Dans les années 70, bien qu’étant diplômé, la vie étudiante (comprenez dilettante) me satisfaisant pleinement, je poursuivais des études aussi diversifiées qu’inutiles… Aussi avais-je appris de ce cher Bernoulli, qui avait modélisé les écoulements laminaires des fluides par une formule dont vous me ferez, j’espère, grâce, que la pression d’un fluide était liée à sa vitesse. M Pitot inventait le tube qui placé dans l’axe d’un écoulement de fluide, permettait par mesure de la pression à l’intérieur, d’en déduire la vitesse.
Ces tubes équipent tous les nez des avions, depuis des décennies, et cette pression à l’intérieur du tube, donne la vitesse relative de l’avion que tout pilote surveille pour éviter une vitesse trop faible de décrochage qui aurait pour conséquence que l’avion ne serait plus supporté.
Depuis l’annonce de la catastrophe du Rio Paris, un certain nombre d’avis de plus en plus insistants, souligne qu’en haute altitude, si les températures deviennent basses, du givre puisse se déposer dans l’intérieur du tube, amoindrissant son diamètre, et, faussant la mesure de la vitesse relative, faisant franchir la vitesse de décrochement, et, occasionnant la chute de l’avion dans la mer.
Au début ces rumeurs étaient amorties par l’émotion, la quête de la boite noire et les digressions sur les causes de la catastrophe. Depuis l’origine, je me suis intéressé à cette question, et, pour qui suit l’actualité en la matière, le partage des responsabilités n’a pas été facile, entre les acteurs: Air France, Airbus, la DGAC (direction générale de l’aviation civile). Mais l’évolution semble inexorable… Déjà avant la catastrophe des quasi accidents comme celui de Chicago quelques mois auparavant (sans conséquence de vies humaines), avait incriminé ces tubes. Devant la passivité d’Airbus et d’Air France, ne voulant pas avouer cette erreur de conception, les pilotes de cette compagnie ont du passer à la grève pour imposer le changement. Les tubes (résistants au givre) ont été mis en place. Le silence assourdissant de la DGAC a laissé passer du temps, Un procès aura lieu en son temps, mais cette lenteur à réagir doit nous interpeller.
L’industrie pharmaceutique
Notre Président en a viré le directeur de l’AFSSAPS (agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) il y a quelques semaines dés le début de l’affaire «médiator». Il a commandé une étude aux professeurs Debré et Evin qui sont des autorités du monde médical et qui ne passent pas pour avoir des langues de bois. Le verdict de cette étude remise le 15/3, fait froid dans le dos et est symptomatique du «mal français». L’agence se révèle être un «machin» tournant à vide: 1.000 salariés, 110 millions de coût annuel, 6.000 experts travaillant dans des commissions plus ou moins vérolées par la présence en leur sein de laboratoires à visée commerciale, une lenteur trop grande pour se prononcer sur les retraits des médicaments, des experts dépourvus de compétence, etc. Ces professeurs précisent que sur les 1.200 molécules «princeps» formant tous les médicaments mondiaux par combinaison, il y en aurait la moitié dont l’utilité n’est pas démontrée. Les frais médicaux pour la collectivité pourraient s’économiser par milliards. Ils suggèrent aussi le nouveau profil que devrait avoir l’agence: 40 vrais experts signant de leurs mains propres les autorisations, et complètement dégagés de considération commerciales. Le scandale du «médiator» aura au moins eu cette vertu.
Les assises du médicament ont été récemment ouvertes par Xavier Bertrand «voulant se refaire une santé». Quelques sommités médicales quittent les assises déclarant que les participants sont trop nombreux pour remonter efficacement les problèmes et ont été choqués par le manque de transparence des débats. Bref, ces assises risquent de faire un flop.
Il a fallu 1 à 2 décennies pour que la communauté: malades/médecins/laboratoires de France re-connaisse que la consommation de psychotropes était la plus forte d’Europe, que les antibiotiques étaient, en partie, inutiles sur les angines (par ex-emple celles d’origine virales), et que l’emploi de génériques était trop faible. L’enquête récente de l’Assurance Maladie indique qu’une prise de con-science a eu lieu… lentement.
On sent bien dans ces deux constats tout le poids du secteur de l’industrie pharmaceutique.
D’autres secteurs
Je ne vais pas ici vous resservir la rengaine sur le nucléaire, l’agriculture intensive, la technicité en matière de TGV, etc. En ce qui concerne le nucléaire, néanmoins, l’EPR le must de la technologie française, très sécurisé, cela est vrai: quatre circuits redondants de refroidissement de l’eau, soubassement anti-sismique, testé au crash d’avion, triple enveloppe, mais trop cher jusqu’à l’épisode japonais, risque de l’être moins, au vu des conséquences d’une catastrophe. Cet outil de production d’énergie de dernière génération n’est, pourtant, lui non plus, pas exempt de défaut: leurs sondes de mesure d’eau des systèmes d’urgence présentent une incertitude de 20% là où la recommandation préconise 6%. L’Inde, avant la catastrophe était prête à en acheter deux, à la condition que leur fonctionnement et les conséquences des problèmes soient garantis par la France. Les événements récents auront une influence sur la décision finale.
La droite et la gauche sont d’accord pour que ce fleuron de l’économie française soit conservé et développé (90% du budget recherche est consacré au domaine nucléaire…), mais la gauche est pour une diminution de la part du nucléaire dans la production de l’électricité (actuellement 80%). L’électricité devrait être payée 70% plus cher si on devait intégrer les coûts de démantèlement et le coût de remise aux normes (suite à la décision de prolonger de 40 à 60 ans la vie de chaque centrale), sans intégrer les coûts potentiels (difficiles à calculer du traitement des déchets et des catastrophes qui finissent par se produire). Mais socialement, comme le train, cela est impossible pour l’Etat de faire payer le vrai prix… Bref, ces thèmes ne sont pas purs (ils ont des conséquences stratégiques, sociales, et, servent aussi de ciment dans l’inconscient national de la France, les gros partis centralistes ne seront donc jamais très éloignés l’un de l’autre, l’électeur moyen ne sera jamais devant un choix révolutionnaire ou simplement courageux).
Cantonales
Encore une fois, pauvreté dans les programmes: peu de priorité économique. Malheureusement, EH Bai ne fait pas exception à la règle.