« D’une simple existence sentimentale, au cadre juridique et administratif »

ENBATAk 60 urte - Le Pays Basque nord n'a plus aujourd'hui, « une simple existence sentimentale », et c'est sans aucun doute grâce au travail acharné des abertzale sur le terrain politique. Un travail nourri et renforcé par tous les combats engagés sur de nombreux terrains.
C'est le Enbata n°510, du 1er juin 1978 qui parlait de ce simple « sentiment » : « Encore faut-il commencer par le commencement, c'est à dire donner à ce pays, dont la personnalité est si forte qu'on en oublie qu'il n'a qu'une simple existence sentimentale, un cadre juridique et administratif », dans un éditorial non signé mais qu'on peut attribuer, je pense, à Jakes Abeberri. (...)

Prime à la stabilité

Étrange scrutin que celui de ce dimanche où les électeurs étaient invités à fuir tout contact physique, à se laver les mains, à tenir leurs distances... bien loin de la bonhomie habituelle, des bises et des poignées de main qui rythment les élections municipales dans les villes et les villages du Pays Basque, et qui cachent aussi les crispations. La gestion hésitante de la crise du coronavirus par le gouvernement a installé une ambiance anxiogène et dérouté plus d'un électeur. Dès lors, bien malin celui qui pourrait séparer, dans les intentions de vote ; les peurs irrationnelles de la sanction d'une équipe municipale ou les encouragements vers un camp.
A Biarritz, Urrugne, Hasparren, St Pée, Saint Palais, Biriatou, les sortants sont battus ou bien mal en point. On peut y voir un vent de dégagisme, mais cette première impression n'est pas confirmée dans d'autres villes. Anglet, Bayonne, St Jean Pied-de-Port, Hendaye confirment leur maire ou les équipes sortantes. Une lecture un peu plus fine laisse voir que les tendances ces élections européennes de 2019 se confirment : les écologistes alliés aux abertzale progressent. (...)

Fourches caudines

En 321, l’armée romaine perd une bataille près de Capoue, sur le site des Fourches Caudines. Une armée entière est encerclée, contrainte à capituler sans conditions.
Les consuls, les chevaliers, puis la troupe, doit passer sous le joug, s’incliner devant les ennemis Samnites. Beaucoup plus que le désastre militaire, ce qu’en retient l’histoire, et l’expression passée dans la langue française, c’est l’humiliation et la honte de tout un peuple.

Victoires et modesties

C’était hier, mais il semble déjà très loin, le temps où un élu s’imposait en patron, jaun eta jabe, dans les plus importantes communes du Pays Basque. Certaines victoires, à Bayonne, à Biarritz, sont acquises sur des marges très faibles, plus confortables ailleurs comme à Anglet ou Hendaye, mais partout les listes majoritaires ont affiché un profil bas.
Mais le véritable virage pour les abertzale, est ce rapprochement sur la pointe des pieds, vers les socialistes. Partiel, imparfait, fragile, mais global. C’est juste un début qui esquisse un nouvel équilibre politique. Premier changement donc, des abertzale aux affaires, en tant qu’abertzale, à la tête de groupes pluriels à gérer, ou membres essentiels de tels groupes. Deuxième nouveauté, il n’y a plus d’alliance avec la droite et le centre, si on laisse de côté le merle blanc biarrot.

Un nouveau début

Le résultat du premier tour des élections offre peu de certitudes et beaucoup d’opportunités.Certitude, d’abord le recul de la gauche, ou plutôt du PS et de ses alliés.Autre certitude, le recul des références «nationales» pour ces élections locales.
A Ustaritz, Urrugne, Arbonne, à Baigorri, ou à Ayherre, le «mouvement abertzale» n’est plus seulement la principale force d’opposition, mais il est en passe d’opérer le basculement et de faire partie, pour l’électeur, de ceux qui peuvent gérer une municipalité.

Qu’est-ce qu’être abertzale aujourd’hui ?

Bixente VRIGNON - "Le mot abertzale : honteux, ou glorifié, il ne laisse pas indifférent, et interroge chacun des abertzale sur sa place en politique et celle de l’abertzalisme dans le monde."
Alors pour expliquer à celui qui demande «comment peut-on être abertzale ?» chaque abertzale fait son Montesquieu et parle de l’agriculture, de l’installation des jeunes, de la langue, des ikastola, de la guerre civile, etc.