La bataille contre la réforme des retraites ou la finance contre les peuples par Xabi Larralde

Après l’échec subit par l’UMP aux dernières élections régionales et à quelques mois des prochaines cantonales, on peut légitement se poser la question du pourquoi d’un passage en force sur la réforme des retraites qui pourrait bien à nouveau coûter politiquement cher à la droite. La réponse est que cette réforme a été menée tambours battants du fait de la pression des marchés financiers internationaux. Une thèse confirmée par le très sérieux quotidien Le Monde. En effet, dans son édition des 10 et 11 octobre derniers, l’article (page “marchés”, sous la rubrique “Taux et chan-ges”) intitulé “La France sous l’oeil des marchés” nous explique que: “les manifestants qui défileront (…) contre la réforme des retraites ne le savent sans doute pas mais “Big Brother“ les surveille. Big Brother ou plutôt… les marchés”. Très concrètement, l’œil de ce Big Brother est notamment configuré par les agences de notations financières. Les trois plus importantes au monde sont américaines et se nomment Standard & Poors, Moody’s et Fitch. Elles attribuent des notes (la plus haute étant AAA) censées caractériser le niveau de risque que l’on peut associer aux différents investissements financiers. Ces agences notent par exemple des titres émis par des entreprises, mais elles notent également… les Etats. Et que se passe-t-il lorsque la note d’un Etat est dégradée? Le coût des fonds qu’il peut mobiliser sur les marchés financiers s’accroît; en particulier, les taux d’intérêt associés au financement
de sa dette sur les marchés obligataires augmentent. Ainsi, comme le souligne la journaliste du Monde, les marchés étaient “fébriles” début octobre car “le coût de financement à dix ans de la France s’est mis à dépasser de plus de 40 points de base (0,40%) celui de l’Allemagne”. Or, continue-t-elle, “les agences de notation ont prévenu la France: la réforme (des retraites) sera un élément décisif du maintien du pays dans le groupe AAA, les Etats jugés les plus solvables”. Et effectivement, les faits n’ont pas démenti cette version, puisque, quelques jours plus tard, Standard & Poor’s lançait un avertissement à peine voilé en rendant publiques les conclusions d’une étude réalisée par ses économistes sur les “standards élevés de sécurité sociale qui menacent les budgets européens” (quotidien Les Echos du 13 octobre 2010). Le constat serait sans appel: en partant de la donne actuelle, le scénario qui se profile à l’horizon 2050 concernant l’augmentation des dépenses de sécurité sociale serait “insoutenable en l’absence de changements politiques”. Mais que l’on se rassure, selon Standard & Poor’s, ces évolutions ne laisseraient aucunement présager de l’évolution de… la notation des dettes souveraines… A vrai dire, on croit rêver quand on sait que le monde de l’économie et de la finance désigne de façon unanime ces agences de notation comme figurant parmi les principaux responsables de la crise financière qui a explosé autour des fameux crédits “subprime”! Car ce sont à ces mêmes agences que les grandes banques ont sous-traité en bonne partie la conception et la notation des opérations de “titrisation” des subprime consistant à con-vertir ces crédits en titres financiers. Certaines s’en sont même fait une spécialité puisqu’avant la crise, Moody’s réalisait plus de 50% de son chiffre d’affaires autour de ces titres qu’on appelle “dérivés de crédits”. Il y a déjà quelques années, le milliardaire américain Warren Buffet avait averti que la titrisation représentait une “arme de destruction massive”, et on peut considérer ces fameuses agences de notation comme ayant été en quelque sorte “l’atelier de fabrication” de ces armes de destruction massives. Le comble c’est qu’elles puissent se permettrent aujourd’hui de donner des leçons de bonne conduite (financière) aux Etats et d’imposer leurs vues à des millions de citoyens en Europe et à travers le monde! Au total, la réforme des retraites nous montre que, sous les discours soit-disants “pragmatiques”, se cache en fait un fonctionnement carricatural, mais pourtant bien réel, d’un capitalisme dans lequel le monde de la finance foule aux pieds la volonté des peuples. La crise est loin d’être finie, et l’enjeu des luttes sociales qui se déroulent actuellement est considérable vis-à-vis de l’avenir. Il est aussi de la responsabilité du camp abertzale de rester mobilisé!

Soutenez Enbata !

Indépendant, sans pub, en accès libre,
financé par ses lecteurs
Faites un don à Enbata.info
ou abonnez-vous au mensuel papier

Enbata.info est un webdomadaire d’actualité abertzale et progressiste, qui accompagne et complète la revue papier et mensuelle Enbata, plus axée sur la réflexion, le débat, l’approfondissement de certains sujets.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés par les dons de nos lectrices et lecteurs, et les abonnements au mensuel papier : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre.

« Les choses sans prix ont souvent une grande valeur » Mixel Berhocoirigoin
Cette aide est vitale. Grâce à votre soutien, nous continuerons à proposer les articles d'Enbata.Info en libre accès et gratuits, afin que des milliers de personnes puissent continuer à les lire chaque semaine, pour faire ainsi avancer la cause abertzale et l’ancrer dans une perspective résolument progressiste, ouverte et solidaire des autres peuples et territoires.

Chaque don a de l’importance, même si vous ne pouvez donner que quelques euros. Quel que soit son montant, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission.


Pour tout soutien de 50€/eusko ou plus, vous pourrez recevoir ou offrir un abonnement annuel d'Enbata à l'adresse postale indiquée. Milesker.

Si vous êtes imposable, votre don bénéficiera d’une déduction fiscale (un don de 50 euros / eusko ne vous en coûtera que 17).

Enbata sustengatu !

Independentea, publizitaterik gabekoa, sarbide irekia, bere irakurleek diruztatua
Enbata.Info-ri emaitza bat egin
edo harpidetu zaitezte hilabetekariari

Enbata.info aktualitate abertzale eta progresista aipatzen duen web astekaria da, hilabatero argitaratzen den paperezko Enbata-ren bertsioa segitzen eta osatzen duena, azken hau hausnarketara, eztabaidara eta zenbait gairen azterketa sakonera bideratuagoa delarik.

Garai gogorrak dira, eta badakigu denek ez dutela informazioa ordaintzeko ahalik. Baina irakurleen emaitzek eta paperezko hilabetekariaren harpidetzek finantzatzen gaituzte: ordaindu dezaketenen eskuzabaltasunaren menpe gaude.

«Preziorik gabeko gauzek, usu, balio handia dute» Mixel Berhocoirigoin
Laguntza hau ezinbestekoa zaigu. Zuen sustenguari esker, Enbata.Info artikuluak sarbide librean eta urririk eskaintzen segituko dugu, milaka lagunek astero irakurtzen segi dezaten, hola erronka abertzalea aitzinarazteko eta ikuspegi argiki aurrerakoi, ireki eta beste herri eta lurraldeekiko solidario batean ainguratuz.

Emaitza oro garrantzitsua da, nahiz eta euro/eusko guti batzuk eman. Zenbatekoa edozein heinekoa izanik ere, zure laguntza ezinbestekoa zaigu gure eginkizuna segitzeko.


50€/eusko edo gehiagoko edozein sustengurentzat, Enbataren urteko harpidetza lortzen edo eskaintzen ahalko duzu zehaztuko duzun posta helbidean. Milesker.

Zergapean bazira, zure emaitzak zerga beherapena ekarriko dizu (50 euro / eusko-ko emaitzak, 17 baizik ez zaizu gostako).