Les élections cantonales se sont achevées. D’un point de vue global elles débouchent sur un résultat historique pour le PS puisque le département des Pyrénées Atlantiques bascule à gauche. Faut-il en attendre un grand changement? Ikus eta sinets… Les politiques départementales vont peut-être connaître une réelle évolution au niveau social, mais pour ce qui de l’appréhension de la réalité basque on ne s’attend malheureusement pas à grand-chose de la part d’un G. Labazée. Rappelons pour mémoire qu’en 2001, son groupe avait accueilli J. M. Galant, nouvellement élu conseiller général, sous les sifflets. On peut se référer aussi aux réponses qu’il a apporté à l’interpellation des partis politiques réalisée par EH BAI à l’occasion de ce second tour. Sur ce point, juste un élément, alors qu’au nom du groupe UMP Max Brisson a affirmé que «tout doit être fait» pour faciliter le processus de paix en Pays Basque et que «le gouvernement français doit bien sûr y jouer son rôle», Georges Labazée a répondu: «en campagne pour l’ensemble des territoires du Pays Basque comme du Béarn, il ne nous appartient pas d’avoir une analyse partielle sur les Pyrénées Atlantiques». Par rapport aux résultats du camp abertzale maintenant, je crois que c’est le sentiment de satisfaction qui prévaut vis-à-vis des scores d’EH BAI. Il est vrai que tous les résultats ne sont pas mirobolants, avec en particulier des scores décevants en Soule et sur les cantons bayonnais. Mais je voudrais en souligner un qui me tiens plus particulièrement à cœur, c’est évidemment celui de Daniel Olçomendy sur Iholdi qui restera marqué dans les annales locales, mais pas seulement! En effet, si l’on s’en tient au premier tour, avec 32,12% des suffrages exprimés (contre 31,8% pour J. M. Galant sur Baigorri en 2008), le jeune maire d’Ostabat réalise le meilleur score jamais obtenu par les abertzale aux cantonales ! L’ensemble de ces scores fait émerger un constat et suscite deux réflexions. Pour ce qui est du constat: en totalisant plus de 12% des suffrages, EH BAI apparaît comme étant la troisième force politique en Iparralde. Justement la «force» de ce constat réside dans la dimension collective d’EH BAI dont les couleurs ont été visibles sur la quasi totalité des cantons en lices. Si l’on prend la perspective des dernières années, en rajoutant à celle de ce dernier scrutin celle de 2008, il existe aujourd’hui un réel capital politique autour d’EH BAI qui est devenu une marque électorale aujourd’hui incontournable en Iparralde. A ce titre, pour faire un rapide panoramique des scores les plus significatifs, EH BAI représente donc 32% des voix en Iholdi; 19,7% sur Hazparne; 15,3% sur Bastida; 18,9% en Garazi, mais aussi (avec les résultats de 2008), 31,8% à Baigorri; 15% à D. Lohitzune; 22,2% sur Ezpeleta; 12,17% sur Hendaia; 19,58% sur Uztaritze… Le travail en commun entre abertzale qu’incarne EH BAI fonctionne bien, la question qui se pose est donc celle de savoir comment aller de l’avant dans cette voie et, éventuellement de passer à la vitesse supérieure? La seconde touche les cantons où, d’années en années, les scores abertzale ont du mal à progresser. Se positionnent évidemment dans cette catégorie les cantons du BAB, dans lesquels nous nous situons encore, sans aucun doute, en terre de mission. Mais à «l’autre bout» géographique et aussi sociologique du contexte urbain, on trouve,… des cantons comme ceux de Soule. Ainsi, la réalité est peut-être un peu plus complexe que celle d’un distinguo simple entre le Pays Basque intérieur rural et la partie urbaine de la côte. Car, comment se fait-il que dans un canton comme celui de Tardets, les abertzale fassent exactement le même score qu’à Bayonne-Est (7,9%)? Qu’ont donc alors en commun ces deux cantons? Le point commun réside, me semble-t-il, dans l’absence d’un travail visible et identifié jour après jour et sur le long terme comme émanant, en tant que tel, du mouvement politique abertzale. Les modalités qui permettraient de dépasser ces situations pourraient alors se trouver dans la formulation même de la première question, c’est-à-dire dans les possibilités de mettre en forme une dynamique de travail en commun des abertzale qui rende audible, à l’échelle locale et au quotidien, le projet abertzale et les réponses qu’il a à apporter aux défis du Pays Basque mais aussi aux grands enjeux de société auxquels nous sommes confrontés.