Dans sa chronique du mois dernier, Pantxoa Bimboire traitait du déficit du budget français 2015. Pour compéter les chiffres de Pantxoa, en voici quelques autres. Selon les comptes publiés en janvier par le ministère des finances, le déficit budgétaire de l’Etat a été de 70,5 milliards en 2015, 4 milliards de moins que le déficit prévu dans la loi de finance 2015 (75,4 Md€). Le service de la dette (le paiement des seuls intérêts sur les emprunts en cours) s’est élevé à 44 Md€ pour l’année écoulée. 44 Md€ payés par tout le monde et qui vont enrichir ceux qui ont de l’argent à prêter. 64% de cette somme (28,1 Md€) va à l’étranger, car 64% de la dette française est détenue par les étrangers (fonds de pensions, fonds spéculatifs, assurances, banques…).
Le paiement des intérêts de la dette est le troisième poste budgétaire derrière l’éducation et la défense. Il représente, par exemple, 58% du montant de l’impôt sur le revenu collecté en 2015 (75 Md€). Au déficit de l’Etat s’ajoute celui des comptes sociaux: Sécurité sociale ((santé, retraite, famille) qui s’est élevé à 13Md€ et Unedic à 4,5 Md€. Les collectivités locales ont été très sages: leur déficit 2015 atteint à peine 500 millions d’euros. Il est vrai que la loi interdit tout déficit aux collectivités territoriales. Que donne tout ceci en dette publique cumulée, autrement dit à combien s’élève la dette totale de l’Etat, des collectivités territoriales et des comptes sociaux au 31 décembre 2015? Réponse: 2.103 Md€.
Ce montant se décompose ainsi: Etat: 1.672 Md€ Administrations de sécurité sociale (SS, Unedic …) : 225 Md€ Collectivités locales: 184 Md€ Autres organismes divers d’administration centrale: 22 Md€.
A noter que ne sont pas intégrées dans ces comptes les dettes d’organismes publics tels que la SNCF (46 Md€) ou EDF (35 Md€).
Ces deux dettes vont augmenter de façon exponentielle dans les années à venir: la SNCF perd de plus en plus d’argent avec les LGV (prévision d’un déficit d’exploitation annuel de 200 millions sur la seule ligne Bordeaux-Paris) et EDF est une véritable bombe à retardement. La Cour des comptes vient de chiffrer à 100 Md€ le financement nécessaire, d’ici 2030, pour le maintien à niveau des centrales nucléaires en raison des nouvelles normes de sécurité édictées suite à Fukushima. Le coût du stockage des déchets radioactifs à durée de vie illimitée vient également d’être dévoilé: environ 30 Md€. Mais le “meilleur”, soigneusement caché par le lobby nucléaire, reste à venir: le coût faramineux du démantèlement des centrales arrivant en fin de vie dans les 20-30 ans, 150 Md€ au bas mot! Fermez le ban!
Maintenant, si on compare l’évolution de la dette des administrations publiques sur les huit dernières années, on constate que sous le mandat de Sarkozy la dette a progressé d’environ 600 Md€ (soit 50% en 5 ans) et 262 Md€ sous Hollande (14% en 3 ans). Un léger ralentissement donc, mais certainement pas une baisse de l’endettement, contrairement à ce que nos gouvernants aimeraient nous faire croire.
Et chez les autres? Alors que l’assurance maladie française creusait un déficit de 105 Md€ entre 2000 et 2014, l’assurance maladie allemande dégageait un excédent de 12 Md€. Sur la même période, l’assurance vieillesse des salariés réalisait un excédent de 16 Md€ en Allemagne contre un déficit de 65 Md€ en France. Mais c’est bien connu, les Allemands sont mal soignés et les retraités teutons crèvent la faim! Bref, nous allons laisser un sacré héritage à nos enfants et petits-enfants. Si ça peut les consoler, aitatxi disait: “sosa izanen duk beti, gu ez baigira izanen*”).
*des sous il y en aura toujours, que nous on ne sera plus.