Malgré sa longue histoire d’opposition aux injonctions venues “d’ailleurs”, il reste pratiquement tout à faire pour qu’Iparralde s’approprie sa souveraineté sociale, lutte dans laquelle s’est engagée depuis plus de 10 ans la dynamique “Bertan Erabaki”.
Euskal Herria (EH – Pays Basque) a toujours été une terre de résistance face à la mondialisation et à la globalisation. En créant nos propres outils, nous visons la souveraineté de notre Pays à plusieurs niveaux : alimentaire, politico-institutionnel, énergétique, social… En ce sens, des structures socio-politiques ou associatives ont été créées depuis les années 70 pour défendre et sauvegarder notre langue et notre culture, les terres agricoles, un modèle paysan soutenable, pour consommer localement et sainement, préserver nos droits et en conquérir de nouveaux (droits des femmes, du travail, logement…), assurer un accueil digne aux personnes migrantes.
Si beaucoup a été fait, il reste encore à faire ! Pour construire la République Basque socialiste, féministe, antiraciste, écologiste et inclusive de demain, nous devons nous emparer de notre droit à décider au plus près de nos réalités et de nos besoins.
Nous sommes à un tournant de notre Histoire. Les discours fascistes se normalisent, des lois racistes sont votées, des partis d’extrême droite sont aux portes du pouvoir. En tant qu’abertzale de gauche, cette situation critique nous engage. Depuis notre terrain de lutte, nous devons construire des barrages contre l’obscurantisme et le repli sur soi. En tant que travailleurs·euses, nous devons combattre les politiques alliées du grand patronat, du Capital.
La souveraineté sociale
Si Ipar Euskal Herria (IEH – Pays Basque Nord) est à l’aube du ré-enclenchement du débat institutionnel, aucun pas pour la souveraineté sociale de notre territoire n’a été franchi. En tant que travailleur ·es et syndicalistes, rapprocher les instances de négociations et améliorer nos conditions de travail vont de pair. Nous devons faire d’IEH un territoire de mieux-disant social.
C’est justement l’un des objectifs du Dialogue Social Pays Basque (DSPB). Mettre autour de la table patronat et syndicats pour négocier de meilleurs accords collectifs au niveau d’IEH avec la création d’une Commission Paritaire Locale (CPL). Les acteurs·trices de cette instance seront désigné·es par les organisations syndicales présentes localement. A défaut d’un espace de négociation, DSPB est bien un espace de concertation. Pourtant, petit à petit il s’est vidé d’une partie de ses acteurs, notamment la CGT, la CFE CGC et le Medef. Ce manque de dialogue et de volonté politique locale de la part du patronat et de ces syndicats est regrettable. Ils préfèrent se cacher confortablement derrière des négociations menées loin d’IEH. Nous invitons donc à notre tour les organisations patronales à s’impliquer pleinement en faveur de la mise en place d’un espace de concertation et de négociation DSPB.
Patronat vent debout
Dans une interview à Mediabask, des organisations patronales (Medef, CPME et Lantegiak) interpellaient l’Agglo pour la mise en place “d’un espace de concertation” entre la CCI et les élu·es communautaires. L’Agglo a augmenté de 5% leur fiscalité sans les concerter (au passage, cela représenterait une augmentation de 7€ par an pour les entreprises au chiffre d’affaires (CA) inférieur à 10 000€, 83€ par an pour un CA supérieur à 500 000€, et de 109€ par an pour les autres).
Quand ça l’arrange, le patronat trouve nécessaire de relocaliser des instances pour ne pas être dépossédé de son droit à décider. Le droit à la concertation et à la négociation collective ne va que dans un sens, le leur.
Bertan Erabaki – Décider ici
Les travailleurs·euses vivent au quotidien cette injustice ! Nos droits sont tirés vers le bas, négociés loin de notre territoire dans un rapport de force défavorable avec un gouvernement qui use de procédés anti-démocratiques pour passer en force. Et à nous, cela ne nous coûte pas 5€ par an, mais deux années de travail en plus, pour ne citer qu’un exemple !
Depuis 2012, dans “Bertan Erabaki – Décider ici”, LAB interpelle les organisations patronales et syndicales pour mettre en place une CPL mais toujours rien. Nous réaffirmons cette revendication. C’est un outil concret qui permettrait de négocier collectivement de bonnes conditions de travail et d’obtenir des conditions de vie dignes. Des accords pourraient y être négociés à condition que nous sachions construire un rapport de force suffisant : élargissement des droits syndicaux, diminution du temps de travail, augmentation salariale, congés pour aidant·es….