Comme c’est souvent le cas, l’actualité estivale nous offre un avant-goût de ce que sera la rentrée politique. Ainsi, au cœur de l’été trois actualités ont retenu mon attention. Ces dernières semaines, bien évidemment, celle concernant d’abord le cas de Iosu Uribetxebarria. Une grosse bataille est ouverte aujourd’hui sur la question des preso. Nous devons mettre fin aux mesures d’exception dont ils pâtissent, et ensuite les ramener dans nos foyers. Cette lutte requiert la mobilisation massive de tous, avec d’ores et déjà un rendez-vous fixé avec la manifestation du 13 octobre prochain à Bayonne. La seconde actualité est relative aux débats sur le devenir institutionnel d’Iparralde. Les travaux du Conseil des Elus ont continué durant le mois de juillet. Reste à savoir maintenant quelle sera la mouture concrète de la proposition qui va se dessiner au début de l’automne. Enfin, la troisième actualité est liée à la crise économique, avec la mise sous pression de l’Espagne et de l’Italie cet été. Plus que jamais, ces deux Etats représentent les deux maillons faibles par lesquels l’euro pourrait voler en éclat. Soyons conscients qu’une bonne partie de la problématique des nations sans Etats se jouent à ce niveau là. Le schéma libéral a crée des déséquilibres qui mettent en péril les soubassements même du projet européen. Ainsi, derrière la crise des dettes publiques se cache la réalité d’une Europe à deux vitesses. D’un côté, l’Europe du nord, avec en tête l’Allemagne qui a bénéficié d’une zone de change unique pour renforcer sa position industrielle. Et de l’autre, l’Europe du Sud qui a subit un processus de désindustrialisation et de tertiairisation de l’économie. Le dogme libéral avait établi que le marché et la monnaie uniques conduiraient à la convergence des différentes économies, c’est tout le contraire qui s’est produit ! Le projet européen est donc à la croisée des chemins. Soit le carcan libéral est relâché, et on avance vers des modalités plus fortes de mutualisation et de coopération, et donc en direction d’un modèle européen plus fédéral, et… social. Soit, on s’accroche au dogme libéral, et la dégénérescence de la crise économique pourrait entraîner l’éclatement de la zone euro. Je ne suis pas pour l’euro tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Mais l’éventualité d’un éclatement de la zone euro me préoccupe. Elle aurait, me semble-t-il, des conséquences politiques assez néfastes : notamment, une montée des nationalismes en Europe et la mise à mal pour longtemps, de l’idée d’une coopération entre nations européennes. Par ailleurs, dans ce scénario là, je crois qu’il sera difficile de faire avancer en Europe l’idée des droits de nos nations sans Etat… Car dans le contexte actuel déjà, la problématique des identités nationales se retrouve dans une configuration très délicate. En effet, l’interprétation qui risque de dominer en Europe autour de cas comme ceux du Pays Basque, de la Catalogne, de la Flandre, ou pour certains de la Padanie en Italie, c’est que des régions « riches » et dynamiques au niveau économique jouent la carte du séparatisme, en refusant d’être « solidaires » avec les autres. Alors, quels enseignements tirer de ce panorama ? Une nouvelle séquence de l’histoire est en marche, et les abertzale non plus ne peuvent se contenter de leur « cocon » idéologique. Nous devons faire l’effort de comprendre les tenants et aboutissants de la grave crise économique et sociale qui est en train de se dérouler sous nos yeux. Et plus que jamais nous devons être acteurs de cette conjoncture. Cela veut dire être capables d’apporter notre pierre à l’édifice de la conception d’un nouveau projet sociétal et de la mise en œuvre de pratiques alternatives au système actuel. Cela signifie aussi, participer de plein pied aux mouvements et aux luttes sociales qui sont les seuls garants d’un débouché positif de la crise actuelle. Si l’été a été chaud, je pense que la rentrée politique sera torride !