Il y a de quoi se réjouir en ce 31 mars 2012. En effet, en faveur de l’officialisation de la langue basque s’inscrivent Georges Labazée, président socialiste du Conseil général ainsi que François Maitia l’actuel président de l’Office public de la langue basque et que la palette des politiques se complète avec Max Brisson (UMP) adjoint au maire de Biarritz et Jean-René Etchegaray adjoint au maire de Ba-yonne. Du beau monde en vérité!
La procession laïque sillonnera les rues de Bayonne pour clamer haut et fort que l’euskara mérite la place de langue officielle dans les trois provinces d’Iparralde comme il l’a en Hegoalde, ce qui suppose, ainsi que je l’ai souvent proclamé, la reconnaissance du droit de vivre en basque et les devoirs de la puissance publique, le gouvernement français en l’occurence, de l’assurer.
L’enjeu est là, les Basques dans leur majorité et les bascophones en particulier, en sont conscients. J’admets que certains s’élèvent contre le bilinguisme français-basque dans les écoles publiques que ce soit à Ustaritz ou à Anglet; leur attitude prouve le grand élan qui se marque en Iparralde en faveur de l’enseignement bilingue.
Au côté des politiques qui s’engagent clairement, le gros des troupes est assuré par tous les militants de la culture basque et tous ceux qui considèrent que l’euskara a le droit de vivre et de prospérer. Parmi tous les mouvements qui défendent la langue et la culture basques je voudrais souligner la présence de l’Académie / Euskaltzaindia, car ce n’est pas une association mais une Institution, reconnue comme telle par le gouvernement espagnol (décret du 26 fé-vrier 1976) ainsi que les gouvernements navarrais et de la communauté autonome basque à travers leurs statuts respectifs.
Il y a déjà bientôt 20 ans que cette Institution réunie à Biarritz sous ma présidence et, sur mon initiative, demandait au gouvernement français l’officialité de l’euskara dans les trois provinces basques d’Iparralde. Pas de réponse! J’imagine que la réaction de mépris de placer cette correspondance aux “oubliettes” relevait d’un automatisme qui consiste à écarter toute initiative, proposition ou demande en faveur d’une langue autre que le français.
Il est proclamé haut et fort que la langue de la République est le français, mais il n’en est pas moins proclamé aussi haut et aussi fort que la langue d’Euskaltzaindia est l’euskara. Imagine-t-on l’Académie française, si jalouse de son rang, tenant ses séances dans une autre langue que le français? De la même manière, parce qu’elle est respectueuse des autres, Euskaltzaindia n’a aucune difficulté à s’adresser aux autorités espagnoles ou françaises dans leurs langues respectives, mais elle n’en considère pas moins que sa langue naturelle, nationale, officielle est l’euskara.
Gardienne de la langue, ses travaux sur le dictionnaire, sur la grammaire, comme en matière de dialectalisation, d’onomastique ou de littérature reçoivent l’approbation unanime de la société basque et
son site web reçoit plus de 70.000 visites mensuelles qui correspondent à plus de 400.000 recherches.
Le 31 mars 2012 est une étape dans la “longue marche” de la revendication linguistique. A coup sûr, il y en aura d’autres, quand on connaît l’autisme qui caractérise la sphère dirigeante française. Il n’empèche: “Marchons, marchons” mais jamais un sang impur n’abreuvera nos sillons dans la longue lutte pour l’égalité linguistique et le respect qui est dû à l’euskara, cette langue non indo-européenne, venue du tréfonds des âges, trésor de l’humanité.