Ah, y’ a des jours où on râle pour un rien ! Où une broutille vous met en rogne. Té, la rouste de l’Aviron rugby pro contre Clermont. 73 à 3 ! Pourtant on devrait être habitués à ces raclées depuis plus de 20 ans, depuis que le rugby est devenu professionnel… Les joueurs de Bayonne font le yoyo entre la première et la 2ème division. Et quand ils sont dans l’élite, leur seul objectif est de se battre pour ne pas redescendre ! Y a mieux comme joie libidinale. Et quand on pense que 27 millions sont actuellement dépensés -dont 13 d’argent public- pour refaire une tribune, déplacer le terrain de quelques mètres et créer un centre de formation. Ça fait mal au… Voyons… au cerveau. Lequel pourrait être utilisé pour réfléchir à une autre politique rugbystique locale. Un seul club professionnel en Pays Basque ? Ho, le gros mot ! Assez déprimant ce combat séculaire, infantile et suicidaire dans lequel chacun des clubs distants de 5 km —biarrot et bayonnais— attend la mort de l’autre. Cela fait toujours penser au fameux dessin des deux ânes attachés l’un à l’autre qui essayent, dos à dos, d’atteindre leur botte de foin respective ! Y’en a pas un pour rattraper l’autre !
Allez, va, riant !
Et la queue de voitures devant un drive de mac do —qui de mérite pas de majuscule— c’est pas aussi affligeant ? Et les caisses automatiques dans les supermarchés ? Eh bien, y a des personnes qui les utilisent ! C’est dingue ! Apparemment, l’idée qu’on soit moins con qu’ailleurs au Pays Basque, n’est qu’une vue de l’esprit. Voyez, ces bouchons de voitures à la queue leu leu qui énervent et polluent d’autant, dans lesquels on se précipite —souvent seul dans sa bagnole et pour peu de kilomètres— c’est pas exaspérant ? Avec 3 % de voitures en plus chaque année sur le BAB et 1,2 personne dans chaque véhicule en moyenne, en se donnant rendez-vous aux mêmes heures le matin et la fin d’aprèm, bé ça bouchonne, té ! Et ce couvre-feu à 18 heures ? Et ces variants multiples ? Et nos manques d’embrassades ? De fiestas ? De restos ? De chants festifs ? De gau pasa ? De spectacles ? De délires ? De projets collectifs ? De respirations ?
La France très rance !
Par contre, il y a un chiffre qui n’étonnera pas l’observateur attentif de la vie sociale et politique, c’est le classement mondial 2020 des Etats sur leur indice démocratique (1) avec comme base 5 grands items : les processus électoraux et pluralisme, le fonctionnement du gouvernement, la participation à la politique, la culture et les libertés civiles. Alors, quels sont les pays qui tutoient l’excellence ? Nous retrouvons sans surprise dans le trio de tête les pays du nord de l’Europe (Norvège, Islande et Suède). Avec eux, la Nouvelle Zélande, Danemark, Canada, Irlande, Finlande, Australie, Suisse obtiennent 9 de moyenne. De même, suivent Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, Royaume-Uni… A la XVe place apparait le premier état sudaméricain : l’Uruguay. L’Espagne arrive péniblement à la 19ème place derrière l’Autriche, la république de Maurice et Malte. Et la France dans tout ça ? On la retrouve bien après le Costa Rica, la Corée du Sud, le Japon, le Chili, les Etats Unis (on peut railler les américains ayant élu Donald Trump !), le Cap Vert ou le Portugal… Au 29e rang, juste derrière le Botswana, avec péniblement 7,8 de moyenne !
Départ bancal
On ne s’étonnera donc pas des faibles mobilisations au niveau hexagonal face aux lois liberticides ou la réforme des retraites par exemple. Pas plus en Pays Basque Nord, où les rassemblements contre la restriction des libertés (Loi sur la sécurité globale notamment) comme l’appel indécent d’une poignée de franchouillards néo fascistes au coeur de notre pays n’ont pas attiré une foule d’opposants. C’est dans ce contexte, que deux élections majeures devraient se dérouler de façon concomitante les 20 et 27 juin prochains. Les régionales où l’enjeu principal sur la Nouvelle Aquitaine sera la potentielle réélection de Rousset pour un cinquième mandat à la tête de l’institution. Et les départementales où, franchement, l’ambiance est à la morosité. D’abord, parce que, pour nous abertzale, l’institution départementale —obsolète— n’est pas notre tasse de Txakoli. A fortiori, depuis la création en 2017 de la Communauté d’Agglo Pays Basque. Ensuite, la situation sanitaire limitera l’expression politique publique de la campagne. De même, pour la plupart des partis, l’enjeu sera moins la reconquête du département par un PS encore très jacobin que de tester leur poids dans des rapports de force internes.
Tout ça c’est très variant(s) !
Le grand vainqueur de ces élections est d’ores et déjà connu : ce sera l’abstention qui dépassait déjà en 2015 les 50% sur le BAB et approchait les 40% sur l’intérieur. On regardera, de même, le score de l’extrême droite autant dans les cantons du Pays Basque intérieur (entre 9 et 14% en 2015) que sur le BAB (de 13 à 18,5%). Avec, qui plus est, le choc de leur accès au deuxième tour sur le canton de Nive Adour par des parfaits inconnus (16,7%). Les abertzale, via EH Bai, espèrent renouveler et même améliorer leur quatre accessions au second tour sur trois cantons de l’intérieur et celui de Saint-Jean-de-Luz. Le canton de Nive Adour pourrait voir un jeune abertzale succéder à Alain Iriart. Reste le BAB, où, comme d’habitude, les abertzale d’EH Bai devraient faire de la figuration. A défaut de pouvoir sortir d’un jacobinisme électoral qui n’adapte pas sa stratégie en fonction des réalités locales et des rapports de forces spécifiques, cette terre de mission de plus de 120.000 personnes, où les Basques sont ultra-minoritaires, pourrait servir au contraire de tremplin d’exploration pour imaginer une intelligence collective entre tendances plutôt proches face à la droite et aux indécrottables PS et PC. Ce serait une belle mutation positive !
(1) Cette enquête annuelle est menée par The Economist au nom d’un consortium de médias. Avec une culture politique très faible de ses citoyens, la France ne récolte que la note de 5, 6/10 , au même niveau que la Biélorussie, le Mali, le Nicaragua et le Qatar. Ce n’est pas pour rien que le RN arrive à 20 % !