La réforme de la fameuse taxe professionnelle

LE premier ministre Chirac
l’avait mise en place, le
Président Chirac avait
souhaité sa disparition…
Déjà, le Président Mitterand, luimême,
déclarait, en son temps que
cette taxe était «imbécile». Elle
s’applique à toutes les entreprises
et est assise sur l’investissement et
la valeur ajoutée. Moralité: pour en
payer moins, il convient de limiter les investissements (donc de limiter
les facteurs de croissance) et
d’avoir une valeur ajoutée la plus
faible possible (donc de limiter les
embauches). Bref, le dynamisme
de l’entreprise est entravé.

Qui paye ces taxes ?
_ Toutes les entreprises, sauf celles
dont le chiffre d’affaire annuel et/ou
l’effectif salarié est faible, les SCOP
(coopératives ouvrières de production),
les entreprises agricoles et
certaines entreprises artisanales.

Des exonérations sectorielles
_ Déjà, depuis le 1er janvier 2003, la
partie assise sur les salaires n’existe
plus. Elle avait été baissée fortement
entre 2000 et 2002.
De plus, la collectivité pouvait décider
avec l’Etat, d’exonérer tel ou tel
secteur d’activité, par exemple s’il
était menacé. Dans ce cas, l’Etat
procédait déjà à une compensation
du manque à gagner pour rééquilibrer
les entrées financières des
collectivités.

Mais des doutes importants subsistent
_ A l’heure où vous recevez votre
hebdo favori, la suppression
prévue, cette année, par le président
est loin d’être claire: nous
avions compris que les
PME/PMI seraient grandement
exonérées. En fait, la partie
«foncière» risque d’être recalculée
et homogénéisée sur des
critères plus rationnels et hexagonaux.
En définitive, on ne
connaît pas encore le résultat final
des cogitations de nos chers
fiscalistes.

Qui en bénéficie ?
_ Le montant total actuel de la TP
en France s’élève à 8 milliards
d’euros.
Ce sont principalement les budgets
des collectivités territoriales
(région, département et
commune ou communauté de
communes) qui en bénéficient.
Les TP représentent à peu prés
la moitié de leurs entrées financières.
C’est, avec les impôts locaux
et les taxes d’habitations,
ce qui les fait vivre et réaliser
leurs missions.
Mais l’Etat souhaite, avec raison,
mieux définir ces missions.
Car, nous le savons tous, ces
missions se recoupent et on finit
quelquefois par ne rien comprendre.
Il n’y a pas une seule
collectivité qui ne se pique
d’être un acteur dans le domaine
économique.
On sait aussi que de 25% à
50% (25% en Pays Basque),
des budgets des Chambres de
commerce sont assurés par des
taxes additionnelles calculées
sur les TP.
A titre d’info, pour le budget
2010 de la CCI Bayonne-Pays
Basque, il est prévu que le montant
de la recette baissera de
5%, pour coller à la réforme générale
des politiques publiques
(RGPP).

La compensation économique territoriale
_ C’est le biais trouvé par l’Etat
pour mettre à plat toutes les
rentrées des collectivités territoriales
puisque ces dernières auront
à leur disposition deux
compensations: l’une axée sur
le foncier, l’autre sur la valeur
ajoutée.
Par cette méthode, l’Etat souhaite
aussi rééquilibrer les collectivités
entre elles. Bien que le
premier ministre Fillon l’ait expliqué
aux maires, dernièrement,
«le diable étant dans le détail»,
les mécanismes de compensation
ne sont pas, à ce stade,
clairs.

Les risques du nivellement
_ Ainsi qu’on peut le comprendre,
dès l’instant où les collectivités
ne maîtrisent plus les recettes
de leurs budgets, il y a fort à parier
que leur autonomie s’en
trouvera réduite.
De plus, on voit aussi clairement
qu’une collectivité ne mènera
pas de stratégie
volontariste, si elle ne récolte
pas directement les fruits de
son travail. Par exemple, telle
collectivité fait des efforts notables
d’infrastructure d’assainissement
pour pouvoir
accueillir des entreprises à
risque de pollution; elle espère
donc être payée en retour de
ces investissements par le surplus
de taxe professionnelle.
Si l’Etat nivelle les compensations,
il y aura une prime à ne
rien faire pour les collectivités
amorphes ou négligentes.
L’effet de cette compensation
est donc pernicieux et dans un
certain sens, favorise le centralisme
jacobin. L’Etat central régularise,
compense, nivelle et
décide.

Ce qui aurait dû être fait, mais était-ce aisé ?
_ Il est clair que si les compétences
entre commune, département
et région devaient être
revues, il aurait été plus clair de
commencer par trier ce qui doit
être fait par l’un ou par l’autre.
Les budgets annuels des missions
hors périmètres auraient
pu être ainsi dégagés et les flux
des taxes baissés en proportion.
Mais quelle collectivité accepterait
de réduire la voilure de
son effectif?
Cela aurait-il pu être fait par une
évaluation a priori, faite sur des
échantillons tests?
En tout cas, la situation actuelle
n’est pas claire. Le Sénat n’a
voté qu’une partie du texte et a
remis à décembre la partie la
plus douloureuse. Le gouvernement
ne démontre pas de vision
sereine pour faire diminuer le
millefeuille territorial. C’est pourtant
nécessaire.

Soutenez Enbata !

Indépendant, sans pub, en accès libre,
financé par ses lecteurs
Faites un don à Enbata.info
ou abonnez-vous au mensuel papier

Enbata.info est un webdomadaire d’actualité abertzale et progressiste, qui accompagne et complète la revue papier et mensuelle Enbata, plus axée sur la réflexion, le débat, l’approfondissement de certains sujets.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés par les dons de nos lectrices et lecteurs, et les abonnements au mensuel papier : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre.

« Les choses sans prix ont souvent une grande valeur » Mixel Berhocoirigoin
Cette aide est vitale. Grâce à votre soutien, nous continuerons à proposer les articles d'Enbata.Info en libre accès et gratuits, afin que des milliers de personnes puissent continuer à les lire chaque semaine, pour faire ainsi avancer la cause abertzale et l’ancrer dans une perspective résolument progressiste, ouverte et solidaire des autres peuples et territoires.

Chaque don a de l’importance, même si vous ne pouvez donner que quelques euros. Quel que soit son montant, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission.


Pour tout soutien de 50€/eusko ou plus, vous pourrez recevoir ou offrir un abonnement annuel d'Enbata à l'adresse postale indiquée. Milesker.

Si vous êtes imposable, votre don bénéficiera d’une déduction fiscale (un don de 50 euros / eusko ne vous en coûtera que 17).

Enbata sustengatu !

Independentea, publizitaterik gabekoa, sarbide irekia, bere irakurleek diruztatua
Enbata.Info-ri emaitza bat egin
edo harpidetu zaitezte hilabetekariari

Enbata.info aktualitate abertzale eta progresista aipatzen duen web astekaria da, hilabatero argitaratzen den paperezko Enbata-ren bertsioa segitzen eta osatzen duena, azken hau hausnarketara, eztabaidara eta zenbait gairen azterketa sakonera bideratuagoa delarik.

Garai gogorrak dira, eta badakigu denek ez dutela informazioa ordaintzeko ahalik. Baina irakurleen emaitzek eta paperezko hilabetekariaren harpidetzek finantzatzen gaituzte: ordaindu dezaketenen eskuzabaltasunaren menpe gaude.

«Preziorik gabeko gauzek, usu, balio handia dute» Mixel Berhocoirigoin
Laguntza hau ezinbestekoa zaigu. Zuen sustenguari esker, Enbata.Info artikuluak sarbide librean eta urririk eskaintzen segituko dugu, milaka lagunek astero irakurtzen segi dezaten, hola erronka abertzalea aitzinarazteko eta ikuspegi argiki aurrerakoi, ireki eta beste herri eta lurraldeekiko solidario batean ainguratuz.

Emaitza oro garrantzitsua da, nahiz eta euro/eusko guti batzuk eman. Zenbatekoa edozein heinekoa izanik ere, zure laguntza ezinbestekoa zaigu gure eginkizuna segitzeko.


50€/eusko edo gehiagoko edozein sustengurentzat, Enbataren urteko harpidetza lortzen edo eskaintzen ahalko duzu zehaztuko duzun posta helbidean. Milesker.

Zergapean bazira, zure emaitzak zerga beherapena ekarriko dizu (50 euro / eusko-ko emaitzak, 17 baizik ez zaizu gostako).