Le besoin de réforme territoriale, au Pays Basque Nord (Iparralde), est clair. Le con-stat de la situation est le suivant:
l un acteur «tentaculaire» et «envahissant», sans véritable fil conducteur et stratégie, autre que hégémonique, l’ACBAB, guidé par ses directeurs techniques.
l un nain (budget ridicule) bicéphale «Conseil des élus / Conseil de développement» avec des élus dépourvus de stratégie territoriale Pays Basque et, un Conseil de développement dont la puissance de proposition est faible (et l’opérabilité décisionnaire pratiquement nulle). Cet outil a par ailleurs un budget scandaleusement ridicule par rapport au département.
l des Communautés de commune satellites à faible rayon d’action et, arc boutée sur des pouvoirs locaux pas toujours cohérents, avec une vraie guéguerre de tranchée entre Garazi et Saint-Palais et, un Pays de Bidache qui ne tran-che pas.
l une communauté Xiberua à personnalité vraie, mais avec un effectif (nombre d’habitants) soumis à une érosion inexorable, mais non dépourvue de résistance (type «dernier des Mohicans»)
l une communauté Sud du Pays Basque avec un désir d’affirmation, mais à mettre en cohérence avec le reste du projet.
Voilà pour les périmètres, quant aux partages des missions, c’est plutôt le «grand bazar»: eau, déchets, transports, assainissements, etc. assumés par une multitude d’organisme (syndicats, associations, etc.). Depuis quelque temps, à l’initiative du Conseil de développement, une vraie volonté de rendre homogène et cohérent sur par exemple les domaines langue, foncier, et dé-chets.
Le Seignanx
Dans ce contexte de «poulailler» dans lequel les poules jacassent, dans une semi torpeur, le «renard» pays de Seignanx se signale à notre attention.
Un défaut serait de croire que l’adhésion éventuelle à l’ACBAB se ferait dans une assimilation simple et sans vague. Le Pays de Seignanx possède une identité propre (par exemple une signalétique appropriée signale au conducteur, l’entrée dans le territoire, par ailleurs, sans les pudeurs qui ont sans doute prévalues pour ne pas en faire de même, dans l’entrée dans le Pays Basque sur la même voie d’accès. Je laisse au lecteur le soin d’aller constater).
Le Seignanx tisse déjà des liens, avec ses voisins du Boucau (rugby Boucau Tarnos, par ex-emple).
Le Seignanx a un présent riche et, un avenir encore plus riche: terrains portuaires de Tarnos et grosses entreprises (taille et poids économique significatif). Il a des «défenseurs» (comme M. Emmanuelli). Il est voisin de la future maxi zone de Saint-Geours (lire mon article récent).
Des grosses interrogations
sur ce rattachement
Tout d’abord, il convient de savoir ce que souhaite la population et dans quel objectif ce rattachement est fait. Par exemple, on peut réfléchir sur le réel souhait des populations de vivre ensemble et d’avoir un avenir commun dans le territoire Pays Basque. Cette intégration n’est pas simple, car, au delà de l’ACBAB, dont le périmètre devra être englobé dans un périmètre territorial plus grand et plus cohérent (Pays Basque), on doit s’interroger sur le fait que les valeurs territoriales soient communes et partagées par le Seignanx. Par valeurs territoriales on peut par exemple citer tous les axes de réflexion du Conseil de développement: marque territoriale, langue, politique cluster, partenariat hegoalde, politique transport, aménagement foncier, etc.
La logique de territoire (et donc son périmètre) ne peut se résumer et être seulement argumentée par la logique de bassin de vie. Le lien de dépendance ou de subordination économique ne suffit pas (plus) pour s’imposer. Il faut aussi intégrer les notions primordiales pour faire sens comme: sentiment d’appartenance, pratiques associatives, culturelles, linguistiques, histoire commune, désir d’avenir, etc.
Ensuite, tout se passe comme si cet élargissement de l’ACBAB se faisait sur le dos de la notion du territoire Pays Basque, avec un mécanisme machiavélique évident: le monstre ACBAB s’a-grandit, sa personnalité territoriale s’affadit, un wagon Nord est ajouté à ce monstre sans tête ni personnalité qui se comportera plus tard comme le «trou noir» de l’astro physique, avec une gravité telle que la notion de territoire deviendra encore difficile à défendre.
Les deux questions préliminaires doivent donc être posées: dossier institutionnel du Pays Bas-que et interrogation de la population concernée, sur ce dernier point, s’il doit y avoir sondage, il importe que ces questions de désir d’appartenance soient posées de façon claire.
Sans volonté politique commune de bâtir ce cadre, cet élargissement ne peut être d’actualité urgente.