L’autre état d’urgence

IdorteaIl semble que désormais, il y aura un avant et un après le 13 novembre 2015. Si les conflits lointains et les exactions commises par Daesh en Afrique et au Moyen Orient sont quotidiennes,  cela restait un phénomène lointain qui nous touchait peu, la plupart de nos compatriotes se refusant à accueillir les milliers de réfugiés fuyant ces atrocités.

Bien sûr, les islamistes ont déjà frappé en Europe de façon aveugle : à Atocha, gare de Madrid le 11 mars 2004, en Angleterre, en Belgique et plus récemment à Toulouse et à Paris en visant la communauté juive ou des caricaturistes de Mahomet.

Aujourd’hui, la barbarie nous touche directement, car elle vise tout le monde : c’est l’état de choc dans la capitale !

Les Français  acceptent bien volontiers l’état d’urgence et les mesures restreignant leur liberté pour plus de sécurité.

Plus jamais ça?

Nous sommes loin des réactions des pays occidentaux à la sortie de la 2ème guerre mondiale affirmant “Plus jamais ça !” et se mettant autour de la table avec les anciens ennemis pour
signer le traité européen de Rome.

Dans l’inconscient collectif, l’Europe avait définitivement “gagné” la paix à l’intérieur de ses frontières, quelles que soient les interventions de ses pays membres dans les conflits  extérieurs.

C’est cette conviction qui vient d’être ébranlée et nous aurons à en souffrir les conséquences longtemps. Pourtant, le travail de l’Europe reste inachevé. Jamais, elle n’est parvenue à avoir une politique de défense et une armée uniques, la préoccupation première étant la monnaie unique et les affaires.

La réaction à chaud du président Hollande d’attaquer les positions de Daesh en Syrie a pour but de rassurer les Français et de prouver la force de réplique de leur pays. En réalité, tant que la France continue à soutenir l’Arabie Saoudite, source du wahabisme (islamisme radical) et le Quatar qui approvisionne Daesh en armement, l’intervention de la France en Syrie n’aura qu’un impact limité et servira d’excuse aux fanatiques pour l’attaquer à nouveau.

Il manque une vision politique européenne globale et une stratégie à long terme. Par contre, la surenchère liberticide à l’intérieur du pays aura des conséquences, tant à court terme avec le succès annoncé de l’extrême droite aux élections régionales qu’à plus long terme avec la diffusion insidieuse des idées d’extrême droite dans la plupart de nos cerveaux.

Fuite en avant

Novembre 2015 devait pourtant être un grand moment à Paris avec la Cop 21, la plupart des grands pays devant s’engager à restreindre leurs émissions de gaz à effet de serre. C’est l’état d’urgence : si la quasi-totalité des pays ne parvient pas à un accord contraignant pour diminuer leur impact sur le climat, les conséquences seront dramatiques. Tragédies en séries, millions de réfugiés climatiques et guerre autour de l’eau, c’est une violence d’une autre ampleur qui se profile.

En Syrie, un million d’habitants se sont déplacés dans leur propre pays pour fuir la sécheresse, entraînant, en partie, déstabilisation et début du conflit. En Afrique subsaharienne, 80% de l’eau du lac Tchad s’étant évaporée, des milliers de pêcheurs et de paysans se sont déplacés et Bokho Haram n’a cessé de mener des attentats meurtriers, sans parler des habitants du Bangladesh et d’autres peuples d’Asie condamnés à émigrer devant la montée des eaux.

Si ces réfugiés climatiques ne trouvent pas de pays d’accueil, c’est la guerre !

Les climato sceptiques refusent la réalité du dérèglement climatique et s’obstinent dans la fuite en avant. Ils marchent à l’aveugle, au nom de leurs intérêts particuliers dans les énergies fossiles entraînant la planète entière vers une catastrophe environnementale. Ces  kamikazes climatiques feront tout pour bloquer un accord contraignant.

Seule une mobilisation citoyenne forte pourra amener nos gouvernants à aller dans le bon sens. Les rassemblements dans la rue étant interdits, les appels à la mobilisation prendront des formes multiples et demanderont une participation massive. Pour dire non à la barbarie, à l’égoïsme, à l’autoritarisme, pour affirmer notre volonté de vivre dans un monde plus juste, plus solidaire et plus soutenable, mobilisons-nous !

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