Contrairement aux idées re-çues, en Pays Basque l’essentiel s’écrit encore en euskara, sans au-tocensure: entre nous, foin du politique-ment correct! Dommage pour ceux qui ne connaissent pas la langue. Aujourd’hui je les aiderai par la traduction.
L’hebdo Argia n°2279 du 5 juin 2011 publie un long entretien avec Pedro Prieto, expert de la crise énergétique au niveau européen. «Nous consommons du pétrole depuis 150 ans, mais nous l’avons surtout dépensé dans les 30 dernières années. Et aujourd’hui nous en consommons 20 fois plus qu’il y a trente ans. Bien qu’il en reste la moitié, l’on ne saurait penser que nous pourrions continuer pendant 40 au-tres années à utiliser le pétrole comme aujourd’hui».
l «Voilà, écrivez-vous dans un article, une des raisons de l’actuelle crise financière».
l «En observant les 150 dernières an-nées, l’on voit que la croissance de la consommation d’énergie va de pair avec la croissance économique. En fait, votre économie croît parce que vous avez de plus en plus d’énergie à votre disposition. L’énergie permet de travailler, autrement dit de transformer la nature, en produisant des biens et des services. (…) Le fait de se rendre compte que la consommation d’énergie ne va pas croître a une grande importance pour le monde financier. Car cela veut dire qu’il n’y aura pas de croissance économique, mais au contraire une décroissance, pour des raisons physiques et géologiques». (…)
l «Alors, cette crise financière n’a pas d’issue».
l «Non, elle doit obligatoirement s’aggraver. Il peut y avoir des hauts et des bas, mais dans une tendance dominante à la baisse. Nous ne retournerons pas à la situation qui précédait la crise». (…)
l «Nous sommes dans une situation insensée. Personne ne sait combien de fois il y a plus d’argent disponible (8, 10, 15 fois?) que de biens physiques qu’il représente. Pourquoi le monde n’explose-t-il pas encore? Parce que ceux qui possèdent des quantité énormes de cette monnaie de papier (grands fonds de pensions, certaines grandes fortunes privées…) n’ont pas essayé, ils ne sont pas assez fous pour cela, d’échanger leur ar-gent contre des biens physiques. Si tous voulaient le faire en même temps, il n’y aurait pas assez de biens physiques».
Pablo Prieto est évidemment pour le développement des énergies renouvelables, il s’en occupe depuis des années. Mais il est critique quant à leur capacité à combler le vide immense que laissera le tarissement des énergies fossiles, surtout en matière de transports. «Aujourd’hui 94,5 % des transports mondiaux se font avec le pétrole. Sans pétrole cette société ne peut pas fonctionner, surtout dans les villes. Les supermarchés seraient vides en 48 heu-res. Et les énergies renouvelables ne peuvent pas nous donner ce grand flux d’énergie que nous apporte le pétrole».
Que faire? Se préparer au plus vite à l’é-puisement du pétrole, réserver l’énergie aux besoins vitaux: alimentation, logement, habillement minimal, chauffage sous les climats très froids, éducation, santé… «Mais la santé, du moins, à un niveau plus bas que l’actuel. Le système géant de santé que nous avons actuellement est très agréable, mais il lui faut une quantité d’é-nergie effrayante. En même temps, des milliers d’enfants meurent de maladies que l’on pourrait guérir». L’industrie sera forcèment limitée au strict minimum, toujours par manque d’énergie. De nouveau l’économie sera basée sur «le secteur primaire, la biosphère, qui nous donne la nourriture et qui est renouvelable». (Traduit du basque).