La coalition abertzale, qui s’aprête à célébrer ses 15 ans, organise son premier congrès après une séquence électorale intense qui marque sa progression.
Les résultats des deux dernières élections montrent que les grands appareils de la gauche française reculent malgré un véritable effet du vote utile alors que les résultats de la gauche, dans l’ensemble, progressent sur notre territoire.
Après les élections municipales et communautaires en 2020, puis les départementales en 2021, l’année 2022 a vu se dérouler le tandem des élections présidentielles et législatives. EHBai referme une séquence intense au terme de laquelle elle a connu des bouleversements d’ampleur. Elle s’affirme comme la seconde force politique du territoire et la première organisation politique de gauche. Les victoires municipales dans des configurations variées ont renforcé sa présence au sein des municipalités, du conseil communautaire ainsi qu’à l’exécutif de la CAPB. En ajoutant l’obtention de deux conseillers départementaux, EHBai constitue, échéance après échéance, une force institutionnelle en progression. Cette force commence à compter dans l’évolution des politiques publiques, mais surtout et à être comptée par les autres forces politiques qui intègrent les questions portées dans le programme politique d’EHBai. Le plafond de verre qui a longtemps bridé les aspirations des abertzale semble être enfin franchi.
Le déplafonnement
Les élections législatives sont particulièrement instructives à ce niveau. Par essence défavorables aux abertzale, elles présentaient une difficulté supplémentaire avec la présence de la coalition des forces de gauche françaises au sein de la NUPES, qui a vécu un véritable engouement médiatique autour de la possibilité d’obtenir une majorité de gauche à l’Assemblée nationale et l’éventualité d’instaurer un gouvernement de cohabitation. Bref, s’il y avait vraiment un moment dans l’histoire d’EHBai pour que la base élargie privilégie un vote “utile” et ne glisse pas un bulletin abertzale, c’était bien celui-ci. Pourtant, EHBai a enregistré un résultat historique pour ce scrutin avec 16.031 voix sur la partie basque, mais surtout une progression à peine croyable au vu des conditions avec 3376 votes supplémentaires par rapport à 2017. Il s’agit de sa progression la plus importante, car avec ses 12.655 scrutins en 2017, EHBai enregistrait 1.137 voix de plus qu’en 2012 ce qui était déjà son record de progression pour des élections législatives. Le navire abertzale continue donc de fendre les eaux malgré la tempête. Toutes voiles dehors, il progresse même trois fois plus rapidement. Plus surprenants, les résultats des deux dernières élections montrent que les grands appareils de la gauche française reculent malgré un véritable effet du vote utile. Au Pays Basque Nord, les résultats de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle sont en baisse en 2022 (-508 voix) et les résultats de la NUPES au premier tour des législatives sont moins bons que la somme des forces de la coalition aux législatives de 2017 (-1315 voix); tout cela alors que les résultats de la gauche, dans l’ensemble, progressent sur notre territoire. L’engouement sur les forces de la gauche française ne semble pas avoir généré de nouveaux électeurs sur le Pays Basque Nord, au contraire.
À l’inverse, malgré les conditions défavorables, EHBai attire et semble être montée d’étage pour se placer sur un nouveau palier. Le plafond qui bridait sa progression naguère est devenu un plancher de verre, un camp de base d’où relancer une nouvelle ascension, mais qui lui permet à la fois de ne pas perdre de vue ses fondations. Car si d’aucuns diagnostiquent une crise de croissance électorale, l’organisation ne semble pas changer de nature. Sa jambe activiste continue d’emboiter le pas à sa jambe institutionnelle au travers des soutiens aux mobilisations populaires et participations aux plateformes d’acteurs militants sur de nombreux sujets (euskara, migrants, luttes paysannes, féministes, sociales, écologistes, LGBT+, etc.), avec l’organisation de ses propres mobilisations (contre la fermeture des frontières, en hommage à Yvan Colonna, etc.) et même par la construction de campagnes entières avec des séries d’actions percutantes comme celle menée sur la toiture de la résidence secondaire appartenant au ministre de l’Économie et des Finances pour exiger le déplafonnement de la taxe sur les résidences secondaires.
Premier congrès
La clôture de cette longue séquence électorale va permettre un certain répit aux partis politiques pour se centrer sur l’organisation du travail des nouveaux élus, redéployer une action de terrain, mais aussi pour engager les travaux préparatoires internes en vue des prochaines étapes. C’est en tous cas la voie choisie par EHBai —peu affectée par les sénatoriales de 2023 – qui a annoncé profiter de cette accalmie pour organiser son premier congrès à partir de la rentrée et dont l’événement de clôture se déroulera le samedi 26 novembre à la Maison des associations de Bayonne.
Ce sera l’occasion de souffler ses 15 premières bougies, mais aussi d’aborder les enjeux politiques et organisationnels nécessaires à la poursuite de sa mission : la représentation politique d’un vaste mouvement populaire en quête de souveraineté et d’émancipation du Pays Basque. C’est la raison pour laquelle l’adhésion pour participer au congrès est ouverte à toutes les femmes et les hommes de ce mouvement qui se sentent représentés et se retrouvent dans l’action menée sur les différents fronts d’EHBai, qui veulent se saisir de cette organisation politique populaire pour la faire évoluer et peut-être prendre une part active de son développement dans les prochaines années.