Franchement, je ne vais pas vous lasser avec les 140 millions de personnes dans le monde qui vont devoir immigrer à cause de la sécheresse ou de la montée du niveau de la mer dans les dix prochaines années. Je ne vais pas non plus m’appesantir sur ce gouvernement français qui s’attaque aux chômeurs plutôt qu’au chômage et qui démantèle la SNCF en voulant notamment supprimer les lignes «non rentables» mettant un peu plus à mal ce qui est de moins en moins un service public des transports. Je vais éviter aussi de vous encombrer l’esprit avec la volonté d’Enedis de nous coller de force son compteur Linky ruineux, inquisiteur voire dangereux face auquel la résistance s’organise. Je vais vous épargner mes lamentations sur la situation du personnel médical, et donc des patient·e·s, dans les hôpitaux ou dans les Ehpad. Nous allons aussi faire l’impasse sur la situation récurrente des Kurdes, méritant·e·s et combattant.e.s, écartelé.e.s sur quatre états, qui, à la moindre sirène de la realpolitik, sont abandonné·e·s par des alliés de circonstance. France incluse. Nous n’allons pas non plus nous apitoyer sur le sort de Nicolas Sarkozy qui, «outragé», a pu regagner son chez soi en plein milieu de sa garde à vue, à contrario de l’usage pour le commun des mortels. Non, ayant l’esprit taquin, je vous propose de nous épancher sur deux sujets bien plus excitants via une petite et brève immersion au sein des deux débats locaux siamois que sont les fêtes de Bayonne et le roman feuilleton du rugby pro basque. Ainsi va la nature humaine !
Les quettes de Bayonne
Je ne pense pas avoir trop fortement l’esprit de guingois. Mais force est de constater que certains, dont le maire de Bayonne, ont plutôt, eux, l’esprit de girouette. Jean René Etchegaray, maire de Bayonne, après moult tergiversations, souhaite un seul club mais « en bleu et blanc et à condition que les matches aient lieu à Jean Dauger » ! Etchegaray Jean René, lui, président de l’agglo voudrait bien que la subvention municipale devienne communautaire. Les fêtes de Bayonne, comme le rugby pro, demeurent un sujet à la lisière de plusieurs thématiques qui vont bien au-delà de leur strict domaine festif ou sportif : il y a là aussi un versant économique, sociétal, financier, historique, sécuritaire, affectif, et souvent irrationnel ! Et la question des fêtes payantes sur le week-end apparaît sans débat, ni concertation au sein des forces vives de la population, et même au sein de la commission extra municipale des fêtes. Comme l’indique le Groupement des Peñas bayonnaises dans leur communiqué du 20 mars, «Face à cette réalité, les associations pensent tout d’abord que le sujet de fond est le modèle économique des fêtes. C’est bien le financement des fêtes de Bayonne qui est en jeu et non l’accès payant, qui n’est qu’une solution parmi d’autres.» Il est là dénoncé une « fausse concertation dans la précipitation » et la crainte de transformer le festayre en consommateur. Ce qui, apparemment, n’est pas encore le cas ! A contrario, cette taxe aurait au moins un avantage que le maire s’est bien gardé d’exprimer : c’est de fluidifier la foule le week end !
Les dettes de Bayonne
Mais, ce qu’auront retenu les habitant.e.s de Bayonne dans ce pseudo débat, c’est qu’on leur reconnaît qu’ils ou elles n’ont pas à payer deux fois (par l’entrée et par leurs impôts). Que voilà un argumentaire intéressant que l’on pourrait aussi appliquer aux abonné·e·s de l’Aviron rugby pro. (1)
Certes, cela participerait à mettre un peu plus à mal l’entreprise de spectacles sportifs mais sans nul doute à petite échelle car les abonné·e·s résidents bayonnais ne sont pas légions. Le club pro draine en effet une population éclectique du pays basque intérieur au sud des Landes. Aussi, peut être est il temps, à l’instar des fêtes, de demander l’avis de la première concernée : la population bayonnaise. Sur les fêtes : son contenu, sa durée, ses dates, ses comptoirs et ses sonos, son éventuel accès payant, … Sur le club de rugby pro : sa subvention municipale de plus d’un million d’euros (1,7 millions en 2017), sa politique tarifaire… Mais surtout, une question centrale qui n’est pas directement celle de la fusion. En effet, les différentes directions des associations de supporteurs seraient bien avisées de lancer, enfin, une consultation sérieuse et irréprochable techniquement auprès des abonnés, des spectateurs, voire des bayonnais sur une ou plusieurs questions dont celle là : “Êtes vous favorables à la constitution d’une seule équipe professionnelle de rugby en Pays basque en conservant les sections amateurs de rugby du BO et de l’AB ?“.
Ah bé ho !
Ils sont quand mêmes gonflés les responsables des clubs de supporters de parler au nom de personnes qu’ils ne consultent jamais ! Et de faire systématiquement l’impasse dans leur communication de la question financière. Comme s’ils n’avaient pas fait le deuil de l’amateurisme, entamé il y a 20 ans ! Cette saison à Bayonne, plus d’un millier d’abonné.e.s ont rendu leur carte. Et on peut craindre que le mouvement se poursuive dès la rentrée prochaine. Le stade se vide avec une moyenne de 7000 personnes pour une capacité de 17000. Bientôt, il y aura encore moins de monde qu’à Aguilera. C’est dire ! Les sponsors désertent le club et l’on annonce, non seulement un déficit approchant le millions d’euro pour cet exercice (2), mais une diminution du budget de 11 à 9 millions d’euros pour l’an prochain. On est loin d’une gestion en bon père de famille : des salaires de Top 14, un staff d’entraîneurs digne d’un gros club de Top 14, un nombre incalculable d’extra dont des anciens inspecteurs de la PJ bayonnaise, une présence démentielle de membres de sociétés privées de sécurité, … Pendant ce temps là, le duel mortifère et séculaire entre les deux clubs continue avec la bénédiction immature de certains financeurs, politiques et d’une partie des supporters de chaque camp. Vive la Fédérale 1 !
(1) N’oublions pas que l’Aviron Bayonnais est avant tout un club omnisport ayant vocation à développer le sport pour tous et toutes autour de 20 sections. La première section, la rame, est née en septembre 1904 à la suite d’une scission au sein de la Société Nautique de Bayonne. Pour l’anecdote, le groupe de jeunes rameurs félons, par l’entremise de son secrétaire de l’époque, Martin Noblia, avait décidé de ne pas élire de président « chacun en faisant les fonctions en séance à tour de rôle », écrivait il lors d’une demande d’inscription à la fédération.
(2) La situation paraît aussi compliquée au Biarritz Olympique avec un gros déficit pour l’année en cours et une guerre de pouvoir au sein des financeurs dont certains, peu recommandables, à l’image d’un Charles Gave proche des idées du Front national.