ENBATAk 60 urte
Juliette Bergouignan, Enseignante universitaire retraitée, militante Batera, membre du Conseil de Développement et de la CIMADE.
Il s’en est fallu de peu pour que naisse, en Iparralde une université technologique autonome (type Compiègne) regroupant toutes les composantes de l’enseignement supérieur, (ESTIA, IUT, Fac de Sciences, IAE, Fac de droit, lettres), à l’occasion de la visite en Pays Basque de Francine Demichel, Directrice de l’Enseignement supérieur de 1998 à 2002.
En effet, celle-ci, d’origine Corse, fut convaincue de notre volonté de développer des filières complètes en multipliant des partenariats tant avec les structures existantes sur le territoire (IUT, ESTIA , UPPA…) qu’avec des partenaires étrangers au premier rang desquels Hegoalde ou des entreprises locales de part et d’autre de la frontière. Reçue en Iparralde ainsi qu’en Hegoalde, elle sentit le potentiel sur notre territoire, contrairement à nos élus locaux.
Malheureusement, les élections présidentielles ayant été perdues par Lionel Jospin, ce beau projet n’a pas pu voir le jour, l’ère Sarkozyste se caractérisant par une baisse des subventions à l’enseignement supérieur au nom de « L’autonomie des universités » s’accompagnant de la multiplication de contrats précaires et de financement privés, type TOTAL pour l’UPPA. C’est l’époque des regroupements de grandes universités dans les grandes villes (Ex Bordeaux1, 2 et 3). L’UPPA doit faire des économies.
Depuis une vingtaine d’années, un groupe d’abertzale, autour du regretté Jean Michel Larrasquet, avait établi un diagnostic partagé par beaucoup d’acteurs locaux : sous- développement en nombre d’étudiants, hypertrophie des 1ers cycles, faiblesse des 2°et 3° cycles, laboratoires de recherche embryonnaires dépendant administrativement et financièrement des universités mères, éclatement de la gouvernance (UPPA, CCI, Bordeaux II.)
Gouvernance locale
L’absence de gouvernance locale maintient l’enseignement supérieur et la recherche dans un état de dépendance, nous privant de possibilités d’initiatives autonomes de diversification et de développement. Elle nuit à la mise en cohérence des formations et des projets de recherche, indispensables au développement économique, social et culturel d’Iparralde.
Plutôt qu’une université généraliste, type UPPA qui aura toujours des difficultés à exister face aux puissantes universités d’Hegoalde et de Nouvelle Aquitaine, une université technologique, à dominante thématique renforcerait l’attractivité des formations supérieures de notre territoire en faisant émerger une recherche appliquée reconnue, favorisant les synergies avec nos voisins.
Des réunions, des forums de sensibilisation furent organisées par les abertzale sur l’ensemble d’Iparralde, de même que des manifestations avec Batera, l’autonomie de l’université étant l’une de ses 4 revendications aux côtés de la collectivité territoriale, de l’officialisation de l’Euskera et de la création d’une chambre d’agriculture) .
Un tel diagnostic aurait dû faire réagir les élus locaux : J.-L.Irigaray et J.-B. Hiriart-Urruty, universitaires basques, respectivement professeurs de Physique à Clermont Ferrand et de Mathématiques à Toulouse ont rencontré individuellement J. Grenet et D. Borotra. Contrairement à Crépeau, maire de La Rochelle à l’origine de la création de l’université autonome, ils n’ont jamais manifesté d’intérêt pour la question.
Par contre, chacune des 3 communes du BAB, souhaitant avoir sa part du gâteau, a écartelé les formations existantes, sur plusieurs sites au lieu de les rassembler sur un seul campus pour davantage de synergie (perte de temps pour les enseignants se rendant d’un site à l’autre, charges supplémentaires pour l’IUT …).
Les abertzale se sont investis sur la question de l’université au sein du Conseil de Développement, sans jamais aboutir, car vu les membres participants, « les dés étaient pipés ». En effet, je me souviens des promesses de créations de postes importantes de la part du Président Amarah pour rééquilibrer le taux d’encadrement avec Pau, en contrepartie d’investissements massifs de l’ACBA, puis de l’agglomération. En habile négociateur, ce dernier a obtenu les financements, mais la création de postes se fait toujours à l’avantage de Pau, Iparralde souffrant d’un sous-effectif chronique en enseignants et personnel. Difficile d’obtenir une réflexion sur une université autonome avec la présence majoritaire des instances de l’UPPA autour de la table.
Piliers de l’enseignement supérieur
Recherche et formation continue, deux des trois piliers de l’enseignement supérieur restent embryonnaires chez nous, alors qu’ils apporteraient tant au territoire. L’offre de licences et de masters s’est étoffée grâce à l’implication d’enseignants locaux, mais la lisibilité de l’offre est faible, chaque composante développant sa formation, sans forcément s’assurer d’une cohérence sur le territoire.
Il serait temps d’évaluer les politiques menées dans l’enseignement supérieur en Iparralde et de demander des comptes à l’UPPA.
Au sein de Batera, comme d’Eusko Ikaskuntza, des réflexions intéressantes ont été menées sur l’avenir de l’enseignement supérieur en Iparralde avec différents partenaires (idée d’un institut coopératif de formation supérieure…).
La balle est maintenant dans le camp des jeunes enseignants et élus, en particulier abertzale sur un sujet pouvant apporter une valeur ajoutée certaine sur le territoire.
Article à charge assez mal renseigné. Il y a réellement eu un début de rééquilibrage en moyens sur la côte Basque et surtout une augmentation importante des moyens en troisième cycle et en recherche. Il reste beaucoup de travail dont le plus important est de trouver les moyens humains auprès de l’état qui sont toujours insuffisants.
La chimère de l’université technologique portée par certains collègues aurait certainement eu beaucoup de mal à prendre. Personne ne pourra dire si elle aurait permis un meilleur développement.
Actuellement l’idée de développer une université autonome publique montre que l’auteur est peu au fait de la réalité du développement de l’enseignement supérieur.
Egun on
Je pense que la pelote est aussi dans les mains des élus d’aujourd’hui. Je me souviens clairement que les maires de Baiona et Angelu étaient en leur temps contre une université de plein exercice au Pays Basque.
La pression doit être faite sur les élus ici et maintenant. Après tout, ils servent à ça : porter les projets locaux, et recevoir des engueulades liées s’ils le font mal.
Mais il y a aussi un autre point : le manque de vrai campus. On pourrait croire qu’il est trop tard, mais rien empêche de prévoir l’extension des 2 noyaux existants Montory et Petit Bayonne dès aujourd’hui.
Après tout, ils prévoient bien des aménagements entre la zone du Busquet et le carrefour St Jean d’une part, et, à Baiona, sur une bonne partie de la rive droite, que ce soit en aval du point St Esprit, ou du coté de la zone St Frédéric.