Déclarations
Jean-François Lefort (Batasuna): «S’il affirme ne pas être à l’origine de l’arrestation, M. Valls assume complètement ce qui s’est passé. Il remet même en cause l’existence d’un conflit politique au Pays Basque. Son attitude va à l’encontre de l’engagement pour la paix de la société basque».
Peio Etcheverry-Aintchart (Abertzaleen Batasuna): «Le ministre a la réaction d’un enfant pris les doigts dans le pot de confiture. Personne ne croit à une arrestation fortuite. Le MAE est à revoir, on a besoin d’un code de justice européen, une harmonie de la justice entre les Etats. Sans cela le MAE n’a pas de sens. Peut-être la justice est-elle passée, mais la diplomatie doit aussi passer maintenant. La France doit demander à l’Espagne la libération d’Aurore Martin».
Xabi Anza, représentant du syndicat ELA, a demandé au gouvernement français de garantir la sécurité judiciaire de ses ressortissants. L’affaire Aurore Martin relève d’un délit d’opinion.
L’avocate Laurence Hardouin au nom de Bake Bidea: «L’arrestation d’Aurore Martin n’est rien d’autre qu’une provocation pouvant porter atteinte au processus de paix». Laurence Hardouin a rappelé que le processus engagé par la conférence d’Aiete, voilà un peu plus d’un an, en présence notamment de Koffi Annan, avait été validée par le dépôt des armes d’ETA.
Max Brisson (UMP): «La réaction, froide et technocratique de Manuel Valls me laisse sceptique quant à sa connaissance des réalités du Pays Basque. Je déplore la ma-nière dont le ministre de l’Intérieur donne des leçons à des élus qui travaillent depuis les années 1990 à faire avancer la question basque. Qu’il sache qu’il n’a pas le monopole de l’esprit républicain».
Jean-René Etchegaray (MoDem): «A qui peut-on faire croire qu’une telle décision a été prise sans que le gouvernement n’en sache rien? En droit français, le parquet dépend du pouvoir, il prend ses ordres du pouvoir politique. Je suis juriste et j’affirme aussi que le pouvoir politique, en opportunité, a la possibilité de ne pas donner suite au MAE. Aurore Martin est la victime expiatoire d’un accord diplomatique entre la France et l’Espagne. Je vois beaucoup de cynisme dans cette affaire».
Jean-Jacques Lasserre (Conseil des élus du Pays Basque): «M. Valls la joue Ponce Pilate. Ce sont ses hommes qui ont procédé à l’arrestation et une telle ignorance des faits m’étonne. Il a raison de dire que la lutte contre le terrorisme a permis le processus de paix, mais il commet une grave erreur en bafouant les acteurs du Pays Basque qui le font avancer. Parmi eux, il y a des élus envers lesquels il se montre d’une grande prétention».
Colette Capdevielle (députée PS): «Je suis avocate et cette affaire pose la question du MAE. Il facilite les procédures, par rapport à l’extradition. Avec l’extradition, l’Etat qui exécute doit vérifier la double incrimination. Il n’est pas tenu de livrer un ressortissant pour des faits qui ne sont pas punis sur son sol. Avec le MAE et le chiffon rouge du terrorisme, le même Etat n’a pas à faire ce contrôle. Autrement dit, Aurore Martin n’aurait pas été remise à l’Espagne dans le cadre d’une extradition».
Frédérique Espagnac (sénatrice socialiste) et Sylviane Allaux (députée PS) demanderont une entrevue au premier mi-nistre. Elles se sont engagées à ce que les parlementaires socialistes du Pays Basque étudient la possibilité de saisir le Conseil constitutionnel sur la question de l’application du MAE en France. Elles demanderont également que l’ambassadeur de France à Madrid rende visite à Aurore, conformément à ce qui se fait dans le cas d’incarcération de ressortissants français dans un pays étranger.
Martine Bisauta, (maire-adjointe de Ba-yonne) a interpellé François Hollande «Moi président»: «François Hollande, son premier ministre, doivent nous dire s’ils étaient prévenus, s’ils sont à l’origine, s’ils sont d’accord avec ce qui s’est passé». Et d’a-jouter: «ceux qui nous ont fait croire qu’ils voulaient changer quelque chose à notre vie et feraient bien de s’y mettre sérieusement».
Olivier Dartigolles (PC): «Les explications de M. Valls me semblent embarrassées et peu assurées, en tout cas peu convaincantes. On l’a connu plus assuré pour dé-fendre sa politique. J’y vois un malaise face à un mensonge d’Etat».
Tous ont appelé à participer à la manifestation qui s’est déroulée lundi à 13 h 30, devant la sous-préfecture, à Bayonne.