France, aujourd’hui moteurs de l’Europe.
Des six pays membres originels de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), premier outil de l’intégration européenne créé au début des années 1950, l’ensemble européen, qui englobe désormais plus de 500 millions d’habitants, est passé à 27 membres aujourd’hui et bientôt 28 avec l’entrée de la Croatie le 1er juillet prochain.
“Le rôle stabilisateur joué par l’Union Européenne a contribué à faire passer la majeure partie de l’Europe d’un continent en guerre à un continent en paix”, soulignent les membres du comité Nobel.
“L’admission de la Croatie l’an prochain, l’ouverture de négociations d’adhésion avec le Monténégro et le statut de candidat accordé à la Serbie renforcent le processus de réconciliation dans les Balkans”, ajoutent-ils.
Le Français Jacques Delors, un de ses prédécesseurs à la présidence de la Commission européenne, a évoqué “un grand encouragement à poursuivre la route”. “J’espère que ce prix Nobel ramènera le bon sens et, chez nos chefs de gouvernement, la vision de l’avenir”, a-t-il ajouté.
Agir ensemble
“Ensemble, nous devons faire en sorte de ne pas perdre ce que nous avons construit sur les ruines des deux guerres mondiales”, a dit Thorbjoern Jagland président du prix Nobel en évoquant “les 80 millions de personnes” victimes de l’extrémisme dans le passé.
Symboliquement, Thorbjoern Jagland a ponctué son discours de quelques mots prononcés en plusieurs langues, illustration de la diversité européenne.