La totalité des Etats sont maintenant débiteurs des banques, car depuis plus de quinze ans, les Etats peuvent emprunter sur les marchés mondiaux pour financer leurs cycles annuels d’exploitation. Cette situation les place en position d’être notés par les banques, tels des clients. Et, pouvant emprunter, sans trop de limite sauf celles fixées maintenant par des règles européennes, pour les pays concernés, un Etat peut se trouver dans une situation de risque vis-à-vis de ses échéances de paiement, s’il n’y a pas de garde fou…
Nous l’avons tous vu avec la crise des surprimes, si les banques font des erreurs lourdes qui entraînent des conséquences sur leurs comptes annuels (par exemple : provisions sur investissements toxiques), elles sont sauvées par les Etats en vertu du principe « too big to fail » ce qui pourrait signifier qu’il serait trop risqué pour le système mondial qu’une grosse banque puisse être en faillite (les interpénétrations par garanties et sur-garanties successives mettant toutes les banques dans le « rouge »). Sur ce chapitre précis, il est utile de rappeler que la dernière intervention du gouvernement français pour sauver une banque s’est opérée sur un mode de prêt, alors qu’il eût été plus économique et plus déterminant politiquement d’intervenir en capital (la valeurs boursière de la banque ne demandant qu’à remonter après intervention de l’Etat, et, la prise de participation pouvant être négociée avec introduction de contraintes plus morales dans l’exercice courant : limitation de sur spéculation, chasse aux paradis fiscaux, etc…)
Des colosses aux pieds d’argile…
Les banques sont maintenant devenues des colosses aux pieds d’argile. Déjà, par le passé, à cause de règles bancaires qui leur imposaient de posséder des biens stables (immobilier par exemple) jusqu’à due proportion des risques qu’elles prenaient, les métiers liés à l’immobilier (construction, location, exploitation) n’avaient plus de secret pour elles…Elles se sont lancées aussi sur les métiers de l’assurance et ses multiples facettes. Et bien d’autres métiers (aménagement, urbanisme, société économie mixte, station de ski, etc…)
L’augmentation de leurs capitaux est devenue importante, mais aussi les montants de leurs bilans équivalant au PIB (produit intérieur brut) de la France, par exemple, et, les totaux des bilans des quatre plus grosses banques françaises dépassant trois ans de PIB.
Too big to be saved (trop grosse pour être sauvée), que se passerait-il donc si l’une venait à tomber ! Dans les vingt banques mondiales les plus en danger, on trouve les quatre grosses banques françaises, (et dans les cinquante les plus saines on trouve des banques comme la Poste ou le Crédit Mutuel)
Quid de l’économie réelle ?
Cette situation anormale de gigantisme se conjugue avec un exercice de pouvoir, autonome, qui échappe aux états ou aux groupes d’états…Les orientations des conseils d’administration de ces « canards sans tête », ne sont pas guidées par des considérations altruistes et échappent de fait à l’amorce de gouvernance mondiale. La majorité de leurs profits dégagés comme d’ailleurs de leurs pertes sont les conséquences d’actions spéculatives de « haut vol » (vol : dans tous les sens du mot) qui ne monopolisent qu’une faible part de leurs capitaux (sauf quand elles doivent provisionner des pertes abyssales)
Dès lors l’économie réelle est en panne d’argent frais. Et malheureusement, ce n’est pas la pléthore de sociétés financières crées ad hoc qui les remplacent avec efficacité, car leurs critères restent très bancaires et non industriels. Par exemple, bien qu’on dénombre 27 organismes de capital risque en Aquitaine, et bien que les « bons » dossiers soient vite pourvus, les dossiers tangents, eux, restent néanmoins toujours orphelins.
La frilosité est donc de mise surtout dans le cadre des entreprises de moins de 1000 personnes : les banques préférant des gros projets uniques du type gros opérateur (Vinci ou Véolia) et gros projets d’infrastructures (avec une garantie publique en or des collectivités, Région ou Etat) qu’une multitude de prêts sur des entreprises variées, petites, aux fortunes diverses et affrontant le lutte pour la vie (sans filet). Le secteur des entreprises petites de moins de 1000 personnes est donc exsangue en France. Ce n’est pas la situation de l’Allemagne. Ce décalage de typologie de taille a, par exemple, et, sur des leviers dont tout citoyen comprend l’importance, pour conséquence une faiblesse export importante et atonie dans la formation professionnelle par apprentissage .
Digressions fiscales et Iparralde
Le gouvernement prendra-t-il la mesure de cette problématique ? Les anciennes lois Monoury, encourageaient l’épargne économique de long terme (ce concept est totalement étranger au capitalisme spéculatif, il est par contre à ranger dans le capitalisme de patrimoine ou de transmission de savoir faire).
Nous sommes loin de ces considérations en Iparralde. Pourtant des réponses collectives, que tout le monde connaît, ont en partie été mises en musique. Les motivations de la jeunesse sont maintenant une clé du problème, les programmes politiques dans le cadre des futures municipales doivent aussi aborder ces thématiques : capital populaire, zones industrielles, initiative, tentative et droit à essayer…
Cette situation anormale de gigantisme des banques se conjugue
avec un exercice de pouvoir, autonome, qui échappe aux états ou aux groupes d’états…µ
Les orientations des conseils d’administration de ces « canards sans tête »,
ne sont pas guidées par des considérations altruistes et échappent de fait à l’amorce de gouvernance mondiale.