Ville symbole, ville martyre. Lundi 26 avril 1937, 16h30 à Gernika. Les clo-ches de l’église Santa Maria résonnent. C’est l’arrivée des premiers avions: un bimoteur allemand parti de Burgos jettera une dizaine de bombes de 50 kg, puis trois avions italiens Savoia Marchetti SM79 lanceront 36 bombes de 56 kg. Bombardiers allemands junker et autres engins de mort embraseront pendant trois interminables heures le ciel de Gernika. A 19h45 le bombardement cessera, et l’incendie ne fut maîtrisé que le lendemain matin.
Gernika dévastée: 70 % des maisons seront détruites, seules quelques demeures de franquistes bien connus seront épargnées. Des centaines de gisants et des animaux joncheront le sol des rues détruites. “Ainsi, quand les maisons s’effondrèrent sur leurs habitants, il plut du ciel, du feu en conserve pour les embraser”, dira le correspondant du Times à Bilbo, Georges Steer. Il sera le premier journaliste arrivé sur place 24 heures après le bombardement. Le bilan de ce premier crime contre l’humanité, à ce premier bombardement d’une population civile, ne put être dressé par les Basques eux-mêmes, puisque deux jours plus tard les troupes franquistes et italiennes entrèrent dans un Gernika encore fumant. L’odieux s’ajouta au drame car Franco déclara que les incendiaires furent les Basques eux-mêmes. Il fallut plusieurs décennies pour rétablir la vérité historique et le témoignage immortel de l’œuvre de Picasso que l’Espagne contemporaine récupéra des musées américains et qu’elle refuse toujours à Euskal Herria. Mais aujourd’hui, l’association Ahaztuak, qui se présente comme étant une “association de victimes du coup d’Etat, de la répression et du régime franquiste”, organise plusieurs événements à Gernika, afin de célébrer ce 75e anniversaire. Un “jugement populaire contre le franquisme” au Lizeo Antzokia de Gernika.
Cette audience populaire est la première d’une série prévue dans divers endroits d’Euskal Herria pour dénoncer le “modèle espagnol d’impunité”.