On connaît la primauté accordée par la société basque à la “terre mère”. C’est à cette valeur-là que nous devons revenir tout en renforçant le lien vital et complémentaire avec le monde urbain.
Le 5 mai prochain aura lieu la Fête de la terre, Lurzaindiaren pesta, à Donaixti (Saint-Just-Ibarre). En effet, c’est dans ce village que s’installe un jeune couple, Perrine et Bastien, avec un troupeau de brebis têtes noires et le projet de transformer le lait en différentes fabrications de fromage notamment lactiques. Lurzaindia a acquis la ferme sur laquelle les deux jeunes vont développer leur nouvelle activité, tandis qu’eux-mêmes ont acheté la maison d’habitation. D’une pierre, trois coups ! Car la ferme devient le décor d’une nouvelle installation, deux emplois sont créés en zone rurale, et la terre nourricière achetée par Lurzaindia devient un bien collectif sorti du marché spéculatif. La Fête de la terre lancera donc, ce 5 mai, une nouvelle campagne de collecte de fonds sous de forme de prises d’actions, qui financera cet achat, mais aussi celui d’une ferme à Urt qui permettra l’installation de Laura, une jeune maraîchère.
Lurzaindia, crée en 2013 à la suite de la transformation du GFA Lurra, a acquis, grâce à l’épargne solidaire de 3.645 actionnaires, 445 hectares de terres, répartis sur 24 fermes et confiés à 32 paysans en fermage.
Outre l’accès à la terre souvent difficile pour de nombreux jeunes non issus du milieu agricole, Lurzaindia leur offre l’opportunité d’un usage de la terre, sous cette forme de fermage, évitant le lourd investissement lié à l’achat du foncier qui compromet la viabilité économique des projets. En contrepartie, ces jeunes “jouent le jeu” en acceptant d’être “de passage” sur une ferme dont ils ne seront jamais propriétaires, mais qui devient un bien collectif. En investissant dans Lurzaindia, en achetant des actions, nous devenons acteurs de ces projets et contribuons à préserver la terre nourricière. C’est un acte concret, avec des conséquences concrètes : un soutien à l’agriculture locale, l’alimentation de proximité, la dynamique du territoire. C’est aussi un acte citoyen, qui permet de souligner l’enjeu de la préservation de la terre nourricière.
Terre agricole
Le foncier agricole est malmené depuis de nombreuses décennies, du fait de la déprise dans certaines zones ou de l’artificialisation dans d’autres. Selon la Safer, 1.800 hectares ont été perdus au Pays Basque entre 2015 et 2017.
Jusqu’à quand la terre sera t-elle considérée comme un réservoir dans lequel on peut prélever sans limite ?
Le devenir de la terre agricole est en grande partie lié aux choix des élus communaux et maintenant de la Communauté d’agglomération qui détient “l’énorme pouvoir” de la planification lors de l’élaboration des cartes communales et des PLU.
Le foncier agricole est malmené
depuis de nombreuses décennies.
Selon la Safer, 1800 hectares ont été perdus au Pays Basque
entre 2015 et 2017.
Jusqu’à quand la terre sera t-elle considérée
comme un réservoir dans lequel
on peut prélever sans s’arrêter ?
Oui, c’est un énorme pouvoir que nous citoyens leur confions en votant pour eux, c’est aussi une immense responsabilité. La question collective et légitime que l’on doit se poser doit être : combien de surfaces agricoles veut-on préserver ? Contrairement à la question systématiquement posée : combien et où peut-on encore prendre ? Mais a-t-on vraiment envie de préserver la terre ? Et si oui, que fait-on pour la préserver ? Veut-on encore des paysans demain ? Peut-on maintenir une agriculture paysanne et de proximité en diminuant en permanence les surfaces agricoles ? Peut-on parler d’agriculture de proximité si celle-ci doit toujours s’éloigner des centres de consommation ? Ces questions simples trouvent généralement des réponses complexes. Elles seront en tout cas au cœur des discussions de cette journée dédiée à la terre. L’occasion d’échanger sur ces sujets et également de participer aux actions de Lurzaindia.