Au moment où les djihadistes assassinaient 17 personnes à Paris, la secte islamiste Boko Haram détruisait Baga et Doro Baga, deux villes du nord du Nigéria dans un quasi silence. C’est en écoutant le récit de vie d’un jeune nigérian de la région du Borno (Nord Est du Nigéria) arrivé à Bayonne et dormant sous le pont Grenet, que j’ai décidé de dénoncer l’indifférence sur ce qui se vit dans la région de Maiduguri, proche du Cameroun, occupée par la secte Boko Haram qui règne par la terreur.
Le Nigéria est un grand pays, le plus riche d’Afrique au vu de son PIB (Produit Intérieur Brut) grâce à l’extraction de pétrole dans le sud du pays. Pourtant, comme souvent, la corruption est telle que cette richesse mal répartie entre le sud et le nord est source de corruption et gangrène les pouvoirs politiques et sociaux.
La période de campagne présidentielle actuelle est particulièrement meurtrière. Même si la violence préexistait, elle est allée crescendo les cinq dernières années sans que ni le président Goodluck Jonathan (chrétien), ni les Nations Unies, n’interviennent pour protéger la population civile.
Villages brûlés, population massacrée aussi bien par les soldats de l’armée chargée de leur protection (plusieurs milliers de tués en 2012) que par Boko Haram en croisade pour l’établissement de son califat, institutions ravagées par la corruption, la situation est catastrophique!
Tout le monde se souvient de l’émoi provoqué par l’enlèvement des 200 lycéennes de Chibok réduites à l’esclavage en avril 2014. Pourtant, malgré quelques manifestations de soutien spontanées et des promesses de la communauté internationale, rien de durable n’a été mis en oeuvre pour les retrouver et surtout éviter que cela ne se reproduise. Plus récemment, c’est une fillette de 10 ans transformée en bombe humaine qui a tué des dizaines de personnes au marché de Baga. Trois cents femmes auraient été enlevées et le nombre de morts s’élèverait à 2.000 (chiffre très difficile à évaluer).
Indifférence criminelle
Depuis 2010, date de son élection, le président Goodluck Jonathan n’est allé qu’une fois à Maiduguri, capitale de l’état de Borno, attaquée à maintes reprises par Boko Haram. Il manifeste une indifférence criminelle, malgré les appels à l’aide du gouverneur du Borno. D’ailleurs, on ne pourra pas voter, à cause de l’état d’urgence, ce qui n’est pas pour déplaire au président chrétien. Il faut dire que le président ne contrôle pas l’armée et que les 6 milliards de dollars de dotations accordées à l’armée s’évaporent dans les poches de certains hauts gradés au détriment de la paie des soldats de base. Ceux-ci terrorisent la population et renoncent à se battre contre Boko Haram, quand ils ne désertent pas.
Cette tragédie se passe à huis clos,
car, faute de visas et d’accréditations,
il n’y a pas de journalistes présents.
Les rescapés de massacres
témoignent d’atrocités et montrent des photos,
prises avec leurs portables.
Un accord tacite entre le sud riche et majoritairement chrétien et le nord plutôt musulman aboutissait à une alternance au pouvoir d’un président chrétien suivi d’un président musulman. Or, depuis l’arrivée du président Jonathan, cet accord n’est plus respecté, ce qui met de l’huile sur le feu.
Selon les estimations d’Amnesty International, on dénombrerait 13.000 morts depuis 2009, début des attaques de Boko Haram, et 2.000 morts depuis le 7 janvier 2015, estimations, très difficiles à vérifier. On dénombre 20.000 réfugiés, dont 11.000 au Tchad. Cette tragédie se passe à huis clos, car, faute de visas et d’accréditations, n’y a pas de journalistes présents. Les rescapés de massacres témoignent d’atrocités et montrent des photos, prises avec leurs portables.
Les élections présidentielles Nigérianes ayant lieu le 14 février prochain, nous ne pouvons pas laisser massacrer les Nigérians et Camerounais sans broncher.