Le collectif Lurra eta Etxebizitza a organisé dernièrement une journée d’action pour dénoncer la spéculation immobilière et foncière en Pays Basque Nord. Saint-Jean-de-Luz était le cadre choisi car symptomatique des dérives enregistrées dans ce domaine. Non seulement les maisons vides ou secondaires s’y comptent par milliers, mais le prix des logements y atteint des sommets inaccessibles à la très grande majorité des locaux recherchant une habitation.
Symboliquement, une des agences du boulevard Thiers, visiblement spécialisée dans le haut de gamme, a été occupée. Pourquoi pas. Mais n’importe quelle autre agence de la cité aurait pu l’être. Car il suffit de faire le tour des agences immobilières de Saint-Jean-de-Luz pour se rendre compte que c’est le simple fait de se loger à Donibane Lohitzun qui est devenu «haut de gamme».
Est-il choquant qu’il y ait du «haut de gamme» à Saint jean de Luz ou ailleurs ? A priori non… Ce qui l’est par contre, c’est que le prix au m² du moindre studio ou d’une maison familiale soit hors de porté d’une bourse «locale», ou «normale», car dopé par «la demande» exponentielle des réseaux, nationaux ou internationaux, auxquels adhérent la très grande majorité des agences immobilières.
Ces dernières sont-elles les seules responsables de cette situation ? Bien évidemment que non. S’il y a un acheteur, c’est qu’il y a un vendeur. Est-il choquant qu’un propriétaire veuille vendre son bien au meilleur prix ? C’est en se posant ce genre de question que le problème se complique un peu plus. Ces mêmes questions se posent ailleurs.
Vidéo informative sur la question immobilière du Collectif Lurra eta Etxebizitza
En Corse, cet été, le débat a été relancé par Paul Giacobbi, le président du Conseil exécutif territorial en personne. Il s’est clairement prononcé pour un véritable contrôle du marché immobilier en déclarant “on ne peut plus admettre, sinon à souhaiter la spéculation et toutes les dérives qui l’accompagnent, que la terre de Corse continue à être totalement libre d’acquisition“. La nécessité de casser les logiques de la spirale spéculative devient inéluctable. Acheter un terrain ou un bien devra devenir plus compliqué pour ceux qui n’ont pas d’attache. Après avoir encouragé “l’économie résidentielle” en favorisant l’arrivée massive de retraités à fort pouvoir d’achat, l’administration corse en mesure aujourd’hui les limites et les conséquences. Cette déclaration venait en écho à celles des «Journées Internationales» de Corte où l’instauration d’un «statut de résident» pouvant permettre d’acquérir un bien avait été évoqué.
Au Pays Basque aussi ce débat doit avoir lieu. Nous sommes arrivés à la limite de l’acceptable. Ici aussi la taille du porte-feuille de l’acheteur ne doit plus être le seul critère permettant la transaction. L’achat ou la vente d’un bien immobilier doit être encadré afin d’échapper à toute logique spéculative. Posséder une maison secondaire, ou être propriétaire d’une maison inoccupée, devra devenir plus compliqué, plus contraignant. Des solutions existent. C’est une question de volonté politique. C’est une question d’urgence.