“La première intention de cet essai fut de raconter mes lectures d’été. Une BD trouvée par hasard dans une maison d’une cousine corso basque intitulée : Patxi Babel sortie en 2014(1). Puis de parler du troisième ouvrage —en fait un petit focus à caractère pédagogique— réalisé par le prof d’histoire géo hiriburutar d’origine xiberutar et non moins sympa, Mathieu Elgoyhen(2). Enfin, ma femme a lu pour moi Le jour où Nina Simone a cessé de chanter qui raconte l’histoire d’une adolescente immigrée syrienne, pro palestinienne, vivant au Liban, dans les milieux intellectuels, et qui tente de devenir, en pleine guerre politique et religieuse, une femme libre(3)…
Et encore, cette chronique littéraire intervenait à défaut d’une première que j’aurais voulu faire écrire par un pote que j’aime bien, bayonnais, de gauche et même intelligent mais qui ne porte pas les abertzale dans son coeur. Une chronique faite par une fine plume déroulant des critiques à l’adresse des abertzale et de leur(s) stratégie( s) n’est pas faite pour me déplaire. Car je suis convaincu que cela permet de mieux comprendre certains argumentaires qui nous sont opposés et d’en prendre la mesure.
C’est le gage d’une meilleure communication et pourquoi pas de rectifier nos comportements individuels et collectifs.
Alors, en attendant, comme sujet potentiel pour l’édition d’Enbata du mois d’août, il me restait les vacances de juillet en famille. Et quelles vacances !
Des vacances de beaufs !
Je ne sais si notre campagne publique de 1983 organisée par les Herri Talde de l’époque sur la dénonciation du tout tourisme dont le support, pas forcement adapté, “Touristes attention, le Pays Basque n’est pas à vendre !”, avait pendant quelques temps limitée la casse. Le tout relayé par Iparretarrak qui faisait parler, chez nous, la poudre… et le gaz.
Force est de constater qu’aujourd’hui, ce tout tourisme-là se porte bien. Avec ses postes de saisonniers précaires et parfois exploité( e)s, son nombre effrayant de maisons secondaires, son foncier qui atteint des sommets inaccessibles pour la plupart des indigènes d’Euskal Herria, des pollutions croissantes, et nos langues et cultures toujours plus menacé(e)s.
Bref, on s’est dit que si ces touristes venaient chez nous, pourquoi n’irions-nous pas chez eux, dans la France profonde. La vraie ! Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous partons 8 jours faire la tournée des parcs d’attractions, en combi aménagé, avec deux enfants de 11 ans et de 20 ans. Heu… En fait de 11 ans et 3 ans qui est l’âge de développement de notre grand autiste profond, non-verbal et pas vraiment autonome.
Futuroscope, Disneyland et Puy-du-Fou nous voilà !(4)
Ni qab ni maître !
Il faut dire que la France, très en retard dans le diagnostic et la prise en charge adaptée de nombre d’handicaps, compense allègrement ce scandale par l’octroi d’aides diverses via la MDPH(5) avec la CAF comme organisme payeur. Pourtant, dans ces trois parcs, l’accueil est optimal pour toute personne en situation de handicap. A chaque activité, un passage dédié permet d’éviter la file d’attente en accédant derechef à l’animation. Le personnel y est admirable et particulièrement attentionné. En déconnant, nous avions même proposé à quelques ami(e)s resté(e)s en Paysbasqueland, qu’à l’occasion, nous pourrions leur louer notre grand, afin de ne passer qu’une journée dans un parc. Depuis nous avons appris qu’aux USA, des personnes avec handicap louaient leur service à cette intention. Ils sont forts ces Américains !
Les femmes voilées sont forcément très visibles sous une température de plus de trente degrés. Certaines, et c’est finalement assez risible, apposent même des oreilles de Mickey sur leur foulard pendant que d’autres, très minoritaires, circulent voilées des pieds à la tête, arborant un masque de chirurgien et des grandes lunettes de soleil afin de contourner l’interdiction du port du niqab intégral, pendant que leur mari se la coule douce en tenue décontractée. On s’attendait à Disneyland à quelque chose de plutôt féerique qui n’a pas eu lieu, alors qu’à contrario, le spectacle nocturne nous a éblouis par un composé son-lumière-dessin animé, jeux d’eau, feu d’artifice.
Nous eûmes l’entrée à moitié prix via un comité d’entreprise soit 45 euros ! Vous avez multiplié par deux ?
Mono rit et deux vies liées
Le Futuroscope, lui, s’inscrit dans un ensemble où se côtoient pôle universitaire et de recherche, une technopole et un parc de loisirs à thème technologique, scientifique, d’anticipation et ludique qui fête ses trente ans. Plus accessible que chez Mickey, l’entrée simple pour un adulte s’élève à 34€. Nous avons, pour notre deuxième visite, toujours apprécié l’excellence de certaines animations mêlant beauté des images, documentaire animalier et musique originale. Mais ce qui nous a bluffés, loin du parc d’attraction classique, c’est bien le Puy-du-Fou et ses 1,5 million de visiteurs chaque année. Pour 48€/adulte les deux journées, nous avons été transportés vers des aventures traversant les siècles grâce à des jeux scéniques de toute beauté. Le cadre est magnifique et nous passons d’un stadium galloromain à une cité lacustre, d’une enceinte fortifiée et son château à la vie quotidienne des poilus de la Grande guerre dans la tranchée de Verdun. D’autres animations moins spectaculaires concilient le culturel et le ludique, l’émotion et le pédagogique. Notre tiercé dans l’ordre est bien Philippe suivi de René et loin derrière Walt, le populiste très conservateur.
(1) La vague Tome 1 de Pierre Boisserie et Georges Abolin aux éditions Dargaud.
(2) Franco et le Pays Basque aux éditions Elkar, 2015.
(3) De Darina Al-Joundi et Mohamed Kacimi aux éditions Actes Sud, 2008.
(4) Que l’abertzale qui n’a jamais été voir un parc d’attractions nous jette la première bière comme dirait feu Renaud qui nous a quittés juste après avoir réalisé son dernier opus dont les paroles de certaines chansons doivent être écrites par un enfant de niveau CP.
(5) Maison Départementale des Personnes Handicapées.