Le Pays Basque n’existe administrativement pas. Il n’y a donc pas de réflexion stratégique politico-économique, dans son ensemble, au niveau du Pays Basque. C’est est un fait, et, comme le disait mon professeur de philo, Etienne Sallaberry, le fait est têtu. Préciser cela, signifie aussi qu’il ne peut y avoir de stratégie, de construction, de recherche de cohérence dans les diverses strates des nombreux mille feuilles créées pour calmer les velléités des défenseurs d’une plus grande capacité à se prendre en charge. Cela signifie aussi que la majorité des différents élus ne peuvent avoir sur ce sujet, que des discours sonnant creux, et tournant à vide.
Pourtant des besoins de gouvernance
Oui, sur ce territoire qui nous est cher, nous le voyons tous, il y a un fort besoin de cohérence. Les actions politiques de chaque acteur (ACBA, autre communauté de communes, département, région, EPFL, chambres consulaires 2+«1», Safer, etc.) doivent être mise en musique en respectant des principes auxquels nous sommes nombreux à adhérer, et cela, bien au-delà des sphères d’initiés dans lesquelles évoluent les chers lecteurs de cet hebdomadaire.
A partir d’un accord sur des principes: partage équilibré du foncier, respect environnemental et rééquilibrage économique côte/montagne, souci de mettre l’économie industrielle en avant, hypertrophie d’activité sur la côte, nécessité de bâtir une politique de déplacement etc. Il y a un fort besoin d’analyse, d’équilibrage et de cohérence: en un mot de gouvernance.
Des stratégies écrites,
ou non écrites ou inexistantes
La question peut et doit être posée: chacun des précédents acteurs cités a-t-il sur Iparralde une stratégie formalisée? Rien n’est moins certain. Si depuis plusieurs mandatures la CCI Bayonne-Pays Basque prend à cœur l’exercice de formalisation de ses orientations stratégiques (elle vient de soumettre celle de 2011/2015 à l’approbation des élus en AG plénière), l’ACBA, par exemple, dont la prégnance sur l’économie est forte a-t-elle formalisé ce futur? Et quid des nombreuses communautés de communes dont la compétence est générale (entendez par là qu’elles peuvent agir dans le champ économique).
Enfin, certains acteurs dont les périmètres ne correspondent pas à Iparralde, devront faire des contorsions difficiles pour satisfaire à cet exercice. Et, ces derniers, par nature, ne seront pas enclins à s’y soumettre.
Des conséquences en déperdition d’énergie
et en lenteur pour agir dans le bon sens
Le choix sur tel ou tel projet n’est opéré que par coup de force de tel ou tel maire ou président ou décideur local qui, le plus souvent ramène «la couverture à lui» pour une satisfaction de ses lobbies ou de son électorat partiel ou local. Il n’est pas toujours soumis à des critères plus vastes à l’échelle du territoire ni à la mesure du bien commun.
Il n’y a pas non plus de prospective ou de démarche pour orienter ce que pourrait être Iparralde demain. La seule instance pseudo légitime des deux Conseils (des élus et de développement) étant ridiculement faible et prise en étau par les «gros mastodontes» qui la tolèrent.
Il n’y a pas non plus de lieu unique où peuvent se parler et s’harmoniser les différents mondes liés à la création de richesse, car nous le savons bien, les projets modernes structurant ont plusieurs impacts: foncier, sphère publique, banque, industrie, commerce, agriculture, etc.
Des solutions du type «débrouille»
Privé de structure opérante, la communauté Iparralde met en place des solutions «débrouille». Cette voie avait déjà été réussie autrefois par des initiatives volontaristes telles seaska pour l’école en langue basque, Herrikoa pour le financement territorial, GFAM ou EHLG, plus prés de nous sur le foncier ou la stratégie agricoles. En effet, dans le fond que penser des initiatives comme le cluster «goazen», ne s’est-il pas créé entre les professionnels, en harmonie avec les offices de tourisme, et avec la CCI Bayonne-Pays Basque, pour pallier les insuffisances d’un comité départemental du tourisme sur le plan de son adéquation avec le territoire? Que penser aussi de l’initiative sur celui d’Uztartu, sur la démarche agroalimentaire, et son centrage spécifique sur la marque territoriale, ne pallie-t-elle pas les manques notoires des instances ad hoc et compétentes: département, chambres des métiers et d’agriculture qui auraient dû assurer cette mission vitale. Ces mêmes constats peuvent aussi être faits sur l’agriculture, le foncier etc.
Au-delà des solutions «débrouille»
Les limites de ces solutions sont bien évidemment financières (car en général ces structures manquent cruellement de moyen) et politiques (car ses préoccupations sont en général pas les mêmes). Il faudra donc, en même temps que l’on aborde la question fondamentale administrative de la communauté territoriale (1er semestre 2012), au Conseil de développement et au Conseil des élus, aborder celle de sa gouvernance économique. Pour ma part, en tant que membre de Lantegiak, mais aussi vice-président de la CCI Bayonne-Pays Basque, je suis convaincu que sur le plan du commerce comme celui de l’industrie, la Chambre doit prendre la place de leader dans le rôle de cette future gouvernance, elle possède les compétences, et son champ d’action couvre tout Iparralde.
Urte berri on, 2012-ko, oroeri.