Dimanche je n’étais pas à Senpere. Pourtant, Herri Urrats a un peu été mon baptême du Pays Basque, à peine un mois après mon arrivée en Euskal Herri. Je crois que je me souviendrai toujours de cette arrivée au bord du lac.
Quand vous débarquez de Paris c’est déroutant : la foule, jeunes, vieux, enfants, familles, ces stands éphémères, ces concerts, mes premiers mots en euskara (“Comment tu dis ? Tchartélaques ?”) et autres surprises tournant autour d’un lac… Tous réunis un dimanche après midi dans le seul but de passer un bon moment et trouver les moyens d’éduquer les enfants dans la langue du pays… Enfin, voilà quelques banalités qui en font pour moi un des plus beau événements d’Iparralde.
A regret, j’ai loupé l’édition 2013 pour participer à la Chaîne humaine contre le projet d’aéroport, à Notre Dame des Landes, près de Nantes. Mais dans les deux cas, il s’agit de faire, joyeusement, le tour de ce que nous voulons défendre.
A Senpere, il s’agit de défendre une langue, une culture particulière. Vu d’ici ou d’ailleurs c’est une part de la diversité du monde. La force d’Herri Hurrats, avec d’autres, c’est d’avoir créé un moment accueillant autour de l’euskara, un moment festif qui donne envie. Chacun peut venir, du pays ou non, découvrir cette langue, la soutenir et peut être plus ensuite.
A Notre Dame, il s’agit là aussi de défendre un espace particulier que certains veulent standardiser. Le site du projet d’aéroport présente des milieux naturels exceptionnels. Il compte nombre de terres agricoles, nourricières, depuis longtemps. Récemment de nouveaux habitants, ont choisit de mettre en culture de nouvelles terres comme acte de résistance. Mais au delà de la contestation ils dessinent aussi l’avenir des lieux : cultivés, divers, ouvrant de nouvelles voies et au service des gens.
Cette richesse, humaine et naturelle, certains souhaitent la noyer dans le béton d’un aéroport inutile et identique à tous les autres. Mais la chaîne humaine a montré, là aussi, un mouvement accueillant, festif et très large.
Par le tour du lac à Senpere ou par la chaîne humaine à Notre Dame, nous refusons la standardisation. Nous défendons le monde que nous voulons : multiple, ouvert, respectueux des hommes et des lieux où ils vivent.
Quand nous gagnerons, l’abandon du projet d’aéroport ne sera qu’une étape, qu’il faudra ensuite faire de la Zone à défendre une Zone d’alternatives concrètes. Pour aider à construire cette nouvelle ZAC, nous pourrions y faire un tour annuel et festif. Du moment que ce “Tour de ZAC” ne tombe pas le deuxième week end de mai…