Enbata: Malgré la désignation d’un basque à la fonction de premier Vice-Président, comment expliquez vous le déséquilibre de la représentation à l’exécutif du Conseil général entre le Pays Basque avec 3 Vice-Présidents et le Béarn avec 12?
Kotte Ecenarro: On peut effectivement regretter ce qui paraît être une «sous-représentation basque» au sein de l’exécutif dé-partemental. Personnellement, je regrette que contrairement au Béarn, la partie basque de notre département toujours aussi conservatrice, vote à droite (sur les 28 conseillers généraux de la majorité départementale de Gauche, 7 sont issus du Pays Basque et 21 du Béarn). Par ailleurs, 2 élus de gauche François Maitia et Henri Etcheto, ont eu l’honnêteté de décliner la possibilité d’exercer une Vice-Présidence (le premier pour éviter un cumul de mandat avec son poste très exigent à la Vice-Présidence de la Région Aquitaine, et le second compte tenu de ses engagements universitaires). La représentation Bas-ques/Béarnais respecte donc le résultat issu des urnes.
Enb.: Interrogé par les abertzale, Georges Labazée, nouveau président des Pyrénées-Atlantiques est demeuré flou quant à l’organisation d’un débat à l’Assemblée départemental sur une institution propre au Pays Basque. Sachant votre attachement à cette revendication et compte tenu, désormais de votre positionnement éminent au Conseil général, pensez-vous pouvoir obtenir ce débat démocratique?
K. E.: Indépendamment du débat auquel je souscris personnellement (car le débat ci-toyen est toujours souhaitable), il faut reconnaître que cette question ne figurait pas dans le programme électoral du Parti Socialiste pour les cantonales. Dans ces conditions, et compte tenu d’un mandat qui sera extrêmement court (3 ans au lieu de 6), le Président Labazée adopte une attitude pragmatique: mettre en œuvre en priorité, les mesures sur lesquelles le PS s’est engagé. Le gouvernement Sarkozy ayant décidé de supprimer les «Pays», il nous reste désormais à inventer la structure idoine ainsi que les dispositifs qui se substitueront à ceux de la «convention spécifique Pays Basque», laquelle fut portée sur les fonds baptismaux par Nicole Péry. Rappelons que cette, convention a permis de contractualiser avec l’Etat et les autres collectivités territoriales plusieurs dizaines de millions d’euros de financements en faveur du Pays Basque, ainsi que l’émergence de structures telles que le Conseil de développement et le Conseil des élus, structures dont le rôle essentiel n’est plus à démontrer. Le Parti So-cialiste s’implique quant à lui d’ores et déjà, dans les travaux de «l’acte III de la décentralisation».
Enb.: Fort de la politique en faveur de la langue basque de la municipalité hendayaise que vous avez longtemps dirigée, pensez-vous pouvoir mettre à un niveau similaire les réalisations basques du département?
K. E.: Effectivement, alors que notre Ikastola locale forte de 250 élèves vient de fêter ses 40 ans, voici bientôt 10 ans que la municipalité hendayaise que j’ai eu l’honneur de diriger, fut la première à créer un poste de technicien territorial de la langue basque au sein d’une mairie. D’autres municipalités et communautés de communes ont à présent suivi cet exemple, et on ne peut que s’en féliciter. Dans ces deux exemples, les élus ont répondu à une demande et à une attente des parents d’élèves et de la population. Cette demande existe-t-elle aussi vis-à-vis des structures départementales? Les interlocu-teurs privilégiés du Département que sont l’Office public de la langue basque et l’Institut culturel basque notamment, pourraient probablement nous aider dans l’expression de ce besoin et la réponse à y apporter.
Enb.: Quelles initiatives le département devraient engager pour sortir la politique transfrontalière de la stagnation actuelle? Le topo est pour quand?
K. E.: Notre politique transfrontalière souffre de plusieurs maux. Pour n’en citer que quel-ques uns: des législations différentes (fiscalité, urbanisme, environnement, droit du travail…), des collectivités territoriales dont les champ de compétences et les moyens financiers de part et d’autre de l’ancienne frontière sont différents et disproportionnés, des élus dont les durées de mandats divergent (4 ans en Hegoalde et 6 ans en Iparralde) de sorte que les interlocuteurs changent en cours de projet, un Etat français extrêmement présent et jacobin (et ce, malgré l’implication personnelle et bienveillante du sous-préfet de Bayonne), la concurrence économique entre nos deux pays, des structures scolaires, sociales et médicales qui collaborent peu, la surenchère culturelle (investissements réalisés sans aucune concertation)… Pourtant les projets transfrontaliers fédérateurs ne manquent pas. Encore faudrait-il que les maires des communes concernées en fassent une priorité!
En ce qui concerne le «Topo» Donosti/Baiona, force est de constater qu’il nous faut préalablement régler l’épineux dossier de la LGV. Impossible en effet de concevoir un Topo bien cadencé, sur une voie déjà affectée simultanément au fret et à la LGV…
Enb.: Comment transformer l’annexe bayonnaise du Conseil général en véritable lieu de décision? Pourrait-on y organiser des assemblées plénières, mettre en place un cabinet alternatif du Président et y transporter la totalité de certains services?
K. E.: Depuis 1994, le Conseil général fonctionne sur la base d’un siège départemental réparti sur deux sites (Bayonne et Pau). C’est ainsi que certains services situés sur le site de Bayonne (ex-caserne de la Nive) travaillent spécifiquement pour la zone basque du département (service des infrastructures/routes par exemple), alors que d’autres services travaillent pour le département dans son ensemble. Par ailleurs, depuis de nombreuses années, les commissions permanentes du Conseil général se déroulent à tour de rôle sur Bayonne et sur Pau.
Dans le cadre de la nouvelle gouvernance, le Président Labazée a souhaité renforcer sur Bayonne la présence des services de la DSD (Direction de la Solidarité Départementale), lesquels gèrent l’essentiel du budget départemental. Le Président a également souhaité que le 1er Vice-Président s’installe aussi dans ces locaux bayonnais. Voilà me semble-t-il quelques signes forts adressés à la population de notre territoire.