Dernier volet (voir les volets 1 et 2 ) d’une réflexion consacrée à la montée de l’extrême droite en France, cette analyse appréhende la situation au Pays Basque et appelle à la vigilance, même si notre territoire produit aujourd’hui son antidote dans l’action militante. Face à un problème social dont l’origine est provoquée par des politiques libérales, les luttes qui ne permettent pas d’atteindre satisfaction peuvent glisser vers des conflits d’identité, de caractérisation des individus et des groupes parmi lesquels il faudrait répartir les quelques miettes encore disponibles.
Le Pays Basque Nord est un territoire qui reste peu impacté par la montée des opinions d’extrême droite. On assiste toutefois à des prises de position parfois inquiétantes qui naissent discrètement dans le brasier des problématiques qui impactent la population du territoire.
Ces options proposent des voies idéologiquement dévoyées et stratégiquement erronées.
Les acteurs militants du Pays Basque Nord, et tout particulièrement les forces abertzale, présentent, quant à elles, des caractéristiques qui mettent en lumière un logiciel d’action spécifique qui agit comme un antidote antifasciste sur les problématiques sociales originelles pour éviter, à la source, un glissement vers des thèses réactionnaires.
Je prendrai ici deux cas de luttes avant d’esquisser les éléments forts de ce logiciel militant.
L’accès au logement social
La question de l’accès à un logement abordable constitue une problématique sociale matérielle évidente pour notre territoire. La transformation accélérée du parc de logement en résidences secondaires et en meublés touristiques permanents prive la population de résidences principales. L’offre très insuffisante de logements sociaux ne peut répondre aux demandes de la population ni inverser la tendance par les constructions nouvelles.
Or, la reconversion en résidence principale de la capacité du parc de logement existant permettrait non seulement de loger les habitants actuels à des prix bien plus abordables, mais aussi d’absorber la demande des nouveaux arrivants. Face à cette situation de privation et de raréfaction, certains discours abandonnant les luttes pour changer fondamentalement le panorama, plaident en faveur d’une priorisation des habitants, notamment des jeunes, dans l’accès aux seuls logements sociaux existants. Or, pour certains, cette proposition de “discrimination positive” est plutôt soutenue pour le côté “discriminant” que “positif”. Leur soutien s’accompagne surtout de relents douteux de rejet du public non originaire du territoire pour des motifs ethnoculturels et de refrains d’Aznavour selon lequel “la misère serait moins pénible au soleil” en accusant des publics, autrement plus démunis, de chercher à prendre le toit des jeunes Basques.
L’accès à l’enseignement immersif
La configuration fut assez similaire en 2013/2014 dans le cas du blocage des attributions de nouveaux postes pour Seaska qui devait alors faire face à une demande plus importante que sa capacité d’accueil. De même, face à une situation de pénurie matérielle, de privation, un des angles approchés fut celui de maintenir le taux d’encadrement et donc d’une capacité d’accueil inférieure à la demande. Cette situation aurait également pu contraindre à la nécessité de trier les élèves selon leur profil. Je me souviens encore de discussions avec des parents d’élèves se questionnant sur la pertinence d’accepter des élèves de parents non bascophones qui, pour des raisons pédagogiques et de qualité d’apprentissage linguistique, auraient mené à privilégier les enfants de bascophones.
Conclusion à tirer
Devant la raréfaction et la privation matérielle, certains cèdent à la tentation de sélectionner un public autorisé à accéder à la ressource limitée. Face à un problème social dont l’origine est provoquée par des politiques fondamentalement libérales, les luttes qui ne permettent pas d’atteindre une satisfaction face au blocage peuvent, très insidieusement, glisser vers des conflits d’identité, de caractérisation des individus et des groupes parmi lesquels il faudrait répartir les quelques miettes encore disponibles. En bref, des luttes qui ne portent plus sur la genèse des causes, mais sur la dégénérescence de leurs conséquences. Le problème est que l’on en vient parfois à choisir paradoxalement ceux qui en ont le moins besoin : pour le cas du logement, celles et ceux dont le patrimoine immobilier familial protège d’une mise à la rue ; pour le cas de l’euskara, celles et ceux dont le patrimoine linguistique familial permettrait une acquisition hors cadre scolaire.
Un antidote local
Pour ces deux exemples, comme dans la majorité des luttes locales, la réponse des acteurs militants a emprunté d’autres voies et a offert une sortie par le haut. C’est là que se situe la principale différence avec l’Hexagone. Les acteurs militants locaux et principalement les forces abertzale de gauche, parviennent à donner un tournant progressiste à cette colère populaire, issue de problématiques sociales concrètes, générée par les politiques libérales, et qui s’affronte au refus répété de l’administration française de donner satisfaction aux aspirations populaires. La recette de ce tournant progressiste est à chercher dans le logiciel militant tout à fait spécifique dont voici quelques-uns des principaux ingrédients :
1 / Construire des luttes radicales qui visent la récupération et la répartition des ressources adéquates aux besoins de la population et qui affrontent les vraies causes des problèmes sociaux, plutôt que la gestion de leurs conséquences dégénérées en questions identitaires et communautaires ; voire mieux, s’appuyer sur le traitement des conséquences concrètes des problèmes sociaux par de l’action d’urgence immédiate pour construire des luttes qui remontent progressivement vers les causes fondamentales.
2 / Cibler des victoires concrètes et, d’étape en étape, monter en puissance en entraînant les masses populaires touchées par les problèmes sociaux ; tout en maintenant une visée transformatrice radicale qui renouvelle en permanence la subversivité.
3 / Articuler la question sociale et la question nationale et identitaire : s’appuyer sur les problématiques sociales concrètes pour déboucher sur la construction d’une communauté politique inclusive ancrée à un territoire d’action à échelle humaine et obtenir – ou construire– les outils institutionnels officiels – ou alternatifs – permettant en retour de les résoudre.
Série d’article très intéressante. Dans ce dernier article, j’aurais apprécié un peu plus de précisions sur ces “prises de positions parfois inquiétantes”. Il semblerait qu’il ne s’agisse pas de prises de positions abertzale. Mais du coup ça reste flou. Sur l’enseignement immersif, l’auteur parle de débats qu’il a entendus. Pour le logement, quelles sont ces prises de position inquiétantes ? Le projet d’un statut de résident en fait-il partie ? Personnellement, je n’ai pas d’avis tranché sur cette question (celle du statut de résident). J’aimerais comprendre si Txomin s’y oppose ici.
Oui la série d’article est intéressante , mais beaucoup trop complexes et remplie de mots compliqués pour des gens qui ne connaissent rien a la sociologie politique . C’est parfois se qui m’inquiete dans la gauche abertzale . Beaucoup de gens très intélligents , sur-diplômés , capables d’écrire des pages et des pages de réflexions idéologiques et ensuite se faire battre dans des élections par Jean Lassalle et ces pitreries !
La masse est idiotes !! Et c’est comme sa et il faut l’accepter , le respecter et ne pas chercher a en faire des hommes nouveaux . Aujourd’hui Marine le Pen na plus une base électorale de contestataire , de chômeurs et de racistes . Elle a une base électorale de gens qui l’aiment et c’est rare en politique . Un dés dernier sur qui j’ai vue cela c’est sur Hugo Chavez .