Lettre à un jeune abertzale 1-2

Gazteri abertzalea martxan
Gazteri abertzalea martxan

Manu Robles-Arangiz fundazioa et Eusko Ikaskuntza ont organisé une journée au Musée Basque de Bayonne à l’occasion des 50 ans du journal Enbata. Lors de la table ronde qui a terminé cette rencontre, autour de Patxi Noblia, Jean-Louis Davant, Jakes Abeberry et Christiane Etchalus, la question d’un jeune abertzale est restée quelque peu sans réponse. Ellande Duny-Pétré tente aujourd’hui de lui répondre. Partie 1-2.

NOUS étions ensemble le 20 juillet dernier au Musée Basque pour la journée des 50 années d’Enbata. Tu as demandé aux «vieux» militants d’Enbata présents dans la salle: «Avec l’expérience que vous avez, quels conseils pourriez-vous donner à un jeune abertzale d’aujourd’hui?». Finalement, tu n’as pas obtenu de réponse très complète. Les uns et les autres se sont un peu dérobés, ils hésitaient à conseiller quelqu’un. Effectivement, l’exercice est difficile, au nom de quoi une femme ou un homme, du haut de leur parcours de 50 ou 60 ans de militantisme, conseilleraient-ils? Chacun sait que les conseils ne servent pas à grand chose, que même les anciens ne suivent pas eux-mêmes la voix (ou la voie) de la sagesse qu’une longue pratique pourrait leur faire entendre ou emprunter. Moi-même qui ne suis qu’un militant parmi d’autres, à quel titre, au nom de quoi puis-je te répondre?

Mais ta question m’a touché, je me suis souvenu combien à 18 ans j’avais soif de culture politique, combien je voulais savoir ce qu’avaient accompli les précédentes générations d’abertzale. Je vais donc essayer de te répondre le mieux possible, souvent à partir de ce que m’ont dit quelques grands militants basques que j’ai eu la chance de rencontrer.

Guerres tribales

Premier conseil: je pense tout d’abord à une phrase de l’historien Eugène Goyheneche, militant exceptionnel, un des premiers abertzale d’Iparralde, qui a traversé une des périodes les plus noires du Pays Basque, celle de la défaite de 1937, de la guerre civile issue du coup d’Etat du général Franco. Eugène Goyheneche disait: ne retombons pas dans nos vieilles luttes tribales, aujourd’hui comme hier, elles seront fatales au combat pour l’émancipation de notre patrie. Depuis des siècles, la division entre Basques et entre abertzale est le premier travers qui nous mine, le premier obstacle. Facile à dire, mais pas facile à mettre en œuvre, d’autant que nos adversaires le savent. Une de leurs armes majeures est celle du ferment de la division. Si un jour tu vas au Musée historique de Gernika, tu liras l’histoire de cette division, ses effets dévastateurs. Peut-être aussi pourrais-tu aller rencontrer le descendant navarrais de la dorretxe Jauregia à Irurita dans le Baztan. A travers l’histoire de sa famille vieille de sept siècles, il te racontera comment les monarques espagnols, après nous avoir vaincus militairement, nous ont divisés, nous ont achetés par des moyens institutionnels et économiques,et comment beaucoup d’entre nous sont tombés dans ce piège.

Le deuxième conseil, je le tiens de Jakes Abeberry, que tu as rencontré le 20 juillet et dont tu connais les qualités «d’animal politique». Il dit ceci: en politique, non seulement il faut être déterminé, mais il faut avoir le souffle long. Il convient d’abord de durer. Son parcours est là pour témoigner que la durée d’un engagement compte beaucoup pour porter quelques fruits. La durée signifie qu’il ne s’agit pas d’un sprint, mais bien d’une course de fond. Militer à 20 ans, compte autant que militer à 70. A tout âge, chacun apporte le mieux qu’il peut sa pierre à la cause commune. Cela suppose qu’il ne faut pas s’épuiser, se fixer des objectifs trop ambitieux ou trop lourds à porter et sur lesquels on va vite «s’écoeurer». Chacun doit trouver son rythme et s’y tenir, les autres membres du groupe doivent le respecter. J’y reviendrai un peu plus loin.

Construire Euskal Herria

Le troisième conseil, je le tiens de Claude Harlouchet, homme lui aussi remarquable, trop tôt emporté par la maladie. Il disait ceci au début des années 80: il faut libérer le Pays Basque de ses chaînes… Mais il faut d’abord le construire. C’est en le construisant que nous allons le libérer. Tu le sais, le chantier est immense, de la politique à la culture en passant par l’économie. Tu as le choix. Beaucoup a été déjà réalisé, encore plus reste encore à faire, à inventer. Nous voici dans le «Guhaurek eginen dugu», le «Do it yourself» dont j’ai un peu parlé dans mon intervention du 20 juillet. «Lehenik, egin behar da», l’abbé Lafitte disait aussi quelque chose de semblable sur la nécessité de se mettre au boulot à sa table de travail, élément déterminant pour que notre pays avance. En Pays Basque, au Nord comme au Sud, nous sommes des laborieux, nous avons cette chance, du coup les abertzale ont aussi la «culture du faire». Je me souviens de la déclaration du leader corse, futur parlementaire européen, François Alfonsi, béat d’admiration devant le bâtiment de Xalbador Ikastegia: «J’échangerai bien mes pistoleros du maquis corse contre quelques maçons et autres fabricants de talo du Pays Basque!» Il savait de quoi il parlait.

Le quatrième conseil, c’est Michel Berhocoirigoin que tu connais aussi et qui nous dit: il vaut mieux faire deux pas ensemble à mille personnes, plutôt que dix à seulement cinquante. Les avant-gardes, c’est très important, les abertzale en sont une et relativement éclairée, en toute modestie. Un sociologue a dit qu’une société avançait grâce à ses marges. Mais attention à la marginalisation. Et une société n’avance pas par décret. Il nous faut donc faire preuve de patience et surtout de pédagogie. L’avant-garde qui a raison trop tôt, et qui est totalement coupée de la base, du peuple ou des masses —comme on voudra les appeler— est inefficace. Elle ne fait pas vraiment avancer les choses comme elle pourrait le faire, parfois elle fait même le jeu de l’adversaire en devenant son allié objectif. L’affaire est toutefois compliquée, le tempo difficile à négocier, à trouver. Ne pas se perdre son âme avec des concessions irréversibles, rester ferme sur ses objectifs fondamentaux, maintenir la cohérence de son propre courant: les gauches européennes font régulièrement cette dure expérience qui finit assez mal (1).

Les tripes et le cerveau

Le cinquième conseil, Txetx que tu connais aussi, en est l’auteur. Il a dit un jour: s’engager pour le Pays Basque, on le fait à fond, avec toutes ses tripes, on les met sur la table. Mais pour gagner, les tripes ne suffisent pas. Il faut d’abord faire marcher son cerveau. C’est grâce à son intelligence que le petit David parvient à vaincre Goliath, qu’Ulysse le rusé échappe au cyclope Polyphème. L’histoire est vieille comme le monde. Cela suppose le souci de bien réfléchir avant d’agir, le rapport de force étant la plupart du temps en notre défaveur. Nos adversaires utiliseront tous nos faux pas, et nous ferons de même. Il conviendra de bien connaître les logiques d’action et les intérêts du camp d’en face pour anticiper sa façon de réagir. Les scénarios de notre action seront collectivement bien définis et souples. Comme au jeu des échecs, celui qui a plusieurs coups d’avance dans la tête a davantage de chances de gagner. Chaque coup reçu suppose que nous restructurerons rapidement notre système d’attaque et de défense. Facile à dire, plus difficile à mettre en oeuvre. Tout cela implique le souci de se former, d’aller voir ce qui se passe ailleurs, la capacité de travailler en équipe.

La suite vient plutôt de mon propre parcours. Pour être un militant efficace dans son engagement abertzale, il faut choisir la bonne locomotive, c’est-à-dire un bon leader, dans le bon mouvement ou la bonne association. L’action politique ou l’action collective quelle qu’elle soit, suppose que quelqu’un la dirige. Pour cela, il faut y voir clair dans des situations souvent confuses et complexes, avoir des capacités de synthèse pour entrainer un groupe, proposer de prendre la décision qui s’avèrera la bonne quelque temps plus tard. Ceux qui te diront le contraire, soit te mentent, soit te mènent en bateau. Un général sans armée n’est plus rien, un leader sans troupe, c’est fini. Mais une troupe sans leader, cela ne vaut pas mieux. Si un leader est bon, il sait bien s’entourer, attirer et conserver les militants nécessaires à son action collective. Il te revient de choisir le meilleur, dans le domaine ou la sensibilité qui sont les tiens. Ceux qui brillent le plus ne sont pas forcément les plus parfaits. Certains ont un sixième sens, un «pif terrible» comme on dit. C’est une de leurs qualités majeures. J’ai connu des hommes hyper diplômés, très brillants sur le papier, ils avaient tout lu… et c’était des nains politiques qui «se plantaient» régulièrement. Tu peux les soumettre à la période d’essai. Le bon leader se jauge à son parcours, à son entourage, mais surtout à sa capacité à surmonter les épreuves et les échecs. Pour ma part, à moment donné, j’ai choisi Claude Harlouchet et Jakes Abeberry. Servir un leader est parfois ingrat, tu restes dans son ombre, mais tu apprends beaucoup et tu vivras des moments exceptionnels. Parfois le leader est «chiant», il faut savoir le supporter. Comme tous les hommes, il a d’immenses qualités et des défauts, souvent les défauts de ses qualités, cela marche ensemble. Jakes Abeberry dit ceci: «Aux yeux de son valet de chambre, on n’est jamais un grand homme!» Tu découvriras peu à peu les faiblesses, les travers de ton leader. Dans un pays aussi réduit que le nôtre, les leaders sont si rares que tout abertzale se doit de les seconder: regarde le drame que fut la disparition de Jean-Marie Tjibaou et de Yeiwéné Yeiwéné, le mouvement kanake ne s’en est pas encore remis. Avec le groupe qui entoure le leader, attention à ne pas tomber dans une spirale négative qui aboutit au meurtre du leader, surtout s’il est jeune. J’ai connu des groupes qui sont devenus des machines à couper les têtes, à faire passer un leader en formation, à la trappe. Cela dit, cela fait partie aussi des systèmes de sélection que les groupes mettent en place pour tester les leaders, les aguerrir pour les futurs combats, face à nos vrais adversaires.

Euskadik behar zaitu

Euskadik-behatr-zaitu-2Se former. Nous voici au septième conseil. Pour apporter quelque chose au Pays Basque, il faut évidemment que tu te formes, que tu te cultives. Déjà en 1959, l’écrivain Manex Erdozaintzi-Etxart présentait cela comme une «exigence» pour les jeunes Basques. Dans les sociétés riches et développées où nous avons la chance de vivre, l’accès à la formation, à la culture, à l’information, est plus facile que sur le reste de la planète. C’est une immense opportunité, il faut en profiter. Dans certaines luttes de libération nationale, l’absence de formation et le décalage culturel par rapport au niveau de compétence de l’adversaire, fut un handicap énorme. Ce qui fait la force d’Israël face à ses adversaires, c’est que les juifs ont le niveau de formation le plus élevé du monde, plus de 120 cadres pour mille habitants. Sur ce chapitre, comme toujours, il faut faire le bon choix et ce n’est pas simple. D’abord choisir une voie qui te plaise et corresponde à tes motivations et à tes talents. Ensuite, quelle que soit l’orientation choisie, parvenir au meilleur niveau possible. Ne pas hésiter à aller provisoirement à l’autre bout du monde s’il le faut. Mais là, pas d’histoire, tu ne nous fais pas le coup de l’exilé génial qui fait une carrière professionnelle aussi passionnante qu’exceptionnelle, à mille lieues du Pays Basque et ne revient au pays natal qu’au moment de sa retraite (2). Sinon, je me fâche tout rouge. Quand je pense à tous ces types qui s’installent ici pour le surf, le fun, la mer et la montagne, ils viennent de «tomber amoureux du Pays Basque, entre Biarritz et Sansé» comme ils disent. Et toi, tu vas nous nous dire que tu ne trouves pas un boulot dans ton pays, correspondant à tes goûts ou à tes compétences? Sache que pour le travail comme pour l’action politique, sa place il faut la trouver et souvent la conquérir soi-même. «Euskadik behar zaitu», disait un autocollant dans les années 70. Le slogan et le dessin, largement inspiré d’une célèbre affiche de l’armée américaine qui recrutait pour le Débarquement de juin 1944, est encore d’actualité. Nos adversaires vident la périphérie de ses cerveaux et attirent nos «élites» à Paris ou à Madrid. Des siècles de centralisme le prouvent. Les pays du Tiers monde dominés par les pays riches, l’Afrique en particulier, payent un lourd tribut en ce domaine. Quasiment comme la traite des esclaves, mais sélective celle-là. Le deuxième écueil que tu éviteras, c’est qu’une fois au Pays Basque, tu pratiques un travail tellement absorbant qu’il ne te laisse pas une minute par jour pour militer en faveur de ton pays.

Suite de l’article : www.enbata.info/articles/lettre-a-un-jeune-abertzale-2-2

(1)   Le livre de l’avocat Antoine Comte: La défaite, la gauche, la raison d’Etat et le citoyen, Austral éditeur, 1995, 234 p. est très éclairant à ce sujet.

(2)   Pour illustrer cela, voici une anecdote : mon père qui m’emmena à l’âge de 10 ans à l’Aberri Eguna de 1963 à Itxassou, était commissaire de police, un «fonctionnaire d’autorité». Son administration du ministère de l’Intérieur l’a baladé durant toute sa carrière, dans huit ou dix villes de l’Hexagone. Nous n’avons jamais vécu en Pays Basque. Il me racontait l’histoire suivante, celle d’un de ses collègues, le commissaire Jacques Espel, originaire de l’Ariège. Un jour, Espel entra dans son bureau et éclata en sanglots. Un commissaire de police en larmes, ce n’est pas banal. Il dit à mon père: «Vous avez une chance inouïe Duny-Pétré, vous avez épousé une basquaise d’Iholdy… Moi je suis né dans un village près de Niaux, au cœur de la montagne ariégeoise, je parle la langue d’Oc. Quand j’étais en poste à Metz, j’ai épousé une Lorraine. C’est affreux, pour couper la poire en deux et avoir la paix, nous avons dû construire notre maison à mi-chemin, au sud de Lyon. C’est là que je vais passer ma retraite et que je vais crever». Voilà comment on crée le melting-pot à la française. Cela procède d’une claire volonté politique, jamais dite, jamais officielle, constamment appliquée. L’adversaire agit et s’avance toujours masqué. Il met en avant de beaux discours généreux et irréprochables idéologiquement, pour mieux camoufler ses pratiques.

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