Derrière la gestion des dettes pu-bliques se cache un rapport de force violent autour du fait de savoir, qui, des milieux financiers, ou des populations vont payer les pots cassés de la crise. L’Europe libérale qui interdit à la Banque Centrale Européenne (BCE) de financer directement les Etats nous fait «marcher sur la tête» en imposant un mode de fonctionnement absolument invraisemblable. A deux reprises, la BCE a récemment octroyé aux banques européennes des prêts sur trois ans à un taux de 1% pour un montant total de près de 1.000 milliards d’euros. Avec cette liquidité, les banques peuvent prêter aux Etats à des taux de 3,4%. C’est tout à fait scandaleux! D’autant plus, que, comme nous le montre le cas de la Grèce, l’austérité et les réformes «structurelles» imposées par la troïka (BCE, Commission européenne, FMI) ressemblent à s’y méprendre aux plans d’ajustements structurels du FMI imposés dans les années 80 aux pays en voie de développement surendettés. Ainsi, si les peuples en Europe ne réagissent pas, nous pouvons nous retrouver dans un scénario qui a été, par exemple, celui de l’Amérique Latine dans les années 80-90. N’oublions jamais que ce sont les opérations de spéculation des banques qui ont déclenché la crise. Les banques sont coupables, c’est donc à elles de payer les conséquences de la crise! La seule sé-quence qui soit acceptable serait celle dans laquelle la BCE finance à taux réduits les Etats, ces derniers se chargeant de renflouer les banques en difficulté. Alors, com-ment remettre les choses «à l’endroit»? L’Islande nous a montré la voie, en refusant de payer la totalité de sa dette. Cela a été rendu possible grâce à une mobilisation citoyenne qui a imposé l’organisation de référendums sur le remboursement de la dette. La mobilisation populaire autour de la dette est donc aujourd’hui indispensable. A cet égard, un collectif contre la dette, impulsé par Attac, est en train de mener un travail remarquable autour du concept de dette illégitime. Ce concept émerge d’un jugement de la Cour suprême argentine en 2000 qui a pointé le caractère illégitime d’une dette contractée pendant la dictature des généraux. Il a été mis en pratique notamment en Equateur en 2007-2008, sous la houlette de Rafaël Correa. Grâce à l’expertise d’économistes du CADTM (Co-mité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde), une procédure d’audit a qualifié plus de 80% de la dette de l’Equateur comme illégitime. En refusant en conséquence de payer la totalité de sa dette, ce pays a ainsi réussi à sortir des griffes des milieux financiers internationaux. On caractérise une dette comme illégitime en particulier au travers de deux critères: si la dette contractée n’a pas servi à satisfaire les intérêts du pays ou des populations, ou si une institution financière a accordé un prêt dans des conditions mensongères avec la volonté explicite de tromper celui qui l’a contracté. Cela nous concerne au niveau local, car les prêts toxiques octroyés à des municipalités notamment par la banque Dexia (spécialisée dans le financement des collectivités locales) constituent sans aucun doute, à la vue des conclusions de la commission parlementaire présidée par Claude Bartolone, un cas type de dettes illégitimes. Comme l’a mis en évidence le quotidien Libération, en Pays Basque Nord même, plusieurs communes (Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye, Mauléon…) ont contracté ce genre de prêts toxiques. Quand on sait que dans l’Etat français, les acteurs publics locaux (collectivités locales, établissements de santé et organismes de logement social) assurent plus de 70% de l’investissement public, on comprend à quel point il est fondamental de «purger» nos finances locales de ces prêts toxiques. Donc, en Pays Basque aussi, refusons de payer les dettes illégitimes!