Alors que la tempête politico-médiatique causée par le mensonge de Jérôme Cahuzac semble peu à peu s’éloigner, Jean Haritschelhar revient sur la responsabilité des politiques et des citoyens dans le climat délétère actuel, symptôme d’une société française malade de ses insuffisances.
L’affaire Cahuzac a provoqué un véritable tsunami dans la classe politique. Il y avait de quoi. En effet, voilà un ministre du budget, en outre très apprécié y compris par l’opposition, dont un des devoirs de la charge est de traquer tous les Français possesseurs d’un compte à l’étranger dans ce que l’on appelle des paradis fiscaux et qui, lui-même, en possède un, soit en Suisse, soit à Singapour, et qui est pris, si j’ose dire, la main dans le sac. Il nie, il jure les yeux dans les yeux qu’il n’en possède pas et qu’il n’en a pas possédé aussi bien devant le président de la République, le premier ministre, ainsi que devant la représentation nationale. Démissionnaire ou démis de ses fonctions, il avoue devant un juge et présente ses excuses auprès de tous ceux qu’il a trompés.
Haro sur le menteur
Le mensonge est reconnu et, dès lors, commence le “haro sur le menteur” de la part de ses collègues qui se sentent trahis, son parti politique ainsi que nombre de députés et sénateurs qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition. Les mass-media, télévision, radio, presse, auxquels il faut ajouter internet, blogs, tweets etc. établissent la caisse de résonance qui envahit l’espace depuis le 2 avril. C’est la lapidation réelle ainsi que virtuelle et, de plus, vertueuse. J’avoue très franchement que cette caisse de résonance me casse les oreilles et que je crie dans les trois langues que je connais, en français “assez”, en espagnol “basta”, en basque “aski ” et me référant à la parabole de la femme adultère je dis: “que celui qui n’a jamais menti lui jette la première pierre”. Car on peut mentir par pensée, par action et par omission. Les campagnes électorales en fournissent la preuve: promesses non tenues, soit par oubli ou, surtout, oubli voulu. Le silence devrait être de rigueur dans tous les rangs, d’autant que Cahuzac relève désormais de la justice.
Un récent sondage déclare que deux Français sur trois opinent en faveur du “tous pourris”. Bien entendu, il s’agit des autres, de la classe politique. Je reste interloqué par un tel résultat, preuve du manque de confiance qui se manifeste envers ceux qui gouvernent et, plus largement, envers ceux qui légifèrent. Le “tous pourris” relève du vocabulaire de l’extrême droite dénonçant le fameux U.M.P.S., amalgame des deux grands partis qui alternent dans les responsabilités gouvernementales. D’autres invectives proviennent du côté gauche qui dénonce les “salopards” ou évoque la nécessité d’un “coup de balai”. J’ai bien peur que ces 66% de Français qui pensent être des démocrates propres soient en mesure d’accepter l’arrivée au pouvoir d’un dictateur “vertueux” qui les débarrasserait de la pourriture ambiante à coups de balai assurément. En réalité, des “brebis galeuses” existent dans tous les partis et chacun devrait balayer devant sa porte.
La démocratie en spectacle
Conséquence du progrès, la démocratie est devenue médiatique, que ce soit dans des émissions telles que “Mots croisés” ou les séances de questions au gouvernement des mardis et mercredis. L’”homo politicus” se manifeste par le manque de respect envers celui qu’il considère comme son ennemi politique. Il n’écoute pas, il interrompt l’autre constamment; en fait, il veut vaincre. Quant aux séances de l’Assemblée nationale, elles relèvent du “grand-guignol”: invectives, hurlements, l’irrespect le plus complet règne sur toutes les travées. A côté des silencieux, car ils sont en grand nombre, les “maîtres clowns” s’en donnent à cœur joie dans ce triste spectacle de la démocratie qui se diffuse à travers toute la France et même au-delà. Prenez en conscience mesdames et messieurs!