L’Edito du mensuel Enbata
Août 2025 a battu de nouveaux records de chaleur. La crise climatique n’est pas seulement une affaire de degrés en plus : elle met à nu les fractures d’une société. Et si rien ne change, elle les aggravera encore. Ceux qui ont les moyens d’aménager leur logement, de se déplacer ou de s’équiper survivront mieux que ceux qui subissent déjà le quotidien. L’injustice climatique est désormais sous nos yeux, ici même, en Iparralde.
Mais au-delà des températures, c’est cette inégalité qui frappe. La canicule n’écrase pas tout le monde de la même manière. Ceux qui vivent dans des appartements mal isolés, sans climatisation ni jardin, les travailleurs du bâtiment ou de la logistique, les personnes âgées isolées paient l’addition bien plus lourdement que d’autres. Pendant que certains fuyaient vers la côte ou la montagne, d’autres n’avaient pas d’autre choix que de rester, exposés, vulnérables. La chaleur écrase, certes, mais elle révèle surtout les fragilités sociales que l’on tait trop souvent.
Ce constat oblige. Car derrière la “transition écologique”, il ne s’agit pas seulement de panneaux solaires ou de voitures électriques. Il s’agit de garantir à chacun un logement digne, une alimentation saine, une mobilité accessible, des lieux de travail supportables. Contrairement à ce que les tenants du statu quo voudraient nous faire croire, l’écologie n’est pas punitive ; l’inaction en la matière, par contre, l’est réellement. La seule voie pour réduire les inégalités et protéger les plus fragiles est de remettre la question écologique au cœur de l’ensemble des politiques publiques.
Et si l’été fut brûlant sur le plan des températures, la rentrée s’annonce tout aussi bouillante sur celui des mobilisations sociales. Le mouvement du 10 septembre est déjà sur toutes les lèvres des analystes politiques alors même que François Bayrou joue son hordago avec un vote de confiance qui ressemble surtout à une porte de sortie, ouvrant une nouvelle séquence d’instabilité politique qui, au fond, fait le jeu de l’extrême droite. Ce qui est en jeu, c’est la capacité de notre société à répondre collectivement à ces défis.
Et justement, cette rentrée marque aussi le début d’un autre rendez-vous important : celui des municipales de 2026. Il sera intéressant de voir dès les prochaines semaines le panorama qui se prépare. Dans un contexte de crise climatique et sociale, le municipalisme reste un levier local essentiel : c’est au niveau des communes que se jouent en grande partie la transition énergétique, l’accès au logement, la réappropriation linguistique, le devenir institutionnel d’Iparralde. Les années passées ont montré la force de l’union quand elle se construit autour d’un projet clair. La prochaine échéance doit être l’occasion d’amplifier ce mouvement, en donnant toute sa place à la jeunesse. Les communes ne sont pas des spectatrices impuissantes : malgré les coupes budgétaires auxquelles elles font face, elles doivent se positionner en première ligne des solutions collectives à mettre en œuvre.
Dans un contexte de crise climatique et sociale, le municipalisme reste un levier local essentiel : c’est au niveau des communes que se jouent en grande partie la transition énergétique, l’accès au logement, la réappropriation linguistique, le devenir institutionnel d’Iparralde.
C’est à cela que cette rentrée doit nous préparer : prendre la mesure des défis et ne pas céder à l’indifférence. L’été nous a rappelé combien les crises accélèrent les inégalités. L’année qui vient nous montre déjà les batailles à mener pour que les réponses soient à la hauteur. Et puisque notre histoire se nourrit aussi de symboles, rappelons-nous que cet été, à Barcus, une pastorale a été consacrée à ces luttes collectives dont notre pays a le secret. Quand la mémoire militante devient théâtre populaire, c’est la preuve qu’un peuple peut transformer ses combats en récit collectif. À nous de faire en sorte que, dans dix ou vingt ans, on puisse raconter comment nous avons su transformer la chaleur étouffante de la canicule en énergie pour bâtir un avenir plus juste.