La situation politique du Pays Basque connaît des enjeux des plus importants dans les semaines et les mois qui viennent. En attendant de voir si le gouvernement socialiste va avoir assez d’audace pour accorder la création d’une collectivité spécifique en Iparralde et faire oublier les promesses non tenues de 81, en attendant de voir les résultats d’EH Bildu aux élections de la Communauté autonome basque, c’est autour de la résolution du conflit que de nouveaux enjeux sont en train de se créer.
Un an de la conférence d’Aiete
Il y a un an (17 octobre 2011) le Pays Basque était sous les projecteurs de toute la presse internationale avec l’organisation de la conférence d’Aiete menée par un comité d’experts internationaux, Kofi Annan en tête. Au-delà de cette vitrine médiatique internationale, la grande majorité des partis politiques d’Euskal Herria avaient répondu présents à l’appel (à l’exception de l’UPyD et du PP) ainsi qu’un large éventail de membres de partis politiques hexagonaux, de représentants de la société civile basque et de l’Eglise basque. Cette initiative avait abouti sur une feuille de route composée de cinq points pour la mise en place d’un processus de paix. Trois jours plus tard, ETA avait répondu positivement à cette feuille de route en déclarant un arrêt définitif de la lutte armée. Ce communiqué devenait un événement historique, un point de non-retour attendu par l’immense majorité de la société basque. Le premier des cinq points de la feuille de route était ainsi rempli. Mais, depuis cette date historique, l’engagement des Etats espagnol et français tarde à venir. Pire, l’arrivée de Manuel Valls, «premier flic de France» comme il se définit lui même, au ministère de l’Intérieur n’a fait qu’assurer la continuité de la répression prouvant ainsi que l’alternance à la présidence ne correspondait pas au slogan «Le changement c’est maintenant». Que dire du combat qu’il a fallu mener contre les autorités espagnoles pour que Josu Uribetxeberria puisse sortir pour gérer au mieux sa grave maladie. Au final, un an après la conférence d’Aiete, la feuille de route pour la mise en place d’un processus de paix reste au point mort malgré le premier pas fait par ETA.
La création de Bake Bidea
Comme souvent si les Etats ne portent pas le projet d’un processus de paix c’est la société civile qui le portera. Ainsi, les membres du collectif contre le MAE (Mandat d’Arrêt Européen), regroupant divers secteurs de la vie sociale, politique, syndicale et associative d’Iparralde, ont décidé de travailler dans ce sens en créant le mouvement Bake Bidea avec pour objectif de conscientiser la population d’Iparralde autour du processus de paix et de la feuille de route d’Aiete. Le discours est clair: c’est une paix sans perdant que le mouvement veut développer. Le premier rendez-vous est d’ailleurs pris. Il aura lieu le 15 décembre 2012 sous la forme d’un forum d’une envergure similaire voire supérieure au grand meeting organisé par le collectif contre le MAE autour du cas d’Aurore Martin.
Ce mouvement a aussi pour vocation de mettre les acteurs politiques devant leur responsabilité car que l’on le veuille ou non les gouvernements espagnol et français seront les premiers responsables devant les citoyens si un jour la lutte armée devait reprendre au Pays Basque. Même si la lutte antiterroriste est un bon moyen pour l’Espagne (ETA) et la France (soit disant «terroristes islamistes radicaux») de faire oublier la crise qui est en train de ravager les deux pays, il est de leur devoir de saisir une telle opportunité pour faire la paix. Effectivement, il est assez aberrant de voir qu’ils préfèrent mettre de l’huile sur le feu et continuer à provoquer. Pourquoi vouloir à tout prix casser le cessez-le-feu déclaré par ETA? Cette stratégie politique est incompréhensible tant il est plus heureux de figurer dans l’histoire comme les gouvernements qui ont résolu le dernier conflit armé persistant en Europe plutôt que d’apparaître comme les gouvernements qui ont relancé cette lutte. Aucune politique, aucune situation économique ne justifie cette situation. La conscientisation de la population et son adhésion à ce processus de paix semblent être les seules solutions pouvant palier ce déficit d’investissement et de volonté politique. Cela Bake Bidea l’a bien compris.
Le premier rendez-vous concret pour la construction de la paix en Euskal Herria est la manifestation organisée par Herrira le samedi 10 novembre à 15h30 (départ de la place des basques – Bayonne). Les gouvernements français et espagnol pourraient facilement s’engager dans ce processus de paix en favorisant le rapprochement des prisonniers politiques basques et assurant le respect de leurs droits. Rappelons à juste titre qu’ils ne feraient que respecter la loi. Pour que ce premier pas significatif soit fait, venez nombreux à la manifestation! Zatozte denak manifestaldirat!