Il n’est pas facile de dresser en quelques lignes le bilan d’une année… Pour ce qui est de l’actualité de 2018 en Pays Basque, je retiendrai quant à moi trois éléments.
Communauté Pays Basque
Le premier est de nature institutionnelle. Durant cette année, la Communauté Pays Basque a procédé à une première phase de sa mise en place : la prise de compétences qui vient de se clôturer le 15 décembre. Il faut remarquer que cette phase délicate dans la constitution d’une institution, dont le Pays Basque s’est récemment dotée suite à près de 200 ans de négation totale, s’est déroulée sans rupture du service public. Une nouvelle séquence s’ouvre maintenant, elle doit être celle de la réorganisation de sa gouvernance, afin de mettre en œuvre un fonctionnement le plus décentralisé possible à l’échelle des territoires configurés par les anciennes intercommunalités. Quel beau chantier en perspective !
Résolution du conflit en Pays Basque
Le second élément est de nature politique. Suite à son désarmement réalisé le 8 avril 2017 par le biais de la société civile, et après plus de 50 ans d’existence, l’ETA a annoncé en mai dernier à Arnaga sa dissolution. Ce pas historique était censé ouvrir de larges perspectives à la résolution du conflit en Pays Basque. Et il est vrai, nous avons assisté dans la première moitié de l’année 2018 au rapprochement de plusieurs dizaines de prisonniers politiques basques. Mais ce mouvement c’est subitement arrêté. Il est aujourd’hui totalement bloqué. Et nous sommes encore très loin du compte par rapport à ce que devrait être le traitement de la question des prisonniers au regard de la justice transitionnelle telle qu’elle a été pilotée par des experts internationaux en Irlande du Nord ou en Afrique du Sud. « Avec la fin de la violence (et à fortiori avec la dissolution de l’ETA), tout sera possible », nous disait-on à l’époque… Et pourtant aujourd’hui, l’Etat français n’en n’est même pas au point d’appliquer sa propre législation en matière de rapprochement, d’octroi des libertés conditionnelles, de libération des prisonniers… Quel cynisme ! Pour y faire face, la mobilisation est plus que jamais indispensable, et la manifestation du 12 janvier constitue à cet égard un rendez-vous incontournable.
Limites de l’iniquité fiscale
Le troisième élément est de nature sociale. Nous avons tous été surpris par le mouvement des gilets jaunes. Car nous en étions restés à la déclaration d’il y a quelques années du milliardaire américain Waren Buffett selon lequel : « la lutte des classes existe, et c’est ma classe, la classe des riches qui est en train de la gagner ». Effectivement, grâce à des sociologues comme Michel et Monique Pinçon-Charlot, nous avions bien conscience que la classe bourgeoise existe, et qu’Emmanuel Macron ne ménage pas ses efforts pour servir ses intérêts. Considérant sûrement que nous étions dans une situation de type « Pax romana » de la lutte des classes, il a poussé trop vite et trop loin le bouchon de l’iniquité fiscale pour redécouvrir à ses dépens que la classe populaire existe elle aussi, et qu’elle est encore capable de se mobiliser. Quelle claque ! Il y a aura un avant et un après la crise de gilets jaunes.
L’après nous promet une année 2019 dont le bilan devrait être tout aussi étoffé que celui de 2018… Donc, à tous les lecteurs et lectrices d’Enbata : urte berri on !