Les élections à la Chambre de commerce du Pays Basque se sont déroulées en novembre. Réélu pour un nouveau mandat, je reviens ici sur les enjeux de l’élection présidentielle à venir et le rôle que la nouvelle agglo Pays Basque devra jouer en matière économique.
Cher lecteur, pour ne pas politiser les élections de la CCI, j’avais pris la décision unilatérale de prudence de ne pas rédiger d’article dans Enbata, pendant quelques mois. Vous jugerez, sans doute, que mon courage n’est pas grand. Peu importe.
Nous savons maintenant que la liste opposée avait été largement souhaitée par l’ancien premier élu de Bayonne et par l’adjointe actuelle qui ne portaient pas l’EPCI dans leurs coeurs. Ce n’est peut-être pas, non plus, un hasard si M. Neys avait choisi le secteur “commerce de moins de cinq personnes” pour porter sa liste, sans doute à cause de sa perception de chance de réussir grâce à “l’implication de la mairie de Bayonne dans le commerce bayonnais”.
Je dois à la vérité de dire, néanmoins, que le candidat malheureux et les cinq ou six membres de sa liste ont eu la défaite noble et qu’ils ont eu l’élégance de nous dire quelques mots aimables à la sous-préfecture. Dont acte.
Politique hexagonale
La situation en ce début 2017 n’est pas, et de loin, celle que nous pensions qu’elle serait. C’est donc F. Fillon qui sera le candidat de “la droite et du centre”. J’avais lu, il y a six mois son ouvrage politico-économique Faire que j’avais beaucoup apprécié. Et je suis allé voter aux deux tours. La gauche n’a pas organisé d’élections sur les partis “de gauche et du centre”. Le centre est donc, de façon anormale à mon avis, associé à la droite et on ne peut être “centre-gauche”.
Au-delà des termes, la gauche, en France, n’a pas encore fait sa révolution Copernicienne. J’avais déjà défendu timidement les points positifs de la politique de Hollande (Enbata août 2016), car il y en avait. J’irai donc voter aussi à la primaire de la gauche, mais les candidats actuels ne me motivent pas beaucoup (j’attends néanmoins leur programme).
Pour mars 2017, je cherche le candidat qui s’attaque sérieusement à l’inégalité entre privé et public, qui réduise drastiquement la dette et équilibre le budget (plus de 2.000 milliards d’euros pour un budget annuel de l’Etat cinq fois moindre), qui ait une volonté de simplification administrative et réglementaire, allègement du nombre de représentants députés, sénateurs, ministres, élus, qui ait une stratégie très volontariste européenne (plus d’intégration : téléphonie —pourquoi subit-on des coupures de réseau quand on va à Irun, alors que l’Europe existe depuis plus de 30 ans?—, politique étrangère, armée, police, justice financière, équivalence diplôme, manuel d’histoire avec partie commune, mise en cohérence des taxes et impôts) qui tienne compte de la réalité du territoire (renforcement EPCI et disparition programmée du département, recherche de la paix, intégration langue basque)… J’attends Macron sur son programme mais il est vrai qu’Iparralde sera loin des préoccupations des candidats. Mais le vrai défi est celui de l’élection des députés.
Politique territoriale
L’enjeu est de taille. Pour notre territoire, il est indéniable qu’il faudra choisir les représentants qui ont montré dans le passé leur attachement aux valeurs d’Iparralde. Il y en a à droite et à gauche. Mais ceux qui auront l’investiture du parti du futur président ne sont pas encore connus et malheureusement, nous savons pertinemment que certains candidats ont eu des positions très négatives sur les axes de progrès : paix post-ETA, EPCI etc. Ces derniers auront-ils l’investiture ? Peut-on peser à notre niveau pour influencer ces choix ? Si une petite marge de manoeuvre existe, saisissons-la.
L’année 2017 sera celle de l’installation, des aigreurs, des réorganisations, des espoirs déçus. Il faudra que nos élus gardent la tête froide et nous entendrons souvent la litanie “si j’avais su que c’était cela, j’aurais été contre….”.
Nous savons tous, nous lecteurs d’Enbata, que l’on va vers un mieux mais il y aura une période de transition qui sera longue. Certains acteurs de la culture, de la langue devront être patients dans la prise de relais car ce choc est important.
Il s’agira aussi de se réapproprier le volet économique. Dans ce domaine, je crains que “l’abertzale type”, s’il existe, n’est ni formé, ni ouvert sur le monde de l’entreprise.
Dans AB l’ancrage à gauche, si ce n’est extrême gauche est notoire. Il nous faut réaliser collectivement qu’Iparralde ne pourra être gouverné qu’à travers une coalition de projets concrets et d’avancements pas à pas.
Les considérations sur la réduction du temps de travail, comme fer de lance du volet social d’un programme politique me paraissent hors du temps, d’autant plus que ce volet de compétence n’est pas du ressort territorial. Avec 4.000 exploitations agricoles, 17.000 industriels, commerçants ou acteurs dans le service (enregistrées CCI Euskal Herria) et 14.000 artisans (CM64 partie territoriale) ce sont 35.000 chefs d’entreprise qui participent au recyclage du chiffre d’affaires en salaire. Le monde agricole a su trouver son expression territoriale, sa politique et sa stratégie.
L’entreprise est trop facilement mise à l’écart alors qu’elle participe, pour une grande part à la promotion territoriale : mécénat, culture, initiatives sociales ou économiques.
L’entreprise est trop facilement mise à l’écart
alors qu’elle participe,
pour une grande part
à la promotion territoriale :
mécénat, culture, initiatives sociales ou économiques.
On peut déjà mettre sur la table économique pèle mêle : renforcement économie intérieur Pays Basque (zones, liaison est/ouest, cohérence/ décentralisation sur initiative de développement, téléphonie/fibre, fond d’amorçage, décentralisation technopole et essaimage sur opportunités liées à la zone, par exemple Soule mécanique, …), revitalisation agriculture (foncier amphitéotique à acquérir, initiative d’installation et de produit court, maraîchage, filière viande, pain, lait et autre,…), collaboration avec les acteurs de l’enseignement (objectif de renforcement bac -2 à bac +3 dans les filières les plus utiles), politique transport public rapide, etc.
De plus, l’exemple de Biarritz d’il y a plus de 30 ans, a permis de prendre conscience que les “barrières politiciennes” ne devaient pas exister ici. Les élus de bords différents ont appris à travailler ensemble et de s’apprécier par-delà les préjugés. Il est possible ici de travailler pour le bien public, quelle que soit l’étiquette. Cette coopération politique au sens noble du terme a donné un résultat édifiant sur la libération des cinq artisans de la paix. Cet exemple force l’admiration des observateurs éclairés d’Hegoalde. Les informations qui sont montées à Paris sur la réaction d’Iparralde ont aussi participé positivement de la décision intervenue, même s’ils restent toujours mis en examen.
La construction politique de l’EPCI sera donc consensuelle ou ne sera pas.
Il parait donc délicat de l’aborder avec les principes rigides de l’orthodoxie de l’extrême gauche. Le futur président de 2017 ne sera ni d’extrême gauche, ni d’extrême droite et l’Hexagone sera gouverné au centre.