Ossau-Iraty : le beurre et l’argent du beurre

Fin des estives, redescente des brebis

Après avoir été élue sur un programme vague, la nouvelle équipe dirigeante Denentzat (FNSEA) de l’AOP Ossau-Iraty tente de modifier le cahier des charges de production. Les changements proposés feraient baisser le niveau d’exigence et rendraient les exploitations encore plus dépendantes des achats d’aliments extérieurs aux prix instables.

Après une grosse réunion mobilisant tous les conducteurs de voiture, le ministère de l’Intérieur vient de décider d’assouplir le code de la route pour s’adapter à l’évolution des pratiques : fin des limitations de vitesse, fin des “Stop” et des priorités, entre autres mesures. En effet, beaucoup ont fait remonter que les voitures d’aujourd’hui sont beaucoup plus puissantes qu’avant, ou bien que le rythme de vie stressant s’est accéléré et qu’on ne peut plus se permettre de perdre du temps sur la route. Une mise à jour était donc nécessaire. Les usages collectifs sur les routes laisseront donc la place à l’individualisme.

L’AOP Ossau-Iraty menacé

Chers lecteurs, vous imaginez bien que le début de cet article est digne d’un poisson d’avril, mais nous nous en servirons pour faire le comparatif avec ce qui se passe au sein de l’AOP Ossau-Iraty. Cela fait 18 mois maintenant que la nouvelle équipe dirigeante est au travail pour tenter de modifier le cahier des charges de production. Denentzat, branche de la FNSEA, avait mené une campagne électorale agressive avec beaucoup de promesses vagues sans rentrer dans les détails, mais se servant des difficultés quotidiennes des éleveurs pour récolter des voix. Ce n’est qu’une fois élus que les meneurs ont enfin dévoilé leur projet en indiquant qu’ils allaient essayer de tout changer : augmentation des achats d’aliments hors zone géographique, des distributions des concentrés, des fourrages fermentés et de la productivité laitière. Cette recette menant à l’intensification des pratiques ne correspond en rien avec l’esprit d’une AOP. Le dossier envoyé dans un premier temps à l’INAO (organisme qui fixe les règles des signes officiel de qualité) local, a fait l’objet d’un premier retour rappelant pour la énième fois que le niveau d’exigence du cahier des charges doit être maintenu : les modifications demandées rendraient nos exploitations encore plus dépendantes des achats d’aliments extérieurs en proie à la volatilité des prix. Le lien au terroir serait affaibli et la qualité des fourrages récoltés sur la ferme diminuerait. Autant de points pour lesquels les consommateurs, réfractaires à une mauvaise évolution des pratiques agricoles, sont vigilants avant d’acheter le fromage de qualité qu’ils exigent !

Fausses promesses

Les représentants Denentzat de l’Ossau-Iraty ont tout de même choisi de renvoyer la même demande à l’INAO nationale qui, elle, statuera sur ce qu’il est possible de faire ou non. Jusqu’à quand nos dirigeants s’entêteront-ils à se cogner contre un mur incassable ? Mais surtout, à quel moment les électeurs de Denentzat se rendront-ils compte qu’on les mène en bateau avec des fausses promesses ? L’Ossau-Iraty est une chance pour notre territoire et assure un prix du lait, certes insuffisant, mais l’un des plus élevés d’Europe ! L’histoire n’a cessé de nous démontrer qu’intensifier les pratiques a toujours mené les agriculteurs à leur perte. La production de lait de vache en est l’exemple même : combien de troupeaux reste-t-il aujourd’hui ? Alors que les éleveurs de vaches n’ont jamais eu de contraintes de production : ni en quantité, ni en distribution d’aliment, ni en fourrages fermentés. Et pourtant, ces paysans ont disparu les uns après les autres.

En octobre prochain, les éleveurs repartiront aux urnes pour élire leurs représentants Ossau-Iraty : il faudra alors mener une vraie réflexion entre continuer en AOP ou devenir une IGP, qui est moins exigeante. Mais il est clair que l’IGP changera le profil des consommateurs et entraînera aussi automatiquement une autre image du produit et, de fil en aiguille, une baisse du prix du lait payé au producteur. Certains veulent le beurre et l’argent du beurre, mais le syndicat ELB restera vigilant pour que l’Ossau-Iraty continue avec des producteurs nombreux dans un territoire vivant et une filière dynamique.

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