Le serpent de mer de la réorganisation territoriale de l’hexagone pointe périodiquement son nez dans le débat politique. Alors, une fois encore, effet d’annonce ou réelle volonté politique ? Ce qui est certain, c’est que, s’il envisage la disparition des départements, Valls le jacobin n’a soufflé mot sur la tout aussi nécessaire suppression des préfectures et des sous-préfectures, “les services décentralisés de l’Etat” qui chapeautent toujours la strate départementale. Particularisme, bien Français, que peu d’européens connaissent.
Voilà pourtant un gisement de considérables économies possibles pour les dépenses publiques. 100 préfectures, 238 sous-préfectures, 14.000 fonctionnaires, budget d’un milliard par an.
Si la disparition des départements, annoncée à l’horizon 2021, se concrétisait, le rôle des intercommunalités ou EPCI –communautés de communes, d’agglomérations ou encore les nouvelles métropoles dont la création est prévue par la loi du 27 janvier dernier- s’en trouverait renforcée. De nouvelles compétences leur reviendraient. Certaines compétences des départements iraient aux régions, d’autres aux intercommunalités.
La simplification administrative de l’Hexagone est, à terme, inéluctable. Les doublons ou les triplons, dus aux clauses de compétence générale dont bénéficient tous les échelons territoriaux, coûtent trop cher. A une époque où l’argent des collectivités se fait plus rare, où les financements publics sont ipso facto moins généreux, des économies sont absolument nécessaires. Si l’on veut bien considérer que l’avenir ne peut guère s’accommoder de dépenses qui n’ont rien à voir avec le développement durable, une politique d’investissements soutenables est nécessaire.
Un exemple de gabegie des deniers publics parmi des centaines: dans un récent rapport, Mathieu Pigasse, le “banquier rouge” , pointe que 6 milliards ont été dépensés en France, pour la seule année 2013, pour construire des… ronds-points. Plus précisément 4 milliards pour les construire, 2 autres pour les décorer. Financés conjointement par les communes, les communautés de communes, les départements et les régions. Compétence générale oblige. La question du bien-fondé de telles dépenses pour le bien-être des citoyens se pose. Celle de leur contribution au développement durable aussi. Il est vrai que la France est la terre de tous les excès. Elle compte à présent autant de ronds-points que les 27 autres pays de l’Union réunis. Ou encore, autant de communes que les mêmes 27. Elle recense aussi autant d’étudiants en sociologie que … le reste du monde.
Dans ce contexte de simplification administrative qui se produira tôt ou tard, et sans doute plus tôt que tard, le mouvement abertzale doit, dès maintenant, affiner sa stratégie pour obtenir la reconnaissance institutionnelle d’Iparralde. C’est plus que jamais le moment de se mobiliser en faveur d’une collectivité territoriale à statut particulier. Le scrutin municipal du 30 mars nous a débarrassés de trois “grands” maires hostiles à la collectivité pour les remplacer par trois qui ont pris position en faveur.
Dans le même temps, il nous faut faire preuve d’initiative. Dans la perspective où leurs compétences seront bientôt renforcées, il faut absolument œuvrer pour qu’Iparralde ne compte plus que quatre intercommunalités: une regroupant la Basse-Navarre et la Soule, les trois autres pour le Labourd. Pour être en capacité d’assumer davantage de compétences, les communautés de communes doivent avoir la surface démographique et financière nécessaire. On peut aussi rêver d’une seule communauté pour les trois provinces.
Et puisqu’on est dans un trip onirique, pour quoi ne pas rêver aussi de fusions communales pour une plus grande efficacité des politiques publiques locales. Dans la continuité urbaine actuelle, qu’est-ce qui différencie Bayonne d’Anglet, ou Anglet de Biarritz? Qui peut dire, en l’absence de panneaux indicateurs, où se trouve la limite communale entre Bayonne et Anglet, ou entre Anglet et Biarritz, ou même entre Bayonne et Boucau ou Saint-Pierre-d’Irube?
Les cinq communes de l’Acba totalisent 130.000 habitants. Pour oeuvrer au bonheur de ces 130.000 citoyens, il y a 175 conseillers municipaux. Pour 187.000 habitants Donostia, compte … 27 conseillers. Les Boucalais, les Bayonnais, les Angloys, les Biarrots et les Bidartar seraient donc 10 fois plus heureux que les Donostiar, s’interrogerait l’amateur de syllogismes.
Bref, ce qu’on veut dire, c’est qu’il n’y pas qu’en rugby que les fusions seraient bénéfiques.
Tout est ouvert !
Mais il faut rester ferme sur les principes suivants:
* une assemblée élue au suffrage direct;
* un exécutif issu de cette assemblée;
* une institution disposant des compétences exprimées notamment par Batera (agriculture, enseignement, langue et culture) auxquelles on doit rajouter l’économie.
Le montage importe peu, tant que ces principes sont respectés…