Les urnes ont parlé: 111 communes sur 158 (70%) se sont prononcées en faveur de l’EPCI Pays Basque. Mais les opposants n’entendent pas désarmer à bon compte. Les Alzuri, Veunac, Olive, Gonzalez et autre Lasserre vont-ils respecter le résultat très majoritairement favorable à l’EPCI unique ou tenter de faire capoter le processus ?
La procédure de vote des conseils municipaux est maintenant terminée. Le résultat est déjà acquis. Il est sans aucune ambiguïté : plus des deux tiers des communes du Pays Basque Nord, représentant plus de 65% de la population, se sont prononcées pour la création de l’EPCI unique. Pour autant, les opposants n’auront pas ménagé leurs efforts pour faire entendre leurs arguments ces derniers mois. Et le moins que l’on puisse dire est que leur campagne n’aura pas été très “fair-play”.
Les milliers d’euros d’argent public dépensés en pages pleines de publicité dans Sud-Ouest contre l’EPCI unique, souvent truffées d’arguments fallacieux, n’ont pas porté leurs fruits.
Quoi qu’il en soit, il serait stérile de polémiquer sur la campagne en faveur du non, puisque le résultat du vote des communes est connu, et est sans appel. Se joue maintenant la mise en place de l’intercommunalité unique.
Et alors même que la procédure de vote n’était pas formellement clôturée, on apprenait dans Mediabask (édition du 23.05.16) que le directeur de cabinet du président de l’ACBA Claude Olive aurait fait parvenir auprès du ministère de l’intérieur un recours signé par 60 élus.
La marque du mépris
Cette initiative pose plusieurs questions politiques. La première relève des principes du débat démocratique. Quoi qu’en diront ses instigateurs, le fait même de déposer ce recours est une marque cinglante de mépris à l’égard de tous les élus qui ont travaillé ce dossier pendant des mois, et qui viennent de se prononcer en faveur de l’EPCI unique. Il constitue un déni de démocratie flagrant, puisque les signataires du recours affirment à la face de la grande majorité des autres élus qu’ils font fi du résultat du débat démocratique, et de la volonté largement majoritaire qui vient de s’exprimer.
On comprendra aisément que l’effet politique de ce recours est délétère.
Allez expliquer, après cela, notamment aux jeunes, que les élus sont là pour faire avancer les intérêts de la grande majorité de la population, quand ils ne sont même pas capables de prendre en compte l’avis de leurs propres collègues élus.
Comment peut-on se dire favorable à une reconnaissance politique du Pays Basque, c’est-à-dire à une représentation institutionnelle de sa population, si on n’est pas disposé à respecter l’avis majoritaire exprimé par les propres communes et élus du Pays
Basque ?
La seconde question qu’ouvre le recours déposé est celle des relations entre les communes de l’Acba et le reste d’Iparralde. Même s’il est vrai que les communes de l’Acba représentent à elles seules la moitié de la population du Pays Basque Nord, serait-ce
acceptable pour autant que leurs maires imposent leur volonté à l’ensemble des autres communes, et en particulier à celles de l’intérieur ? En effet, outre la reconnaissance de notre territoire dans le contexte de la grande Aquitaine de 6 millions d’habitants, la complémentarité entre la côte et l’intérieur représente l’autre enjeu majeur de l’EPCI unique.
Comment peut-on se dire
favorable à une reconnaissance politique du Pays Basque,
c’est-à-dire à une représentation institutionnelle de sa population,
si on n’est pas disposé à respecter
l’avis majoritaire exprimé
par les propres communes
et élus du Pays Basque ?
Les élu-e-s et les habitant-e-s de l’intérieur sont en droit d’attendre des grandes communes de la côte une attitude coopérative dans la phase de mise en place de l’intercommunalité unique, car elle est le préalable à un fonctionnement garant demain d’une réelle complémentarité entre la côte et l’intérieur. Et il est aujourd’hui difficile de ne pas interpréter certaines manoeuvres en cours pour écarter le Conseil des élus de la mise en oeuvre de la nouvelle intercommunalité unique comme une volonté des grandes communes de l’Acba d’imposer aux autres leurs conditions.
Pour finir, quoi qu’on pense de l’EPCI unique, et il faut souligner qu’elle est très loin d’être la panacée pour les abertzale, je pense qu’on peut être d’accord sur le fait que nous vivons d’un point de vue historique des moments clés pour le Pays Basque Nord. Dans ce contexte, il appartient aux leaders de l’opposition à l’intercommunalité unique d’apporter une réponse claire à une question simple : messieurs Alzuri, Veunac, Olive, Gonzalez et Lasserre, allez-vous respecter le résultat très majoritairement favorable à l’EPCI unique ?