50 ans dans le rétroviseur

De Peio Etcheverry-Ainchart

Dans la masse d’informations fournies par les spécialistes dans les derniers d’Enbata, une constatation saute aux yeux et occupe d’ailleurs tous les débats prospectifs depuis 20 ans: la césure entre côte et intérieur. Chacune des 4 productions le montre, la côte présente l’essentiel de la population, l’essentiel des emplois, la quasi-totalité du phénomène urbain et la portion congrue du taux de locuteurs en langue basque. Inversement, l’intérieur continue à se dévitaliser tant sur le plan démographique que sur celui de l’emploi, il est davantage un territoire de périurbanisation incomplète que de réelle urbanisation, et il reste le sanctuaire lingui-stique.
Pire, le diapason de l’évolution que l’on peut attendre est probablement cet espace in-termédiaire que l’on baptise souvent «entrecôte», et dont les franges orientales ne cessent de s’étendre tout au long des deux pénétrantes partant de Bayonne. On y constate notamment une urbanisation surconsommatrice de foncier et produisant des déséquilibres préoccupants, un affaiblissement de l’activité agricole et de la langue basque, un vieillissement de la population… Plus les modes de transport et les infrastructures routières se développeront, plus cette tendance gagnera le Pays Basque intérieur, avec les risques que cela induit en termes de constitution d’une zone-dortoir de plus en plus vaste, posant d’énormes problèmes en particulier sociaux. Bref, des problématiques complexes qu’on ne devrait pas craindre si elles étaient encadrées par une intervention publique volontariste et régulatrice, que les majorités néo-libérales aux commandes ici rechignent à assumer.
Mais surtout, que de bouleversements en peu d’années après des siècles de permanences, qui font voler en éclats les repères dits «traditionnels» de ce pays, et qu’on ne perçoit pas dans la froideur des statistiques. Aujourd’hui, la moindre parcelle de territoire est reliée au monde par internet. (…) De la mode vestimentaire aux codes sociaux et culturels, la globalisation n’a pas laissé le Pays Basque en marge, procurant à la fois avantages et inconvénients.
L’aménagement du territoire est une question, l’aménagement des identités et de «l’immatériel» en est une autre, tout aussi stratégique et qu’il faudra aborder sans manichéisme et sans complexe, pour ne pas la subir.

De Chantal Torre

Vu le boom de la construction entraîné par la croissance de la population depuis 1954, le secteur de la construction pourrait stimuler la filière bois et la filière brebis et susciter la création de nouvelles entreprises d’origine locale, plus orientées sur l’éco-construction et l’exploitation des ressources du territoire en bois (pour la structure des maisons et pour le chauffage) et laine de mouton (pour l’isolation). Elles pourraient prendre la forme de coopératives de producteurs, de coopératives d’activités et d’emploi spécialisées dans le bâtiment et d’entreprises d’insertion qui auraient quelques chances de se voir attribuer des marchés publics.
Car ce qui manque surtout en Iparralde ce sont des logements sociaux, à la portée des revenus de la population locale. Jean-Marie Etchart évoque le manque de parc locatif dans les zones rurales qui pousse les jeunes en particulier à migrer vers la côte déjà surpeuplée. Et le chiffre de 7.500 demandeurs de HLM en attente doit tous nous interpeller. Il ressort de tout l’article concernant le logement que l’action du secteur public est de plus en plus insuffisante dans ce domaine, ce
qui explique l’inadéquation des logements construits à la demande locale, le mitage du paysage qui se perpétue, le manque d’équipements et de services de transport dans les zones nouvellement construites et la cherté des loyers.
Autant de raisons de se battre pour une institution spécifique en Iparralde qui aurait les moyens d’élaborer, en collaboration avec l’OPFL un plan de développement du logement social. (…)
Beaucoup de jeunes et de moins jeunes, de formateurs aussi, qui ont des compétences dans les métiers de la construction, dans les énergies nouvelles, devraient apporter leur savoir-faire et leurs idées pour restructurer en appartements de vieilles maisons ou pour construire des petits collectifs de logements. (…) Mais encore faut-il trouver des maisons et des terrains à acheter à un prix raisonnable. (…) Sans aller jusqu’à une donation, on peut manifester sa solidarité par un prix de vente très inférieur à celui du marché ce qui permettrait des loyers beaucoup plus réduits…

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