
L’Edito du mensuel Enbata
L’assemblée générale de refondation de la plateforme citoyenne Batera s’est déroulée le samedi 10 mai dernier. Cela faisait plaisir de se retrouver. L’ensemble des participants sentions bien que nous étions au démarrage de quelque chose d’important. Un nouveau départ pour une nouvelle campagne de sensibilisation, de mobilisation, de bras de fer pour toujours avancer sur ce long chemin d’acquisition d’outils institutionnels pour le Pays Basque.
Certes, de l’eau est passée sous les ponts depuis que les frères Garat ont porté pour la première fois la revendication de la création d’un département Pays Basque il y a un peu plus de deux siècles. Nous avons presque oublié également les promesses non tenues de Mitterrand au début des années 1980 sur le même sujet.
Les détracteurs de toujours considéreront que nous ne sommes pas à quelques décennies près pour une prochaine évolution. Mais la date à laquelle la quasi unanimité du Conseil des élus du Pays Basque avait voté en faveur de la création d’une Collectivité territoriale n’est pas si lointaine : c’était le 24 novembre 2012. Le fruit était alors mûr pour tomber. Les cueilleurs étaient aux aguets. Et une fois tombée, la belle pomme que nous voyions d’en bas, s’est avérée n’être qu’une Patxaka. Petite pomme locale, avec peu de jus et beaucoup de pépins…
Mais, ne soyons pas négatifs. L’heure de faire le bilan de la Communauté d’agglomération Pays Basque viendra. Les manques et les dysfonctionnements seront soulignés : défaut de participation des citoyens, sentiment de déséquilibre côte/intérieur, place des petits villages, etc. Mais aussi les réussites et les aspects positifs : représentativité de toutes les communes, 21 politiques publiques, connaissance mutuelle et travail collectif, etc.
L’expérience de la CAPB servira de base pour réclamer l’outil dont nous avons besoin (l’Agglo n’étant que la structure que le gouvernement avait daigné accorder).
Les réfractaires auront bon dos de vanter la CAPB, alors que ceux-là mêmes étaient opposés à sa création il y a dix ans. Les partisans du statu quo se mettront en action, soucieux de faire perdurer leurs institutions dépassées (département, chambres consulaires départementales, etc). La lettre envoyée à tous les élus par J.J. Lasserre ce printemps est un exemple éloquent en la matière…
Bien entendu, il nous faut nous inspirer d’organisations possibles expérimentées ailleurs (l’exemple de la métropole de Lyon n’est qu’une base pour lancer la réflexion). Mais, nous devons surtout parvenir, collectivement, avec toutes les composantes de ce territoire, à arracher l’institution qui permettra son développement harmonieux. Le Pays Basque possède une identité et des spécificités propres qui justifient l’obtention de leviers d’action adéquats. Les enjeux cruciaux dans de nombreux domaines exigent de changer de braquet : logement, euskara, agriculture, climat, tourisme, social, etc. Quoi de plus logique et sensé que de permettre à la population locale de s’impliquer dans la mise en place de politique locale ?
Nous devons parvenir, collectivement,
avec toutes les composantes de ce territoire,
à arracher l’institution qui permettra
son développement harmonieux.
Le nouveau départ auquel Batera a donné le coup d’envoi n’est certainement qu’un appel à continuer. Nous devons parvenir à recréer le climat positif, favorable à une nouvelle évolution institutionnelle qui existait il y a quelques années. Ce travail particulier d’argumentation sera à reconduire également auprès des Béarnais, pour comprendre l’intérêt mutuel de se prendre en main. Mais aussi auprès des nouveaux habitants qui s’installent en nombre chaque année.
Le chemin à parcourir est certainement long et jonché de nids de poules. Il n’est d’ailleurs même pas très clair. A nous de le trouver. L’intelligence et l’action collective sont capables de grandes choses dans ce pays. Comme dit le proverbe : « Si tu veux aller vite, marche seul, mais si tu veux aller loin, marchons ensemble ». Bide on Batera!