Voici la photographie du moment de la seconde consultation en cours des 158 communes basques pour la création de l’EPCI unique. “Nous n’avons pas vécu depuis longtemps un sujet aussi politique”. Si l’on peut souligner le remarquable travail effectué ces derniers mois, nul ne peut manquer de remarquer que le débat ces dernières semaines a perdu en qualité.
Encore quelques semaines pour l’officialiser… Les votes dans les mairies au sujet de l’intercommunalité unique se multiplient en ce début de printemps. Au moment d’écrire ces lignes, 73 communes représentant 54,5% de la population se sont exprimées favorablement. Autrement dit, la première condition, celle du nombre d’habitant-e-s est d’ores et déjà remplie et le nombre de communes à atteindre devrait être dépassé avant la mi-mai.
Deux ans, c’est le temps qui est passé depuis la présentation par le préfet des Pyrénées-Atlantiques d’une proposition d’EPCI Pays Basque, sous forme de Communauté d’Agglomération.
Loin du simple “bornage des frontières intercommunales“
Depuis, un nombre incalculable de réunions, des milliers et des milliers de fascicules explicatifs distribués massivement par Batera tout au long du parcours de la Caravane qui a traversé la totalité des 158 communes à la rencontre des habitant-e-s, des dizaines de réunions publiques… Le sujet est omniprésent ! Un débat de qualité qui laisse place aux avis divergents.
Le préfet lui-même en décembre dernier témoignait de la différence importante entre le Pays Basque et le Béarn dans l’exercice de refonte de la carte de l’intercommunalité.
Si à l’est du département la phase actuelle consiste simplement à un “bornage des frontières intercommunales”, une application bête et disciplinée de la loi, la partie ouest construit un projet commun, une vision de territoire.
Opposition désorientante
Pour autant, si l’on peut souligner le remarquable travail effectué ces derniers mois, nul ne peut manquer de remarquer que le débat ces dernières semaines a perdu en qualité. N’hésitant
pas à recourir à l’argent public pour diffuser de pleines pages de publicités dans un quotidien local, c’est à grands coups de messages volontairement simplistes, biaisés avec pour seul objectif non pas d’informer mais de désorienter les citoyen-ne-s que les opposants occupent le terrain.
Cette structure qui verra le jour peut et doit se nourrir des visions différentes qui coexistent sur ce territoire, de la fameuse complémentarité côte-intérieur, des opinions politiques diverses. Mais, à l’image de ce qu’a été le fonctionnement du Conseil des élu-e-s ces dernières décennies, l’intérêt prioritaire doit être l’avenir de nos communes, le quotidien de ses habitant-e-s.
La phase actuelle des travaux s’est achevée par un nouveau tour des intercommunalités pour apporter à l’ensemble des élu-e-s municipaux, les éléments de réponses obtenus lors des “ateliers d’Hasparren”.
Oh certes des questions demeurent, mais les élu-e-s municipaux ont désormais les cartes en mains pour pouvoir se positionner. Il serait risqué de vouloir extrapoler la première moitié des votes et d’en faire la comparaison avec les votes de l’automne dernier, mais on peut tout de même regarder au cas par cas des tendances se dessiner.
Confirmation
Globalement, sur les premières communes la tendance est à la confirmation de la position du premier tour de vote.
En nombre de voix au sein des conseils municipaux, les changements se font à la marge… Des élu-e-s ayant voté blanc à l’automne dernier votent pour ou contre ce coup-ci avec les éléments apportés ces derniers mois. D’autres persistent dans l’abstention jugeant certainement manquer de recul. Et puis il y a ceux qui ont pris position l’automne dernier mais qui sont en train de changer d’avis, dont la perception du projet évolue, ceux-là s’ils ne rejoignent pas le camp d’en face pourront aussi entrer du côté des votes blancs.
L’important à présent avant d’enclencher, avec et autour du Conseil des élus, les phases de préfigurations est d’obtenir au plus vite la moitié des communes. Ainsi, cela scellera l’issue de ce processus et libèrera toutes les énergies pour oeuvrer au projet politique, le pacte de gouvernance dont on a déjà beaucoup parlé et les modalités concrètes de mise en oeuvre.
Sujet politique
Terminé le temps de la confrontation, les élu-e-s devront faire preuve de bonne volonté politique pour travailler ensemble. D’autant que la future Commission permanente comportera son lot d’élu-e-s qui font actuellement campagne contre la création de l’EPCI unique. Et les derniers mois vont forcément laisser des traces…
Le poste de président de l’ACBA a changé de mains, certaines majorités se sont publiquement scindées sur cette question, des oppositions non affirmées jusque-là sont apparues dans certains conseils et dans des petites communes, cela faisait longtemps qu’un sujet “aussi politique” n’avait pas été abordé.
Certaines équipes municipales, avec ce débat sur la Communauté Pays Basque ont vécu le troisième tour des municipales de 2014 pour d’autres encore c’est peut-être le tour zéro des municipales 2020 qui a été lancé.
Toujours est-il que le chantier est encore immense mais l’espoir ne doit pas être déçu.
Le défi est de taille nul doute que cette fois encore, ce territoire qui a su tenir ce genre de pari dans le passé sera à nouveau au rendez-vous de son Histoire.
En votant en faveur de l’EPCI Pays Basque nombre d’élus apportent la preuve qu’ils savent placer l’intérêt général au-dessus de l’intérêt particulier. En adhérant au projet qui actera la disparition des intercommunalités existantes, des dizaines d’élus qui occupent actuellement les postes de présidents ou vice-présidents renoncent aux indemnités qui vont avec. Même si la plupart de ces indemnités sont modestes, quelques centaines d’euros de moins à la fin du mois, ce n’est pas anodin.
A l’heure du “tous pourris” qui prévaut un peu partout, cet état d’esprit désintéressé est à souligner. Il contraste singulièrement avec l’attitude de certains élus de l’Acba dont l’un des objectifs en s’opposant à l’EPCI unique est de préserver leurs prébendes qui, elles, n’ont rien d’anecdotique.