Les élections du 22 mai 2011 feront date puisque dans nombre de municipalités c’était la première fois depuis 8 ans que des milliers de citoyens pouvaient voter librement en faveur de la candidature de leur choix. Les résultats sont connus et les chiffres aussi… L’élément majeur qui s’est imposé c’est la force avec laquelle la coalition Bildu a fait son entrée sur la scène politique et institutionnelle en Hegoalde. On peut déduire à chaud un certain nombre de constatations de ces résultats. Pêle-mêle: on a l’illustration de la force du projet indépendantiste en Hegoalde; l’actuelle ligne stratégique de la gauche abertzale en ressort totalement plébiscitée; la corrélation des forces en présence s’avère maintenant inversée en Euskadi puisqu’en extrapolant les résultats de ce 22 mai sur la configuration du parlement de Gasteiz le bloc PSE-PP apparaît comme étant minoritaire; en Navarre les abertzale, toutes sensibilités confondues (NaBai+Bildu), représentent la seconde force politique. Une analyse fine des enseignements de ce scrutin ne peut évidemment se limiter à ces quelques re-marques, mais je crois que tout le monde sera d’accord pour dire que le projet abertzale ressort renforcé de ce scrutin au regard de ses fondamentaux: défense de l’euskara, perspective du 7ak Bat, droit de décider d’Euskal Herria, etc. Une situation qui aura évidemment des conséquences positives pour Iparralde. Cela étant, la réflexion essentielle à tirer de ces résultats tient aux possibilités de développement d’un processus de dépassement du conflit. Comme je l’écrivais dans cette rubrique il y a quelques semaines, si on considère que ce processus consiste à redonner l’exclusivité au champ politique de manière à configurer une modalité démocratique de résolution, on peut dire qu’un pas a été franchi dans la mesure où nous avons réussi au travers de ces élections à ouvrir le champ de l’action politique, ce qui n’était pas du tout gagné en soi. C’est un premier pas qui ne résout rien en soi mais qui était tout à fait fondamental pour l’avenir. Aux lendemains de ces élections se joue maintenant une partie qui n’en n’est pas moins importante puisqu’elle concerne la configuration des accords de gouvernement des diputaciones. Plus particulièrement le suspens porte sur l’attitude du PNV qui a le choix entre un accord avec Bildu ou avec le PSE. L’enjeu est considérable puisqu’il concerne les diputaciones qui représentent un pouvoir institutionnel et financier très important. On peut malheureusement dire que le penchant du PNV d’Urkullu serait de s’orienter vers une alliance avec le PSE. Pour autant, cette configuration n’assurerait une majorité stable PNV/PSE qu’en Biscaye. Une alliance avec Bildu accorderait par contre une solide majorité de gouvernement au camp abertzale dans les trois provinces: Araba, Bizkaia, Gipuzkoa. Voilà qu’est questionnée dès le premier moment d’amorce du processus la pièce maîtresse de l’échiquier de la scène politique basque de ces trente dernières années et sûrement des trente prochaines à venir! Le temps des positionnements «entre-deux» est révolu pour le PNV. Il va devoir à nouveau se positionner et assumer politiquement son choix: soit se situer dans le camp indépendantiste et souverainiste, soit travailler la main dans la main avec un PSOE affaibli.