Culture participative, organisation des nouveaux secteurs précaires, lutte contre les politiques migratoires ou contre le racisme, à la veille de sa première Assemblée générale en Pays Basque Nord, les 16 et 17 juin prochains, le syndicat LAB déploie de nouveaux chantiers. Voici le détail de ces enjeux.
Pour la première fois de son histoire, le syndicat LAB tiendra son Assemblée générale en Ipar Euskal Herria (IEH) les 16 et 17 juin 2022. Après Gasteiz, Bilbo ou encore Iruñea, c’est au tour de Miarritze et de Baiona d’accueillir les débats et réflexions de l’unique syndicat national de notre pays.
Créé en 1974 avec la constitution de Commissions ouvrières abertzale, sous la dictature franquiste, LAB compte aujourd’hui 46.000 adhérent·e·s dans l’ensemble des sept provinces. Depuis notre dernière Assemblée générale, en 2017, nous comptons 5.000 nouveaux·elles adhérent·e·s, une hausse de 12% en cinq ans.
A l’heure où les grandes centrales syndicales françaises et espagnoles déclinent, le syndicalisme de classe, combatif et indépendantiste, fait preuve d’une dynamique croissante. Cette montée en force n’est nullement dûe au hasard.
Au fil des décennies, le syndicat et ses militant·e·s, s’organisent, se battent, repensent les modèles de luttes pour être au plus près des réalités des travailleur·euse·s d’Euskal Herria.
Le slogan de la 10e Assemblée illustre cette dynamique: “Bagara-Bagoaz” (Nous sommes – Nous y allons). Par sa tenue en Ipar Euskal Herria et le contenu de la motion, nous visons deux objectifs : réaffirmer nos positions et franchir de nouvelles étapes.
LAB un outil national depuis plus de 20 ans
Depuis sa création, LAB a toujours eu vocation à être une organisation nationale. Nous manifestons pour la première fois dans les rues de Baiona lors du 1er mai 2000. S’en suivront la création des premières sections syndicales, la présentation aux élections syndicales et prudhommales…
LAB a gagné son pari, malgré les embuches systématiques, les procès (toujours remportés), l’apartheid syndical, les pressions et les doutes de certain·e·s militant·e·s. 22 ans après sa création en Ipar Euskal Herria, l’histoire nous donne raison : la classe travailleuse d’Euskal Herria a besoin d’un outil syndical national, là où l’Euskara a sa juste place.
L’organisation nationale ne tient pas du symbole mais d’une nécessité pour la construction de notre pays. Si Ipar Euskal Herri se structure politiquement, avec la création de la CAPB par exemple, d’un point de vue de classe, cette institution reste bien trop limitée. Des pas vers une structuration sociale doivent être franchis rapidement : création d’une Commission paritaire locale pour les salarié·e·s du privé et d’un Comité social intercommunal pour les agents du public. Ces instances permettront de construire un réel rapport de force depuis les entreprises, par et pour les travailleur·euse·s.
La seule organisation légitime et à même de lutter dans le monde du travail reste le syndicat. Dans notre proposition de code du travail basque et de la sécurité sociale basque, nous défendons par exemple la semaine à 30 heures, un salaire minimum à 1663 euros net mensuel, un salaire maximal plafonné, la retraite à 60 ans, la compensation pour le travail non salarial lié aux soins…
Vers de nouveaux défis
La motion actuellement en débat sera soumise au vote lors de notre AG. Si nous tenons à y appuyer nos convictions initiales (construction nationale, lutte anticapitaliste et lutte des classes, féminisme, transition éco-socialiste) nous nous engageons pour de nouveaux défis.
Cinq ans après la mise en place du secrétariat féministe, nous proposons la création du secrétariat anti-raciste. LAB doit être un outil de lutte face aux politiques migratoires racistes et assassines des Etats français et espagnol, face à l’exploitation des travailleur·euse·s migrant·e·s et/ou racisé·e·s. Ne pas être raciste ne suffit pas, c’est avec et par ces travailleur·euse·s que nous proposerons une nouvelle offre syndicale, seule façon de renverser réellement et efficacement les injustices.
Le secrétariat féministe en est une preuve : sur les 5000 nouveaux·elles adhérent·e·s la majorité sont des femmes. Il a permis l’activation d’actions syndicales féministes et l’organisation de secteurs féminisés. De même, LAB poursuivra son travail pour organiser les secteurs les plus précaires et en évolution (robotisation, auto-entreprises, uberisation) et pour renforcer l’action syndicale et sociale.
Sur les 5 000 nouveaux·elles adhérent·e·s de LAB,
la majorité sont des femmes.
Le secrétariat féministe
a permis l’activation
d’actions syndicales féministes
et l’organisation de secteurs féminisés.
Par ailleurs, pour renforcer l’horizontalité et l’activation des militant·e·s, nous mettrons en place un plan stratégique pour développer la culture participative. Nous revoyons aussi notre modèle de direction. Nous proposons deux coordinateur·trice·s nationaux ·ales, avec a minima une femme.
La nécessité de s’organiser
Le système capitaliste tue. Tant que notre riposte n’est pas à la hauteur, il continuera à enrichir une minorité quitte à détruire la planète. Le syndicalisme d’aujourd’hui et de demain ne doit pas se contenter d’une position de défense mais d’attaque. Tout être humain doit pouvoir vivre dignement en respectant les limites de la planète et de la nature.
Idéaliste vous dites ? Oui, c’est bien ce que les capitalistes veulent nous faire croire pour étouffer une lutte qui serait perdue d’avance. Pas de fatalité au capitalisme : partage et distribution des richesses, réduction du temps de travail, pouvoir aux travailleur·euse·s.
Pour un monde juste, solidaire, féministe et viable, dénoncer le capitalisme ne suffit pas, il faut le combattre. Travailleurs, travailleuses, notre arme: l’organisation et l’union.