Bravant les éléments sur des rafiots improbables, ils accostent à Lampedusa ou sur les côtes espagnoles en flots ininterrompus. Rien ni personne ne pourra les empêcher de risquer leur vie pour fuir guerres et pauvreté. La répression policière ou fermeture des frontières ne sont qu’illusion face au besoin de vivre.
Depuis lundi 13 octobre et jusqu’à la fin du même mois, 18.000 policiers font la chasse aux “sans papiers” dans toute l’Europe : faire du chiffre, afficher de belles statistiques, cela rassure les citoyens européens qui ont l’impression d’être protégés d’une invasion dangereuse.
Un rassemblement a été organisé mercredi 21 octobre, devant la sous préfecture de Bayonne, pour dénoncer cette logique des quotas, que même certains policiers de la PAF de Hendaye désapprouvent.
De quoi s’agit-il ? D’arrêter des étrangers y compris ceux disposant de billets d’avion pour leur retour au pays pour afficher de belles statistiques
prouvant que l’Europe est ferme dans le contrôle de l’immigration clandestine.
Echapper à la mort
En réalité, quelles que soient les lois, quels que soient les barbelés ou les murs érigés, rien ne dissuadera les migrants de fuir leur pays pour échapper à la mort ou pour trouver, ailleurs, une vie meilleure. La multiplication récente de conflits en Afrique ou au Moyen Orient ne fera qu’accentuer le phénomène, sans parler des réfugiés climatiques.
La convention de Genève qui date de la fin de la 2ème guerre mondiale n’est plus adaptée aux flux migratoires actuels. Frontex, le dispositif de contrôle aux frontières de l’Europe ou Mare Nostrum, chargé d’aller au secours des bateaux en difficulté n’ont pas les moyens à la hauteur de leur tâche.
Les Italiens, les Grecs ou les Espagnols appellent l’Europe au secours, mais ils n’ont pas reçu plus de moyens pour accueillir ces nouveaux flux de migrants, en provenance d’Erythrée (sur 6 millions d’habitants, 4.000 fuient tous les mois), de Libye ou de Tunisie.
Chaque année, 50 millions de personnes quittent leur pays, en quête d’une vie meilleure ou simplement pour échapper à la mort dans leur pays. La grande majorité préfèrerait rester vivre au pays si les conditions s’y prêtaient.
Parallèlement, depuis plus de 50 ans, les pays occidentaux et maintenant la Chine également ne cessent de piller des matières premières de l’Afrique sans beaucoup se préoccuper du développement des pays dans lesquels ils interviennent.
Le grand paradoxe est que la mobilité est encouragée dans notre monde moderne. C’est un atout dans les CV de nos jeunes et les échanges d’étudiants entre universités se multiplient.
Par ailleurs, certaines réalités méritent également d’être rappelées : l’Europe vieillissante perdra 43 millions d’habitants d’ici à 2050.
Beaucoup de migrants sont porteurs de savoirfaire, de connaissances, de capacité créative. La plupart ne demandent qu’à s’intégrer dans leur pays d’accueil. C’est un potentiel à ne pas négliger à condition d’avoir une politique courageuse.
La fermeture des frontières
prônée par certains partis politiques extrémistes
est impossible à mettre en oeuvre.
Il faut désamorcer le côté passionnel du sujet
et tout faire pour que de telles idées simplistes
cessent de gagner du terrain,
y compris dans les milieux de gauche et abertzale.
La tâche est immense
Outre le contrôle aux frontières, l’Europe doit s’attacher à tout mettre en oeuvre pour que les conditions de vie dans les pays d’origine soient meilleures et pour traquer les réseaux mafieux.
La tâche est immense, quasi impossible ! La fermeture des frontières prônée par certains partis politiques extrémistes est impossible à mettre en oeuvre. Il faut désamorcer le côté passionnel du sujet et tout faire pour que de telles idées simplistes cessent de gagner du terrain, y compris dans les milieux de gauche et abertzale.
La Cimade de Bayonne fête cette année ses 10 ans dans l’accompagnement des migrants, en particulier dans leurs démarches administratives. A cette occasion, elle proposera plusieurs soirées autour de films, de débats avec des personnalités spécialisées dans les politiques européennes de l’immigration à partir de fin novembre.
C’est une occasion de découvrir les réalités tant locales que nationales et européennes.