
Première consommatrice en eau, l’agriculture intensive continue d’absorber sans compter cette ressource vitale pour produire toujours plus. Défendre une agriculture paysanne et un modèle de gouvernance propre au Pays Basque permet de la protéger.
Les derniers épisodes de canicule viennent nous rappeler l’importance de l’eau dans notre vie quotidienne, et plus généralement celle de la place de la biodiversité dans notre société. Ils nous ramènent à nos besoins fondamentaux, dont celui de l’eau, pour nous permettre tout simplement de survivre. L’eau doit être considérée comme un bien commun à préserver et à utiliser de manière responsable pour l’intérêt de tous.
Le type d’agriculture pratiquée a une incidence directe sur l’utilisation de l’eau. L’irrigation est la première source de consommation d’eau, loin devant les besoins pour la consommation humaine et les besoins industriels et énergétiques.
L’agriculture paysanne comme modèle
Dans la logique de spécialisation et d’intensification des productions agricoles, l’eau est utilisée comme une ressource disponible et abondante, afin de produire toujours plus. Il y a un moment que la sonnette d’alarme est tirée et il serait temps de poser les bonnes questions quant à l’utilisation de l’eau en agriculture. On ne peut plus raisonner, comme certains le font, en considérant que les autorisations de prélèvement sont un avantage acquis et qu’il faut constituer davantage de réserves pour continuer de prélever au moins autant d’eau, si ce n’est plus.
Il est temps de s’interroger sur la finalité de l’utilisation de l’eau en agriculture. Il est indéniable que nous sommes déficitaires pour certaines productions alimentaires comme les fruits et légumes, mais aussi pour les légumineuses destinées à l’alimentation humaine et animale, et qu’à ce titre, il est nécessaire de réserver l’eau pour ces productions. Quant à celle qui est utilisée pour la production de maïs majoritairement destinée, en dehors des semences, à l’alimentation animale et souvent pour optimiser les rendements, cette utilisation doit être remise en cause. Il en est de même du volume prélevé, de sa fréquence et des moyens utilisés qui doivent être corrigés par des pratiques plus économes. Oui, l’irrigation peut être un bon moyen pour assurer des productions agricoles essentielles, mais pas utilisée n’importe comment ! L’agriculture paysanne, par les pratiques de l’agroécologie et de l’agroforesterie, qui s’intègre dans son environnement, est une réponse au contexte des évolutions climatiques.
Gouvernance locale
Il est bien sûr toujours compliqué de devoir changer ses habitudes, mais cela devient urgent et indispensable si l’on veut éviter des conflits entre citoyens, et répondre aux besoins de l’intérêt général. Cela pose la question de la gouvernance dans notre société, comme l’illustre la loi Duplomb, adoptée par le Parlement sans aucun débat parlementaire et pondue par le lobbying des tenants d’une agriculture industrielle et productiviste au détriment de la santé publique et du respect de l’environnement. Bien que retoquée par les sages du Conseil constitutionnel dans son article 2 sur l’utilisation d’un puissant insecticide potentiellement cancérigène, elle a été promulguée par le président de la République, ouvrant la voie à des facilités pour la mise en place des méga-bassines et des ateliers d’élevage industriels.
Heureusement, la vigilance citoyenne est là, et les deux millions de signataires de la pétition ont fait entendre leur voix. Ce fait citoyen majeur nous rappelle que chacun d’entre nous peut s’exprimer pour contrebalancer le poids de ceux qui œuvrent en sous-main pour défendre leurs intérêts privés. Sur notre territoire du Pays Basque, restons vigilants quant aux priorités concernant l’utilisation de l’eau, et continuons de revendiquer un Office public de l’agriculture et de l’alimentation qui définisse les orientations et les priorités en matière de politique publique agricole et alimentaire, dans le sens de l’intérêt général.