L’architecte d’une politique culturelle exemplaire

Jakes Abeberry plaide auprès du député PS Jean-Pierre Destrade et du ministre de la culture Jack Lang en faveur du vote du projet de loi socialiste sur les langues et cultures régionales.
Jakes Abeberry plaide auprès du député PS Jean-Pierre Destrade et du ministre de la culture Jack Lang en faveur du vote du projet de loi socialiste sur les langues et cultures régionales.

La dette que le Pays Basque d’aujourd’hui doit à Jakes Abeberry est sans doute colossale mais beaucoup omettent curieusement d’en souligner le fond de sauce, le liant, ce qui est par essence la cohérence de notre territoire, son identité et sa vigueur. Dans l’âpreté du discours politique, dans l’art de faire joute, de faire stratégie ou de ferrailler, la culture demeure trop souvent ce qui semble oublié. Pourtant, Jakes a largement contribué à l’émergence de la création basque, accompagnant la mise en place d’outils sur tout le territoire ou érigeant à Biarritz son petit Guggenheim pour transformer l’identité de la ville, en faire un lieu triomphant de culture et de festival, avec son phare rayonnant bien au-delà.

Si aujourd’hui cette vocation culturelle semble couler de source dans la cité impériale, il n’en était rien à la fin des années 80 lorsque Biarritz négociait sa mutation en coulant du béton. Sous l’impulsion du maire Bernard Marie, le Casino municipal de Biarritz allait devenir un lot d’appartements de standing et la vieille gare du centre-ville, une salle de basket censée peut-être concurrencer Orthez. Élu d’opposition, Jakes a plaidé pour sa ville auprès de ce maire si peu intuitif, obtenant finalement que le terrain de basket ne soit pas au centre du public mais repoussé sur un côté. Bien sûr, il n’y eu jamais un seul panier. Lors de l’inauguration de ce « palais des festivals » de plus de 1300 places, Jakes était déjà adjoint à la culture aux côtés du maire Didier Borotra mais l’ampleur de la scène de la Gare du Midi, aux dimensions exactes d’un terrain de basket, n’en fini pas d’étonner danseurs et musiciens qui n’en trouvent d’équivalent qu’à l’opéra de Paris.

Dans un élan de compassion, Jakes avait également défendu le même dispositif auprès du maire de Bayonne, Henri Grenet, qui souhaitait ériger à Lauga un Palais des sports, mais celui-ci balaya le plaidoyer en estimant qu’un tel équipement était superflu pour accueillir « une poignée de chanteurs espagnols ». On peut, bien sûr, en sourire tristement, près de quarante ans après, à l’heure où la mairie de Bayonne doit déployer des trésors d’ingéniosité pour faire passer cet équipement sportif pour une salle de spectacle.

Jakes était un danseur, un scénographe, un architecte. Au-delà des nombreux équipements culturels construits à Biarritz, depuis la crypte Sainte-Eugénie ou le théâtre du Casino municipal en passant par le Colisée et l’Atabal, c’est aussi la politique culturelle menée qui fait la pertinence d’une vision singulière.

On peut bien sûr citer l’installation du Centre chorégraphique national Malandain Ballets Biarritz qui est aujourd’hui l’un des moteurs de la danse basque.

Privée d’un service culturel, la mairie de Biarritz a, dès les années 90, créé l’association para-municipale Biarritz Culture. Là où ses détracteurs voyaient en Jakes un abertzale forcené qui allait imposer le mutxiko obligatoire sur la plage, ce sont au contraire les arts qui ont nourri la création basque, en confrontant les musiciens émergents avec d’autres cultures, lors du festival Bi Harriz Lau Xori qui, avec l’aide de l’Institut culturel basque, attirait un public de tout Iparralde, lors du festival Le temps d’aimer la danse, qui a accompagné les chorégraphes basques dans leur métamorphose entre danse traditionnelle et contemporaine, ou plus simplement en ouvrant la voie, au Pays Basque, aux spectacles jeune public, bien avant que la Communauté d’agglomération Pays Basque en fasse le fer de lance de sa programmation, sensibilisant plusieurs générations à des spectacles vivants de qualité. À l’heure où, justement, la CAPB déploie sa politique culturelle, rendant aux communes la responsabilité de la programmation, l’action de l’association Biarritz culture reste une initiative exemplaire de politique publique.

Soutenez Enbata !

Indépendant, sans pub, en accès libre,
financé par ses lecteurs
Faites un don à Enbata.info
ou abonnez-vous au mensuel papier

Enbata.info est un webdomadaire d’actualité abertzale et progressiste, qui accompagne et complète la revue papier et mensuelle Enbata, plus axée sur la réflexion, le débat, l’approfondissement de certains sujets.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés par les dons de nos lectrices et lecteurs, et les abonnements au mensuel papier : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre.

« Les choses sans prix ont souvent une grande valeur » Mixel Berhocoirigoin
Cette aide est vitale. Grâce à votre soutien, nous continuerons à proposer les articles d'Enbata.Info en libre accès et gratuits, afin que des milliers de personnes puissent continuer à les lire chaque semaine, pour faire ainsi avancer la cause abertzale et l’ancrer dans une perspective résolument progressiste, ouverte et solidaire des autres peuples et territoires.

Chaque don a de l’importance, même si vous ne pouvez donner que quelques euros. Quel que soit son montant, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission.


Pour tout soutien de 50€/eusko ou plus, vous pourrez recevoir ou offrir un abonnement annuel d'Enbata à l'adresse postale indiquée. Milesker.

Si vous êtes imposable, votre don bénéficiera d’une déduction fiscale (un don de 50 euros / eusko ne vous en coûtera que 17).

Enbata sustengatu !

Independentea, publizitaterik gabekoa, sarbide irekia, bere irakurleek diruztatua
Enbata.Info-ri emaitza bat egin
edo harpidetu zaitezte hilabetekariari

Enbata.info aktualitate abertzale eta progresista aipatzen duen web astekaria da, hilabatero argitaratzen den paperezko Enbata-ren bertsioa segitzen eta osatzen duena, azken hau hausnarketara, eztabaidara eta zenbait gairen azterketa sakonera bideratuagoa delarik.

Garai gogorrak dira, eta badakigu denek ez dutela informazioa ordaintzeko ahalik. Baina irakurleen emaitzek eta paperezko hilabetekariaren harpidetzek finantzatzen gaituzte: ordaindu dezaketenen eskuzabaltasunaren menpe gaude.

«Preziorik gabeko gauzek, usu, balio handia dute» Mixel Berhocoirigoin
Laguntza hau ezinbestekoa zaigu. Zuen sustenguari esker, Enbata.Info artikuluak sarbide librean eta urririk eskaintzen segituko dugu, milaka lagunek astero irakurtzen segi dezaten, hola erronka abertzalea aitzinarazteko eta ikuspegi argiki aurrerakoi, ireki eta beste herri eta lurraldeekiko solidario batean ainguratuz.

Emaitza oro garrantzitsua da, nahiz eta euro/eusko guti batzuk eman. Zenbatekoa edozein heinekoa izanik ere, zure laguntza ezinbestekoa zaigu gure eginkizuna segitzeko.


50€/eusko edo gehiagoko edozein sustengurentzat, Enbataren urteko harpidetza lortzen edo eskaintzen ahalko duzu zehaztuko duzun posta helbidean. Milesker.

Zergapean bazira, zure emaitzak zerga beherapena ekarriko dizu (50 euro / eusko-ko emaitzak, 17 baizik ez zaizu gostako).