Une des problématiques majeures qui marque la rentrée politique en Iparralde est celle du découpage des intercommunalités mené à marche forcée par la préfecture. Parmi tous les zonages soumis à débat, un est plus particulièrement préoccupant: celui qui intégrerait la communauté de communes du Seignanx à l’ACBA. Les tenants de cette intégration nous diront qu’on ne parle «que» d’aménagement du territoire et qu’il est normal qu’on structure ce qui correspond déjà à un bassin de vie. Mais la vérité c’est que ce sont à peu près les mêmes qui freineraient des quatre fers si on leur proposait la structuration d’une métropole intégrée allant de Bayonne à St Sébastien. Car, par exemple, n’est-il pas vrai
que sur des dossiers d’aménagement du territoire critiques comme ceux liés aux infrastructures de communication (ports, aéroports, voies ferrées et routières), la cohérence voudrait que l’on se coordonne avec le Gipuzkoa? Mais le débat est fondamentalement ailleurs, et ce qui est en jeu consiste à remettre en cause le Pays Basque Nord comme la référence territoriale centrale des politiques d’aménagement du territoire, avec une visée éminemment politique consistant à rendre impossible dans l’avenir toute forme d’institutionnalisation d’Iparralde. Notons d’abord, qu’en poussant dans ce sens, le préfet qui représente l’Etat envoie un signal fort en sapant par la base la crédibilité de la démarche du Conseil de développement/Conseil des élus. Vue la montée en puissance programmée des intercommunalités, demain, l’aménagement du territoire n’étant plus de fait opérationnel au niveau d’Iparralde, qu’est-ce qui pourrait alors encore justifier une démarche de contractualisation (la con-vention spécifique) à cet échelon? Nous sommes en 2011, et nous touchons du doigt la précarité des protocoles qui ont été mis en place dans la foulée d’une dé-marche qui se dénommait…, Pays Basque 2010… Evidemment, le passage en force réalisé par le préfet est inadmissible tant sur le fond qu’au niveau de la méthode. Mais tout cela ne pourrait se produire sans la participation d’une certaine partie de la classe politique locale. Puisque le débat des législatives et des présidentielles françaises tend à prendre de l’ampleur, je voudrais souligner l’attitude du PS dans cette affaire. Comme on l’a constaté à l’occasion des dernières cantonales (et de ce qui se raconte au sujet des sénatoriales…), les dirigeants de ce parti sont prêts à faire miroiter je ne sais quel accord aux partis politiques abertzale pour récupérer leurs voix. Mais quand il s’agit de charcuter à la première occasion la référence territoriale du Pays Basque Nord, tous les élus municipaux PS répondent présents, même ceux de Bayonne… Il est temps que nous ouvrions les yeux! Il serait d’ailleurs temps que, tout simplement, les abertzale se réveillent et se mettent en ordre de marche, car s’il y a bien eu
un grand absent durant ce débat, c’est le mouvement abertzale lui-même. Et je ne pense pas que le problème soit seulement celui d’avoir été pris au dépourvu par un débat mené durant une période estivale peu propice aux initiatives politiques. Il est beaucoup plus profond que ça, et nous offrons dans toute cette affaire une image qui est celle d’une grande faiblesse structurelle. C’est en bonne partie du à nos divisions. Alors, avant d’aller discuter des alliances avec des partenaires politiques peu fiables, commençons par mettre de l’ordre en interne. Si nous voulons repasser à l’offensive, il est nécessaire d’entamer un travail de remise en ordre de bataille du mouvement abertzale. Pour cela, nous devons dépasser nos divisions, rassembler nos forces et entamer sans plus attendre une réflexion de fond sur
les stratégies à mettre en œuvre, et les propositions politiques autour desquelles nous entendons faire du projet abertzale un projet effectivement incontournable en Iparralde dans les années à venir.