A qui sont les sous du BDE ? (15 millions d’euros)

IL s’est passé, dernièrement,
un événement qui a pu passer
relativement inaperçu,
pour des personnes relativement
éloignées de l’actualité économique
départementale. Je vais
évoquer ici quelques décisions et
prises de position liées au BDE
(Bureau de développement économique).

Un peu d’histoire : dans les années
70, du temps de la SNPA à
Lacq, en prévision de la baisse
inéluctable de la ressource (position
très sage), une cagnotte
avait été créée à l’initiative de M
Inchauspé (quelques centimes de
franc par m3 de gaz tiré du bassin
de Lacq), et, pour la gestion des
sommes dégagées avaient été
instituées une structure, le BDE
Adour, et une société financière,
la Sebadour. Le but de ces institutions était
louable: le développement économique,
la zone d’activité touchait
principalement le 64, et donc aussi
Iparralde, mais aussi le 65.

Une zone d’ombre : pour ceux
qui s’en souviennent, les premiers
temps d’Herrikoa, et lors de
la 2e ou 3e augmentation de capital,
c’est la Sebadour qui avait
porté plainte à la COB (Commission
des opérations boursières),
poussée sans doute par quelques
politiques bien intentionnés du
Conseil général de Pau, où nous
n’avions à l’époque pas beaucoup
d’amis concernés par la partie
basque du 64. Un procès à Paris,
bien défendu: autobus, leveur de
pierre, curé de choc, chants, distribution
de gâteaux basques,
près de la Bourse et bénévoles,
avait donné raison à Herrikoa…
Un technicien retraité de la CCI
m’a récemment confié qu’au
cours des comités de la Sebadour,
il avait entendu de la
bouche de son président de
l’époque, des propos forts peu aimables
à l’encontre de Herrikoa…

Des réussites : par la suite, la
Sebadour avait pactisé avec le
«diable», et les relations économiques
normales s’étaient stabilisées
(travail en concertation des
permanents, financements communs,
etc.). L’impact pour Iparralde
avait donc été globalement
positif.

Une fin : Total rachetait Elf, et fin
2003, se dégageait des obligations
contractuelles de mécanisme
de ponction. En 2005, le BDE
exigeait de Sebadour qu’il rende
les sommes confiées, le contentieux
créé arrivait à son terme en
2008, avec la remise des fameux
15 millions d’euros au BDE. Sebadour
rejoignait une structure
régionale d’Aquitaine, pour perdre
sa spécificité du 64. Le BDE restait
avec sa cagnotte de 15 millions
d’euros, et, de 44 membres
gestionnaires au départ, pour
cause de cotisation annuelle non
réglée, il en restait 8: les conseils
généraux 64 et 65, les 3 CCI:
Bayonne, Pau et Tarbes, et la
chambre d’agriculture.

Une motivation de la CCI de
Bayonne: depuis déjà plusieurs
années, la CCI de Bayonne souhaite
peser sur la destination
d’une partie de ces fonds à
l’avantage de ses ressortissants.
Elle argumente que les décisions
ou orientations seront plus rationnelles
si elles sont motivées par
des analyses économiques plutôt
que des calculs politiques.

Un soutien des élus «Lantegiak
» du bureau de la CCI: cette
motivation de la CCI était soutenue
par Lantegiak qui poussait à
une prise de contrôle d’une partie
de ces fonds, considérée comme
utile pour le renforcement des
fonds propres des entreprises
d’Iparralde, et, pourquoi pas, y
compris en vue de collaboration
plus renforcée avec Herrikoa
Des alliés qui se dérobent: la
CCI de Bayonne a essayé de récupérer
la présidence du BDE.
Puis, au cours d’une séance de
travail en marge du vote, à défaut,
elle a proposé de reconduire
pour un an, M. Mirande, ancien
président, au vu des réticences et
des candidats nouvellement déclarés.

Des anciens alliés (président
de la CCI de Pau, le
président de la chambre d’agriculture
de Pau, Maire de Tarbes) ont
malheureusement poussé au vote
immédiat (une coalition avait
sans doute été montée auparavant),
en choisissant, contre nature
le Maire de Tarbes (expert
comptable d’un cabinet très important
de 150 collaborateurs, et
élu UMP), en tant que président
du BDE.

Des incohérences : des fonds levés
par les richesses souterraines
du 64 semblent être mieux
gérés par un maire du département
65 (sans préjuger de sa
compétence). Le président de la
chambre d’agriculture du 64
semble préférer la gestion par un
maire du département 65 (au détriment
de ses ressortissants?).
Les accords politiques UMP MODEM
PS se feraient-ils dans le
dos des acteurs économiques?
Bref, même si ce combat paraît
futile et très marginal, il est symptomatique
d’une certaine guerre
de tranchée politicienne dont les
contours sont peu avouables. Il
n’est pas admissible, non plus,
que tout se passe comme si l’administration
du Pays Basque pouvait
se faire partout sauf en Pays
Basque ou avec ses acteurs. Tout
n’est pas heureusement perdu
(for l’honneur comme disait
l’autre), et espérons que les jeux
politiques de bas étage n’entameront
pas le destin économique
des gens et des espoirs d’ici.

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