Les lecteurs d’Enbata, du moins ceux qui lisent ma chronique, connaissent bien les enjeux de société liés aux questions agricoles. Ils comprendront donc aisément pourquoi il est important de se retrouver ensemble ce 1er septembre: ce sera la participation du Pays Basque à la grande campagne citoyenne européenne pour la réforme de la PAC: la «Good Food March!»
A l’occasion de la réforme de la PAC en cours de négociation, où pour la première fois le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne prendront une décision conjointe sur la future Politique Agricole Commune, 80 organisations de plus de 15 pays se sont réunies pour organiser un événement inédit de grande ampleur. Citons parmi d’autres : Confédération paysanne, Via canpesina, FNAB, ATTAC, Inter-amap, MRJC, WWF, CMR, Slow Food, Artisans du monde, Peuples solidaires, ou, plus localement, Bizi ou CADE.
Effets désastreux social et territorial
Quatre caravanes composées de paysans, consommateurs et autres citoyens sillonneront le territoire européen pour converger sur Bruxelles le 19 septembre. La première est déjà partie depuis la mi-août de Rotterdam, la seconde a démarré de Munich le 25 août; Une troisième démarrera le 1er septembre du Pays Basque, et, enfin la quatrième, le 13 septembre de Calais. Pour ne pas priver les régions européennes excentrées de l’épicentre de cette mobilisation, des dizaines d’événements vont avoir lieu un peu partout en Europe. Cette mosaïque d’événements européens est pressentie pour être un des plus importants rassemblements citoyens jamais organisés en Europe pour appeler à une agriculture plus durable et plus juste.
La PAC définie en 1962 était un projet politique ambitieux d’autosuffisance alimentaire, de solidarité financière et de parité de revenu pour les agriculteurs. En 50 ans, la PAC a connu de nombreuses réformes, en particulier depuis celle de 1992. Elles ont un seul objectif: rendre la PAC «OMC compatible», c’est-à-dire inscrite pleinement dans les mécanismes du marché libre mondial. Ce choix politique a entraîné la concentration des productions, la spécialisation des régions et la restructuration permanente des exploitations avec des effets dévastateurs sur le plan social et territorial. La libéralisation des échanges commerciaux a augmenté les risques sanitaires et détruit les agricultures d’ici et d’ailleurs. La PAC s’est détournée de ses objectifs initiaux et les importantes aides attribuées aux agriculteurs, au lieu de réduire les disparités initiales, les ont renforcées de manière scandaleuse. L’apparente rentabilité et efficacité économique de l’agriculture dite «compétitive» n’est due qu’au fait qu’elle capte à son profit la grande majorité des aides publiques. Il est temps que la nouvelle PAC actuellement en discussion change de cap pour redonner des perspectives aux paysans, aux territoires et à une agriculture d’utilité publique dans l’intérêt des populations. Une PAC basée sur la souveraineté alimentaire est la seule alternative pour des paysans nombreux, pour remettre en œuvre des techniques de production agro-écologiques favorisant une symbiose homme/nature.
ELB, co-organisateur de la marche
Les citoyens sont invités à rejoindre les paysans pour exiger ensemble cet autre Politique Agricole Commune. En effet, chacun est concerné par la mise en place d’une agriculture paysanne respectueuse des personnes, produisant une alimentation saine sans détruire les agricultures du monde, respectueuses de l’environnement, des paysages, et des territoires.
Le Pays Basque a l’honneur d’être un des quatre points de départ. ELB, par son appartenance à la Confédération paysanne co-organisatrice des marches, a choisi d’organiser un pique-nique revendicatif et festif sur les hauteurs d’Itsasu. Ce lieu de rendez-vous permet d’apprécier la richesse d’un paysage façonné par une agriculture multifonctionnelle telle que nous avons su encore en préserver une au Pays Basque, et que nous souhaitons être mise au centre des objectifs de la nouvelle PAC.
Dans les négociations PAC engagées depuis plusieurs mois, et qui dureront entre plusieurs mois, ELB a travaillé pour le compte de la Confédération paysanne et Via canpesina Europe, la question des petites fermes. Elle sera la pierre angulaire des interventions d’Itsasu : «Soutenir les petites fermes pour une agriculture multifonctionnelle et la souveraineté alimentaire».
Toutes les personnes et associations sensibles aux enjeux d’une agriculture paysanne sont invitées ce samedi 1er septembre à venir nous rejoindre vers 11h, avec leur pique-nique au lieu qui sera fléché à partir d’Itsasu et d’Espelette.
ERRAN BEZALA!